300 personnes présentes dans la salle Jean Jaurès, siège de la CGT. Crédits : Lucas Arlet 

De nombreux syndicats du milieu culturel toulousain se sont réunis mardi 18 février pour protester contre la baisse du budget dans la culture lors d’une assemblée générale organisée par le syndicat français des artistes interprètes (SFAI) et la CGT spectacle. Un moyen pour eux d’évoquer l’avenir du secteur culturel français tout en rappelant l’importance de se mobiliser. 

18 heures, salle Jean Jaurès, au siège de l’antenne toulousaine de la CGT, dans une ambiance conviviale et de retrouvailles, les chaises viennent rapidement à manquer. Plus de 300 personnes ont fait le déplacement pour assister à l’assemblée générale organisée par le syndicat français des artistes interprètes (SFAI) et la CGT spectacle.  Elle intervient dans le cadre de « Debout pour la culture », un mouvement de contestation lancé en janvier dernier pour soutenir le secteur culturel à la suite de l’adoption du projet de loi de finance. Le budget alloué à la culture y est réduit de 50 millions d’euros par rapport à 2024. Peintres, comédiens, graphistes… Tous étaient réunis pour représenter leur syndicat. 

Une forte inquiétude 

Dans les locaux de la CGT, les rires et une ambiance bon enfant ne cachent pas une certaine inquiétude. Tout au long de l’assemblée, les prises de parole, ponctuées par de vifs applaudissements, transmettent un sentiment de désarroi. « On a peur de l’impact dans nos vies personnelles, on va être encore plus précarisé en tant qu’artistes, c’est une continuité depuis plusieurs années et c’est fatiguant » témoigne Clémence, graphiste et dessinatrice toulousaine. L’incertitude et une peur de la déprogrammation pèsent sur les acteurs du monde culturel.  

Les représentants syndicaux reviennent également sur la diminution de l’aide unique à l’embauche pour les contrats à durée déterminée ou indéterminée (FONPEPS), un soutien financier qui permet de soutenir économiquement des acteurs du monde culturel, souvent précaires. Et aucun secteur culturel n’échappe à cette détresse. « Les bibliothèques sont également touchées, cela concerne tout l’écosystème de la culture. » déclare un employé de bibliothèque. Un membre du syndicat national des écoles d’art et de design (SNEAD) rappelle qu’il y a certes une attaque sur les lieux de diffusion mais également sur les lieux de formation de la culture. Cette idée est confirmée et soutenue par une élève du conservatoire de Toulouse : « On n’a pas de locaux stables, des professeurs perdent leur travail » dénonce-t-elle. 

Lire aussi : Pass culture collectif gelé : quels effets sur les établissements scolaires et culturels ?

Au niveau de la région Occitanie, cette baisse budgétaire reste tout de même modérée. Le budget est de 70,5 millions d’euros pour 2025 alors qu’il était de 71 millions l’année dernière. Ce sont surtout les subventions qui vont être impactées et qui vont diminuer de 5 à 15%, comme annoncé par Carole Delga lors d’une Assemblée plénière jeudi 13 février. Ces coupes budgétaires impactent surtout les grosses structures et centres culturels, qui accueillent et font travailler les artistes indépendants. « Les acteurs du milieu culturel vont avoir moins de budget et donc moins faire appel à des graphistes et dessinateurs. Cela va entraîner moins d’expositions et va donc nous impacter » déplore Anne, graphiste indépendante toulousaine.  

S’unir face à l’austérité

La volonté de se rassembler se lit sur les lèvres de tous les participants. Une envie de créer un contre-pouvoir face à une politique qu’ils considèrent « agressive », et une baisse du budget qui est perçue comme une attaque. « Nous devons aller au-delà de nos rivalités pour avancer ensemble, avoir un horizon commun » affirme avec enthousiasme Dominique, membre du syndicat des artistes interprètes. Cette envie est rappelée par Michel, syndiqué au SAMIC, un des syndicats de la ​​fédération autonome de la culture : « Il y a moyen de faire quelque chose si on est uni, malgré les différences qu’il peut y avoir dans nos secteurs ». Travailler ensemble semble être le mot d’ordre. 

« On voit que l’on n’est pas seul » – Clémence, graphiste et dessinatrice toulousaine (exergue) 

Le rassemblement crée une sentiment d’écoute et d’entraide chez les artistes mobilisés : « On n’a pas beaucoup d’espaces et de temps pour se réunir. La lutte pour le statut d’artiste est fragilisée par le fait que l’on a tous des pratiques très solitaires et ce n’est donc pas évident de se retrouver et de faire collectif, » confie Clémence. « Ça fait du bien, il y a l’aspect fédérateur, on voit que l’on n’est pas seul » ajoute-t-elle. 

L’envie d’une mobilisation à l’échelle nationale émerge au cours de la réunion, comme une manière de faire entendre leur voix pour aider les régions les plus touchées. Là est tout le but de l’assemblée : se rencontrer et échanger pour apercevoir un avenir commun. Une nouvelle assemblée générale est prévue mardi 25 février pour discuter de nouveaux modes d’actions collectives. Un moyen de montrer qu’ils ne se laissent pas abattre.