Elon Musk, le patron de X. Crédit : FMT, « Twitter has lost 80% of its workforce under Musk », 21 janvier 2023 (https://www.freemalaysiatoday.com/category/business/2023/01/21/twitter-has-lost-80-of-its-workforce-under-musk/)

À l’occasion de la cérémonie d’investiture de Donald Trump lundi 20 janvier, le SNES-FSU (Syndicat National des Enseignements de Second degré) de Toulouse a quitté le réseau social X (Twitter). Un choix déjà pris par l’IEP (Institut d’Études politiques) toulousain en septembre dernier. 

Après l’Université Aix Marseille, Rennes 2, Centrale Nantes ou encore Polytechnique, c’est au tour du SNES-FSU de Toulouse de suspendre son activité sur X. Une décision partagée par plus de quarante universités et écoles à travers la France, selon Le Nouvel Obs« X est devenu un espace marqué par la violence, la toxicité, la désinformation entre les mains de soutiens affichés des extrêmes-droites partout dans le monde. » s’est justifié le syndicat le 19 janvier dans un communiqué publié sur son site internet. 

« On combat les valeurs de l’extrême-droite » 

« On a choisi la date du 20 janvier car c’est le jour de l’accession au pouvoir de Donald Trump à la présidence des États-Unis, et qu’un de ses ministres est le propriétaire du réseau. » explique Pierre Priouret. Le secrétaire académique du SNES-FSU Toulouse affirme que le syndicat « ne souhaite pas cautionner les prises de positions personnelles d’Elon Musk et la propagande qu’il diffuse sur son réseau. » Depuis quelques temps, le milliardaire s’est illustré par son soutien au trumpisme et ses discours en faveur de l’extrême droite européenne. Jeudi 9 janvier, il appelait à voter pour le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), lors d’un entretien avec sa dirigeante, Alice Weidel. « On a des actes d’ingérence, avec ce qui s’est passé en Allemagne, et sur des décisions gouvernementales européennes » rappelle Pierre Priouret. Avant d’ajouter qu’au SNES-FSU, « on combat les valeurs de l’extrême droite. » 

Le 12 septembre 2024, l’IEP de Toulouse avait pris les devants en décidant de supprimer son compte X, après l’annonce du réseau de quitter le Code européen des bonnes pratiques contre la désinformation. « X a commencé à désactiver la possibilité de blocage par l’utilisateur qui permettait de modérer efficacement les propos visibles, de personnaliser son expérience et de lutter contre le cyberharcèlement », souligne Éric Darras, le directeur de l’IEP. « Les réseaux sociaux électroniques jouent un rôle démocratique de tout premier ordre lorsque et tant qu’ils respectent certaines limites tout aussi démocratiques : protection de l’enfance et de l’adolescence, respect la vie privée, lutte contre les diffamations, incitations à la haine… » Autant de limites auxquelles Elon Musk ne semble plus vouloir se soumettre. Récemment nommé à la tête d’un ministère de « l’efficacité gouvernementale » par le 47e président des États-Unis, il est allé jusqu’à exécuter un geste qui s’apparente à un salut fasciste, lors de son discours au soir de la cérémonie d’investiture de Donald Trump. 

Favoriser d’autres plateformes  

Si la majorité des institutions scolaires toulousaines n’a pas quitté X, l’IEP et le syndicat du second degré de Toulouse ont fait le choix d’un cap clair. Une décision qui n’est pas sans conséquences pour le SNES-FSU. « C’était un outil de diffusion de nos positions, de mobilisation, et de relais de la parole des collègues », indique Pierre Priouret. « Mais il faut savoir prendre ses responsabilités. On a des orientations qui sont en désaccord très profond avec tout ce que véhicule Elon Musk. » poursuit-il. De son côté, Sciences Po Toulouse ne semble rencontrer « aucune difficulté à continuer à exister sur internet car nous avons réagi à temps, note son directeur, pour qui les réseaux sociaux doivent demeurer substituables et interchangeables. Car il faut prendre garde aux situations de monopole. » 

Pour pallier son absence sur la plateforme, le SNES-FSU invite ses abonné.es à le rejoindre sur Bluesky et Mastodon. La migration vers ces alternatives à X a été facilitée par la création de la plateforme HelloQuitteX. Créée par une équipe de développeurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), elle permet le transfert rapide et gratuit de toutes les données d’un compte X vers Bluesky et Mastodon. A Sciences Po Toulouse, une « réflexion pour rejoindre un équivalent à X, tels que Threads ou Bluesky, est menée par notre service communication » assure Éric Darras. 

Elon Musk n’est pas le seul milliardaire à afficher son soutien à Donald Trump. Jeff Bezos et Mark Zuckerberg étaient également présents derrière le nouveau président états-unien lors de son investiture. Le patron de Facebook, Instagram et WhatsApp a récemment fait parler de lui en annonçant le 7 janvier mettre fin à ses partenariats de vérification des informations sur ses réseaux sociaux aux États-Unis. Une prise de position qui questionne la présence du SNES-FSU sur Facebook. « Si on constate les mêmes problèmes que sur X, on prendra probablement les mêmes décisions. » soutient son secrétaire académique.