Rassemblement de manifestants contre l’A69 à Toulouse le 18 février. Crédits : Tiphaine de Saint Viance
Une centaine de manifestants se sont réunis le 18 février à la gare Matabiau alors qu’une audience déterminante se jouait pour l’autoroute A69. L’occasion pour les militants de revenir sur les moments forts de la mobilisation depuis le début des travaux en avril 2023.
C’est une lutte qui dure depuis deux ans contre un projet qui date d’une trentaine d’années. Étienne, un militant, est venu suivre l’audience avec les manifestants. Pour lui, le moment le plus marquant reste la première grande manifestation près de Saïx dans le Tarn, le 22 avril 2023, où 8000 personnes s’étaient réunies et avaient construit un mur à Soual, sur une route nationale existante. « C’était important parce que les travaux n’avaient pas encore commencé. Il y a eu une grosse mobilisation en amont donc ça aurait pu basculer à ce moment-là. » explique le jeune homme.
Des militants pas comme les autres
Non loin de là, en face du tribunal administratif, des écureuils perchés dans les arbres donnent du « courage » à la juge. Ils espèrent qu’elle donnera raison à la rapporteur publique dont le dernier avis conclut une « absence de raison impérative d’intérêt public majeur » au chantier. Pour Arthur, 40 ans, l’action des écureuils, ces opposants installés dans les arbres, est la plus emblématique.

Dans le bois de la Crémade dans le Tarn, surnommé « Crém’arbre », les grimpeurs ont marqué les esprits. « Les gendarmes empêchaient le ravitaillement dans les arbres. C’était très fort et très stressant pour les gens dans les arbres mais aussi pour ceux qui étaient au sol, qui se disaient qu’il fallait agir dans l’urgence pour la santé des militants. » raconte-t-il. Sur cette ZAD (Zone à défendre), les derniers écureuils ont été évacués le 7 octobre dernier.
Membre du collectif La Voie est libre qui a lancé l’appel pour le rassemblement ce mardi, Isabelle se rappelle la mobilisation autour des arbres et le campement installé à Vendine, une commune située sur le tracé : « Ces moments étaient très intenses. On y croyait beaucoup et on a vraiment espéré à ce moment-là, c’était très fort. »
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Moments de partage
De l’espoir, c’est ce qui lie les gens dans cette lutte aux multiples rebondissements. Anne, elle aussi membre du collectif, se remémore la première grande marche en octobre 2022 comme d’un moment « festif, joyeux et plein d’espoir ». Ce pèlerinage de 53 km le long du tracé de l’autoroute avait duré trois nuits et quatre jours. Présente depuis le départ à Verfeil avec les 30 premiers participants, Anne a été particulièrement touchée par l’arrivée qui s’est terminée avec 400 personnes : « C’était grandiose. On a été accueilli par des gens qui nous ont ouvert leur terrain. On a commencé à tisser des liens avec des gens qui faisaient partie de différents collectifs. »

Cette militante de Greenpeace a été marquée par l’ampleur du déploiement des forces de l’ordre lors de la dernière marche sur place les 8 et 9 juin dernier. « Ça nous fait redoubler d’envie de lutter contre le chantier. Mais c’était aussi désespérant de voir à quel point on n’était pas compris. » explique-t-elle. Malgré un arrêté préfectoral, la mobilisation s’était déroulée sous haute tension pendant les deux jours.
Une « joie collective »
Une autre membre de Greenpeace, debout à côté d’Anne, lutte depuis trois ans contre le projet. Elle se rappelle d’une initiative forte, lorsque des cyclistes ont relié Castres à Toulouse en avril 2024. « Pour moi c’est quelque chose d’exemplaire sur ce qu’on doit faire pour encourager les mobilités douces. » dit-elle.

À l’écart, une table sert de ravitaillement aux manifestants. Un militant d’une trentaine d’années avec un masque d’écureuil sur le visage boit son café. Pour lui, le côté festif et la diversité des moyens engagés rendent cette lutte unique. Il se rappelle notamment du mouvement « No Macadam » en octobre 2023, une mobilisation qui a regroupé au total six cortèges de manifestants durant un week-end. « Il y en avait un qui était à vélo, un autre a désarmé une usine à béton, et un autre était plus familial et allait sur les rails. C’était incroyable de voir la joie collective et l’élan contre ce projet. » explique le jeune homme. Au retour, les opposants ont occupé le terrain d’une ancienne ferme rachetée par Pierre Fabre. « Ce moment a soldé 24 heures de fête et de mobilisation inoubliables. » se rappelle-t-il.
Avant le début de l’audience, le militant prend son mégaphone et annonce l’organisation d’une soirée post-audience contre l’A69 le soir même, en attendant la décision de la juge qui sera connue le 27 février.