François Piquemal prépare les élections municipales depuis le bureau de sa permanence parlementaire à Toulouse. P.B.

En janvier 2025, François Piquemal a annoncé sa candidature à l’union de la gauche pour les élections municipales à Toulouse. Député de la France Insoumise depuis trois ans, il souhaite une union la plus large possible pour l’emporter en 2026. Interview.

Vous êtes officiellement candidat à l’union de la gauche pour les municipales à Toulouse en mars 2026. Qu’est-ce que ça veut dire, être candidat à l’union de la gauche ?  

Ça veut dire que je propose ma candidature à la gauche qui se reconnaît dans le programme du Nouveau Front Populaire. Et pas seulement aux partis politiques, car il y a aussi des associations et des syndicats. Je suis candidat pour toutes les personnes et tous les mouvements qui se reconnaissent dans le programme du NFP. 

Les Toulousains pourront voter pour François Piquemal en mars 2026 ?

Non, rien n’est encore sûr. Tout d’abord, il y a des processus internes. Il se trouve que dans mon mouvement politique [NDLR : La France Insoumise], je suis le seul à souhaiter être candidat. Donc les choses sont réglées à ce stade. Mais il faut quand même une validation officielle du mouvement. Elle n’a pas encore eu lieu, mais sauf accident, je devrais être désigné candidat. Et puis il y a une deuxième étape qui a déjà commencé, mais on ne sait pas si elle pourra aboutir. C’est de convaincre nos partenaires du Nouveau Front Populaire pour qu’un insoumis porte l’union de la gauche à Toulouse. On veut avoir une gouvernance partagée, mais aussi un programme partagé qui soit dans la philosophie de celui du NFP.

«  Toulouse mérite mieux que Jean-Luc Moudenc »

Vous êtes déjà un député bien ancré à Toulouse. Pourquoi voulez-vous devenir maire ?

C’est une bonne question que je me suis souvent posée. La première réponse, c’est le lien que j’ai avec Toulouse. C’est mon lieu de vie depuis plus de 20 ans. J’ai un attachement particulier à ma ville. Il y a de très belles choses qui s’y passent. Mais je n’aime pas la manière dont Monsieur Moudenc essaie de la faire changer depuis qu’il est au pouvoir. Je trouve que notre ville mérite beaucoup mieux que ce qu’il propose et qu’elle manque d’un nouveau souffle ou d’une nouvelle ambition. Ce que j’aimerais, c’est que Toulouse soit en pointe d’un certain nombre de choses, comme de la planification écologique. C’est le grand défi qui nous attend et il y a une volonté des habitants de le faire.

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Avez-vous déjà discuté avec les forces de gauche toulousaines en vue d’une alliance ?

Oui, on a discuté avec tout le monde. On a vu toutes les composantes du Nouveau Front Populaire localement, mais aussi des composantes comme Archipel Citoyen, Génération·s et l’Assemblée des quartiers, qui se reconnaissent dans le programme du NFP. On a aussi eu des rendez-vous communs avec le Printemps Toulousain, qui a été un socle pour ces rencontres. Donc on fait campagne de notre côté, tout en discutant avec les autres composantes de gauche en vue d’une union. 

Vous croyez en la candidature commune de la gauche pour les élections de 2026 à Toulouse ? 

Oui, j’y crois toujours. Mais je pense que ce n’est pas tant une question de croyance. C’est le chemin qu’il faut prendre. Est-ce qu’elle aura lieu dès le premier tour ? Pour le moment, c’est ce que l’on souhaite. Mais il y a un certain nombre de difficultés. Les socialistes ont fait savoir qu’ils ne voulaient pas d’une liste avec nous. Donc on se dirige plus vers une configuration où il y aurait au minimum deux listes de gauche importantes. Le jeu n’est pas fini, donc peut-être qu’ils changeront d’avis. Je l’espère. Et même s’il y a deux listes importantes à gauche au premier tour, ça n’empêche pas une union au second tour. Après, c’est certain que si on commence à avoir un émiettement de trois, quatre, cinq listes à gauche, ça rend une possibilité de victoire difficile. 

La victoire est déjà difficile, parce que même si Toulouse est une ville de gauche, on a un maire sortant qui est bien installé. Et un maire sortant, c’est toujours plus dur à battre que des “nouveaux venus”. Donc le chemin, c’est d’essayer d’avoir l’union le plus large possible dès le premier tour.

Pourquoi êtes-vous le mieux placé pour mener cette alliance de gauche ?

C’est compliqué de donner des arguments pour soi-même, mais je pense avoir la légitimité pour porter l’union de la gauche. Le fait d’avoir porté l’union de la gauche deux fois aux élections législatives montre que je suis attaché au rassemblement de la gauche et que j’ai à cœur de défendre son programme. Je vois mal quelqu’un me dire aujourd’hui qu’à un moment je n’ai pas été unitaire. 

Je pense aussi qu’au vu des campagnes militantes que l’on fait sur la circonscription, on montre une certaine capacité à organiser de l’information auprès du public, avec des réunions et des grands événements, comme les rencontres nationales des quartiers populaires.  

Vous seriez prêt à vous ranger derrière la candidature d’un autre parti ? 

S’il y a une nouvelle donne politique qui montre que La France Insoumise n’est plus la principale force de gauche à Toulouse, on peut étudier l’hypothèse, oui. Si demain sort un sondage qui dit que François Piquemal fait 2% et que les écologistes font 30%, forcément, je vais réfléchir. Mais aujourd’hui, si on regarde le score des dix dernières années sur chaque élection, la principale force de gauche à Toulouse, c’est la France Insoumise. 

On pense avoir la meilleure stratégie pour la victoire de la gauche. L’élection se gagnera en faisant participer celles et ceux qui n’ont pas participé la dernière fois, c’est-à-dire les parents d’élèves, les jeunes et les quartiers populaires. C’est à eux qu’on veut parler essentiellement pendant la campagne. Ça ne veut pas dire qu’on ne parle pas aux autres, mais le vote des quartiers populaires et des jeunes peut faire basculer Toulouse à gauche. Pour appliquer cette stratégie là, il faut que l’on propose une gauche solide sur ses appuis. La France Insoumise tient particulièrement à Toulouse. Tant que personne nous propose une stratégie plus convaincante que la nôtre, on ne voit pas pourquoi on abdiquerait sur le fait de porter la liste.

«  Il faut que les personnes qui sont source de division arrêtent d’instiller le poison de la division »

La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a annoncé qu’elle ne se présenterait pas. C’est une bonne nouvelle pour vous ?

C’est juste une concurrente de moins. Mais pour moi, ça ne change pas grand-chose en vérité. Si Carole Delga était venue, c’était une candidature de division. Parce que nos amis écologistes, comme nous, on aurait eu du mal à envisager une union avec elle. À cause de l’A69 et du fait qu’elle a posé contre l’union de la gauche à plusieurs reprises. Le suspens autour d’une potentielle candidature lui a surtout permis de mettre en scène sa future candidature à l’élection présidentielle. Sa manière de procéder n’est pas très respectueuse des Toulousains et des Toulousains. Mais maintenant, l’épisode est clos et je travaillerai avec elle quand on sera au Capitole avec la gauche de rupture. On aura des points de désaccord, mais peut-être qu’il y aura des dossiers qu’on pourra faire avancer ensemble. 

Elle a aussi déclaré qu’une union entre le PS et LFI était impossible à l’heure actuelle. Êtes-vous d’accord avec elle ?

Nous, ce que l’on dit, c’est qu’on peut travailler avec tous ceux qui se reconnaissent dans le Nouveau Front Populaire. C’est au Parti Socialiste de déterminer quelle ligne politique il souhaite. Je sais que tous les militants socialistes locaux ne partagent pas le fait qu’une alliance avec LFI est impossible. Certains veulent l’union. Donc il faut sortir de ce dogmatisme. Une alliance entre LFI et le PS est possible, mais il faut que les personnes qui sont source de division arrêtent d’instiller le poison de la division. 

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Quels sont les points de convergence et de divergences avec les autres partis de gauche ?

Je pense qu’au Conseil municipal et métropolitain, avec nos amis d’Europe Écologie Les Verts, on vote quasiment 95% des choses ensemble. Donc il n’y a pas de débat avec eux concernant le programme. Par contre, il y a des divergences avec le Parti socialiste, comme sur l’encadrement des loyers et les projets écocides tels que l’A69 et la Jonction Est. Mais à mon avis, beaucoup de choses sont surpassables en discutant et en trouvant des compromis. Il y a largement plus de points de convergence que de divergences entre les partis de gauche. 

Si l’alliance de gauche ne fonctionne pas, vous serez candidat à l’élection pour LFI ?

Oui. Si nos partenaires ne souhaitent pas s’allier avec nous, nous porterons notre propre démarche. Mais ce serait une déception que l’union de la gauche échoue.