Entrée d’une salle d’audience dédiée aux comparutions immédiates du Palais de Justice de Toulouse. Crédits : Mathieu Delaunay / Univers Cités
Interpellé pour avoir illégalement importé deux kilos de cocaïne à l’aéroport de Blagnac-Toulouse, un letton de 43 ans est jugé ce mardi 18 février en comparution immédiate au Palais de Justice de Toulouse. Il est poursuivi pour contrebande et importation de produits stupéfiants sur le sol français.
Le visage impassible, l’accusé s’avance dans le box vitré. « C’était un rêve d’enfant de découvrir l’Amérique Latine » s’est-il défendu. En acceptant ce voyage de son ami endetté auprès de lui, il pense être gagnant dans l’histoire. Cependant, c’est une personne tierce qui a acheté les billets et qui est rentrée en contact avec l’accusé. Il s’agit de Carlos, un homme déjà connu des services de douanes pour des transports de produits stupéfiants en France.
Durant son séjour au Brésil, Carlos demande à l’accusé de récupérer un sac à dos contenant de la cocaïne pour la ramener en Lettonie. C’est sur le chemin retour que la marchandise est découverte par les douaniers.
Un cas loin d’être isolé
Les services de douanes toulousains affirment qu’il s’agit d’un contrôle classique mais la quantité de cocaïne est particulièrement importante. 2,09 kilos de cocaïne ont été saisis, pour une valeur de 68 970€, à minima.
La Présidente de l’audience, peu convaincue par la défense de l’accusé, rappelle la gravité de ce délit : pour un simple voyage, il encourt de graves conséquences. En effet, les représentants des douanes affirment qu’en plus d’une peine de prison de 10 ans, l’accusé peut se voir ajouter une amende allant de 1 à 10 fois la valeur de la marchandise saisie puisqu’il s’agit de contrebande.
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La Procureure de la République a particulièrement souligné la gravité du délit. Elle revient notamment sur l’importance du réseau qui s’est établi autour du trafic de drogue avant d’ajouter : « mais combien passent encore à travers les mailles du filet de la justice ? ». L’impact est bien présent sur la région toulousaine affirme-t-elle. En effet, selon nos confrères d’Actu Toulouse, la ville rose a enregistré 30 morts sur les 15 dernières années dans des affaires rattachées au trafic de drogue. « Nous ne pouvons fermer les yeux sur ce trafic qui gangrène Toulouse ». a-t-elle assurée.
Concernant l’accusé, la procureure affirme qu’il n’a jamais agi sous la contrainte et il savait qu’il choisissait de manière délibérée la contrebande. Même si ce dernier n’est peut être qu’un maillon d’une chaîne plus importante, « c’est lui qui a introduit des produits stupéfiants sur le sol français et qui réalise donc le délit douanier », a-t-elle conclu.
Victime ou complice ?
L’avocate de la défense revient sur la situation de son client. Elle met en avant la crédulité de ce dernier. « Il n’aurait jamais accepté ce voyage s’il avait su la mission de celui-ci » soutient-elle. L’avocate admet cependant que les faits sont bien présents et que son client les a reconnus dès son interpellation à l’aéroport. « Il a même collaboré avec les autorités pour donner toutes les informations et a un casier judiciaire vierge » a-t-elle ajouté. En conséquence, elle demande une peine de prison en Lettonie afin que l’accusé ne soit pas à la charge du contribuable français.
Après la délibération, le tribunal annonce que l’accusé est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. Il écope donc de 4 ans de prison dont un an avec sursis ainsi qu’une interdiction de revenir sur le sol français pendant 10 ans une fois qu’il sera rentré en Lettonie. Le coupable doit également payer une amende similaire à la valeur de la marchandise saisie, soit 68 790€.
L’homme, de marbre pendant toute son audience, accepte la décision et demande à sa traductrice d’exprimer ses excuses à la France avant de quitter le box des accusés. La sonnerie retentit, l’audience est levée.