Mardi 10 mars se tenait au théâtre du Fil à Plomb le vernissage de l’exposition 9m². Son concept : faire découvrir au public des œuvres réalisées par des détenus de la maison d’arrêt de Seysses.

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Sur le mur, un panneau explicatif pour les enfants lance un appel au visiteur : « Ces dessins ont été peints par des personnes qui sont en prison mais il ne faut pas hésiter à regarder leurs peintures qui sont très colorées ». C’est en effet tout l’objectif de l’association L’Art Mutin et de sa fondatrice Fabienne Havard : faire en sorte que l’art dépasse les enceintes des organismes pénitenciers et transcende les préjugés. Un pari mis en lumière pour encore quelques semaines au théâtre du fil à plomb (tout proche de la place Arnaud Bernard) qui accueille l’exposition 9m² et propose aux amateurs de portraits de découvrir des œuvres de détenus.

Galeries de portraits et travail de projection

En tout, près d’une quinzaine de portraits réalisés entre 2006 et 2014 sont exposés dans le hall d’entrée du théâtre. Tous ont été réalisés par des détenus sur un temps très court comme l’explique Fabienne Havard, responsable du projet et formatrice lors des ateliers réalisés à la prison de Seysses : « ces tableaux sont des initiations pures avec des séances de quatre fois deux heures ». Et le résultat est surprenant quand on sait que « certains ne savaient même pas forcément tenir un crayon ».

Mais si la performance technique est indéniable, c’est surtout la démarche de projection qui est remarquable selon l’artiste. Elle travaille toujours à partir d’œuvres existantes qui sont par la suite reprises par ses élèves et qui peuvent être interprétées de façon très différente d’un détenu à l’autre. Ainsi, elle considère que « il y a un énorme travail de projection qui est fait, la personne parle essentiellement d’elle-même quand elle dessine ».

« Casser une logique d’échec pour reconstruire une logique du positif »

C’est d’ailleurs ce dévoilement de soi qui permet à l’artiste de travailler et de faire évoluer les détenus jusqu’à l’aboutissement de leurs œuvres : «l’idée c’est de leur dire : voilà de quoi vous êtes capables et pourtant vous ne pensiez pas pouvoir le faire quand vous êtes entrés ici ». Si aucun suivi psychologique n’est à sa connaissance assuré en parallèle des ateliers qu’elle anime, elle a pu observer des effets bénéfiques sur bon nombre de ses élèves malgré un strict respect du secret professionnel et de l’interdiction de suivi personnalisé. «Parfois certaines personnes ont eu des révélations et m’ont demandé des conseils. Certains ont fait des portraits absolument hallucinants ».

De la simple toile à la réinsertion professionnelle

Mais au-delà de ces ateliers, basés sur le volontariat des détenus, l’art peut aussi permettre certaines réductions de peine et apparaitre comme une véritable voie de réinsertion. En effet, certains programmes privés ont permis la mise en place, à la maison d’arrêt de Seysses, de formations professionnelles diplômantes. Fabienne Havard donne notamment des cours en CAP Art Floral et dispense des leçons d’initiation à la fresque dans le cadre d’un CAP Peintre en bâtiment.