Adultes, étudiants ou retraités, beaucoup d’entre nous ont un souvenir d’enfant dans lequel trône un manège… Certains, ayant peut être oublié la magie de ces moments, pensent que les petits chevaux et autres jeux traditionnels sont dépassés et que les manèges plus modernes ont désormais conquis le coeur des enfants.
Mais en plein coeur de Toulouse, certains forains font de la résistance et continuent de faire tourner des manèges « à l’ancienne ». Dans les jardins Raymond VI, sous l’œil émerveillé de leurs parents, les enfants peuvent dompter un crocodile, une grenouille, une fourmi ou encore un « rhinograde » grâce au « beau manège ». Pour donner encore un peu plus de magie à ce cadre étonnant, tout y est fait de bois, de nacre et de cuivre ; le manège ayant été construit avec des materiaux nobles, de la structure aux montures.
A l’origine de ce manège unique en son genre, un homme, Jackie Michaud, directeur à l’époque de l’association pour l’insertion sociale et professionnelle (AISP). Soucieux d’innover dans les pratiques habituellement proposées aux membres de la structure, il lance l’idée folle de créer un manège à la fois fantastique et utile.
Son concept : confronter les chômeurs de longue durée à un public extérieur, pour qu’ils reprennent confiance en eux. La réussite de ce projet passait par une nécessaire collaboration avec d’autres partenaires et, le hasard faisant bien les choses, c’est par un concours de circonstances que les routes de l’AISP croisent celles de Royal Deluxe. L’équipe technique de cette confrérie se greffe alors à la construction du manège, amenant ainsi son expérience et son talent à l’ambitieux projet. Le financement, quant à lui, est assuré entre autres par l’Etat et l’administration pénitentiaire. Chômeurs de longue durée, Rémistes, personnes isolées ou en « galères » se mettent au travail, plusieurs années après l’idée de Jackie Michaud. C’est à la fin des ateliers, et une fois le manège construit, que la réussite du projet est apparue : les chômeurs de longue durée parlaient eux même de ces 6 mois de travaux titanesques comme d’une « belle histoire », et l’image qu’ils avaient d’eux même avait changé.
Après les ateliers, c’est une autre aventure qui commence…
Une fois les ateliers terminés, la création s’installe tout d’abord place de l’Europe. Les relations avec les clients du manège sont alors confiés aux artistes en voie de ré-insertion. Deux permanents et un stagiaire découvrent alors la réaction enthousiaste des parents et des enfants; leurs efforts sont récompensés. « Les gens me sourient alors que d’habitude, on ne me sourit pas ! » témoignera ainsi l’un des acteurs du projet. Aujourd’hui, le manège n’appartient plus à l’association mais à deux forains qui continuent de l’entretenir et de le faire tourner.
Toujours aussi beau, magique et fascinant, c’est dans les jardins Raymond VI que ce « beau manège » fait désormais tourner la tête des enfants.
En collaboration avec Edwige Saint Thomas