La suspension du Pass Culture met en péril de nombreuses sorties culturelles, au musée, au cinéma ou au théâtre. Crédits : monkeybusinessimages via iStock.
Depuis le 31 janvier, le Pass Culture collectif est suspendu par le gouvernement. Une décision qui impacte directement les établissements scolaires et le secteur culturel, mettant en péril l’accès des jeunes à la culture.
Outil essentiel pour démocratiser l’accès à la culture, le Pass Culture collectif permet aux collèges et lycées de financer des activités d’éducation artistique et culturelle. Via la plateforme Adage, les enseignants peuvent réserver des spectacles, projections de films et visites de musées pour leurs élèves. Un dispositif financé par l’Etat dont l’objectif est de réduire les inégalités culturelles en intégrant des expériences directement dans le parcours scolaire. Mais le 31 janvier, tout s’arrête : le plafond de 50 millions d’euros pour la période janvier-août est atteint. Les établissements ne peuvent donc plus réserver de nouvelles activités. Une suspension soudaine qui a pris de court enseignants et acteurs culturels, et qui pose des questions quant à l’accès des jeunes à la culture.
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Les sorties scolaires dans une impasse
Dans les collèges et les lycées, l’inquiétude est vive. La suspension du Pass Culture met en péril de nombreuses sorties culturelles qui attendaient d’être saisies sur Adage. Et pour les établissements en Réseau d’Education Prioritaire (REP), l’impact est d’autant plus lourd. « Chaque sortie avec une classe c’est un minimum de 300 euros. Le budget des affaires courantes est accaparé par le coût de l’énergie, donc sans le Pass nous n’avons aucune marge de manœuvre financièrement parlant », explique David, professeur d’arts plastiques d’un collège en REP à Toulouse. Il ajoute que « le gel empêche toute nouvelle initiative culturelle à destination d’élèves pour qui le collège est souvent le seul accès au cinéma ou au musée ».
« Tout s’arrête brusquement et on risque de grosses pertes »
À Toulouse, l’offre de cinéma indépendant est particulièrement large, et de nombreux lieux de projection travaillent avec des scolaires toute l’année. Le Cratère est l’un d’eux en participant au dispositif Collège au cinéma (CAC), qui propose aux élèves des projections et ateliers pédagogiques. « Cette suspension affecte directement ce qu’on prévoit pour les groupes d’élèves dans le cadre de ce programme », déplore Mélusine, en charge de la coordination scolaire. « Sur les 250 ateliers prévus, plus de la moitié sont financés par le Pass Culture collectif. Tout s’arrête brusquement et on risque de grosses pertes », s’inquiète elle.
D’après le réseau CAC à Toulouse, la perte pour les cinémas membres est estimée à 20 000 euros si tous ces ateliers sont annulés. « Est-ce que les établissements vont accepter de revenir sur fonds propres, c’est ça la question », souligne Mélusine avant d’ajouter qu’elle reste peu confiante : « Beaucoup d’écoles ne peuvent pas payer autrement, on comprend mais on va rapidement devoir trouver des solutions pour durer ».
Pour faire face, acteurs éducatifs et culturels espèrent des solutions concrètes pour maintenir l’accès à la culture. La ministre de l’Éducation nationale Elisabeth Borne a depuis annoncé la réouverture de la plateforme Adage dès septembre, pour le dernier trimestre de 2025.