Les manifestants devant la gare Matabiau. Crédits : Roxane Lechat 

Mardi 18 février, de nombreux militants se réunissent devant la gare Matabiau à Toulouse pour protester contre la construction de l’A69. A quelques rues de la manifestation, l’audience cruciale sur le futur de l’autoroute débute.

Les écureuils étaient de sortie à Toulouse, ce mardi 18 février. Devant le tribunal administratif, plusieurs militants se sont perchés dans les arbres en signe de protestation contre la dégradation de la biodiversité. A l’intérieur, l’audience sur l’autorisation environnementale de l’A69 débute. « Cette journée sert à montrer qu’on continue de lutter ensemble, par tous les moyens imaginables » déclare un manifestant, le visage caché derrière un masque d’écureuil. Sur le parvis de la gare Matabiau, à quelques minutes du tribunal, ils étaient une petite centaine de militants à être rassemblés, autour de collations, banderoles et prises de parole. 

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« Non au macadam » scandent les militants regroupés derrière des bannières où se lisent « Stop A69, la justice au pied du mur. » C’est un peu l’audience de la dernière chance que sont venus soutenir les manifestants. « On espère que le tribunal va annuler l’autorisation environnementale » expose une membre locale de Greenpeace. Car si la dernière ZAD (Zone À Défendre) avait été démantelée en octobre 2024, la rapporteure générale, une magistrate indépendante, avait avancé en novembre le manque de raison impérative d’intérêt général. Sans motif valable, l’autorisation environnementale de construire l’autoroute n’est pas justifiée et les travaux pourraient être annulés. Le jugement de ce dernier recours ne sera pas connu avant à minima deux semaines. 

Poursuivre la lutte, pour la santé et l’environnement

En attendant, « il ne faut pas laisser croire ceux qui disent que les travaux sont trop avancés : ils sont très en retard, il y a encore pleins de zones à sauver » exhorte Anne Stambach-Terrenoir, députée LFI de la deuxième circonscription de Haute-Garonne. Une militante de Greenpeace surenchérit : « Contrairement à ce que disent les défenseurs de l’autoroute, la mobilisation est toujours importante. » En faisant référence au projet d’aéroport qui avait été abandonné, un militant affirme : « À Notre Dame des Landes, ils ont réussi en mobilisant pleins d’axes de lutte différents. »  Au milieu du cercle des manifestants, des livres en cartons intitulés « code de l’environnement ». Ils incarnent « l’espoir que la justice donne raison au droit environnemental, à l’intérêt général et non pas aux intérêts privés financiers » avance Anne Stambach-Terrenoir. 

Des écureuils devant le tribunal administratif. Crédits : Roxane Lechat

Pierre angulaire du mouvement grâce à leur crédibilité, des scientifiques se sont aussi joints à la mobilisation et clairsèment la foule de leurs blouses blanches. Alex Duparc, cardiologue au CHU de Toulouse, alerte : « Un projet autoroutier va augmenter les émissions de carbone, et le réchauffement climatique. C’est déjà tout proche quand on voit les inondations à Valence, c’est à quelques centaines de kilomètres. » Il se désole aussi de l’impact sanitaire des travaux, qui rejettent de nombreux composants cancérigènes dans l’atmosphère.

A côté du stand de boissons, Cédric Chabrol, le frère d’un agriculteur vivant sur le tracé, sort des cartes plastifiées des travaux et en explique les détails avec véhémence. Il s’intéresse aux impacts climatiques de l’artificialisation des sols. « La sécheresse est contagieuse, les sols sont arides l’été, et l’automne on reçoit de violents abats d’eau. » détaille-t-il. Selon lui, les promoteurs du chantier se tirent une balle dans le pied, car dans des secteurs soumis aux sécheresses et aux inondations, « les assureurs ne veulent plus couvrir, et économiquement, ça sera compliqué. » Cette prédiction n’est pas de la fiction puisque certains français sont déjà affectés par la défection des compagnies d’assurance due aux aléas climatiques.