Le tribunal administratif de Toulouse a décidé, ce mardi 21 janvier, de ne pas suspendre le chantier controversé de l’A69, un tronçon d’autoroute de 53 kilomètres qui doit relier Toulouse à Castres, dans l’objectif de désenclaver le sud du Tarn dès l’année prochaine. Quelles conséquences engendre cette décision ?
Rarement un projet autoroutier n’avait fait couler autant d’encre. La décision de ce mardi prise par le juge des référés était attendue avec espoir par les associations opposées à la conception de cette autoroute, débutée en avril 2023. Le collectif « La voie est libre » avait notamment contribué à ouvrir cette instruction sur l’impact environnemental du projet, le 9 décembre 2024.
Mais cette procédure judiciaire n’a pas empêché les travaux de se poursuivre. Le concessionnaire Atosca, responsable du chantier, assure, auprès de Libération, en avoir déjà terminé les « deux tiers » et être en mesure de l’achever d’ici décembre 2025.
Les répercussions du chantier sont évidemment environnementales, avec une soixantaine d’arbres abattus, selon la préfecture du Tarn. Le média d’investigation écologique Reporterre estime ainsi qu’au total : « 310 hectares seront artificialisés, si le projet arrive à son terme ».
Au-delà des conséquences environnementales du projet, la dimension sociale n’est pas négligeable. La société Atosca a ainsi racheté les maisons des habitants situées sur le tracé de l’A 69 et leur a proposé des solutions de relogement jugées inadéquates par les principaux concernés. Alexandra, une habitante d’une maison située à Verfeil, avait confié en août à TF1 : ”Aujourd’hui, j’ai un grand terrain, des animaux et on me propose un appartement HLM ? C’est hors de question. Oui, je souhaite être relogée avec ma famille, mais aussi avec mes animaux”.
Les opposants à l’A69 gardent espoir
Le communiqué livré par le tribunal indique que « le juge des référés ne suspend pas les travaux de l’A 69 car l’affaire devant être jugée au fond par le tribunal le mois prochain, le projet en cause ne produira que très peu d’effet concret d’ici là».
Statu quo donc jusqu’à la prochaine audience, courant février. Les magistrats se prononceront alors sur la légalité du projet, avec de nouveaux éléments fournis par les préfectures du Tarn et de Haute-Garonne.
Le 25 novembre dernier, une audience sur le fond avait déjà eu lieu. Le tribunal avait examiné quatre recours contre le projet. La rapporteure publique s’était alors prononcée en faveur de l’abandon de ce dernier, se fondant sur l’absence « de raison impérative d’intérêt public majeur ».
Toutefois, l’intérêt écologique n’a pas pesé suffisamment aux yeux des juges face à l’intérêt économique, ceux-ci estimant que « l’application des clauses de suspension du contrat de concession et des marchés de travaux en cours d’exécution, jointe au coût de sécurisation, se traduirait par un coût de plusieurs millions d’euros ». Le chantier tarnais poursuit donc son cours, malgré les voix qui s’élèvent, mais peinent à se faire entendre. Début janvier, c’était au tour d’avocats et d’universitaires de signer une tribune, publiée sur France Info, dénonçant une « atteinte à la démocratie environnementale”.