Régis Godec est le chef de file des écologistes pour les Municipales de Toulouse en 2026. (©Facebook / Régis Godec)
Interview. En novembre 2024, Régis Godec a été désigné chef de file des écologistes en vue des élections municipales à Toulouse, qui auront lieu en mars 2026. Entretien avec celui qui espère une alliance des forces de gauche et qui croit en la victoire.
À un peu plus d’un an des élections municipales à Toulouse, la campagne a déjà commencé pour la gauche, qui rêve d’union. Alors que Carole Delga (Parti Socialiste) vient d’annoncer qu’elle ne souhaitait pas se présenter, François Piquemal (LFI) a officialisé sa candidature en ce début d’année 2025. De leurs côtés, les écologistes ont été les premiers à se positionner en élisant Régis Godec comme chef de file. L’ancien adjoint au maire nous parle des enjeux de la campagne et de la potentielle alliance des forces de gauche en vue de détrôner Jean-Luc Moudenc.
En novembre, vous avez été choisi par les militants du parti écologiste pour les Municipales de 2026. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Êtes-vous candidat à la mairie de Toulouse pour 2026 ?
Oui, cela signifie que je suis candidat pour les écologistes et que j’ai la responsabilité d’animer la campagne des écologistes pour les municipales en 2026 avec Hélène Cabanes, la cheffe de file adjointe. On choisit le terme de chef de file, et pas tête de liste, parce que nous voulons un rassemblement des forces de gauche et écologistes au sein duquel la possibilité qu’un écologiste soit tête de liste existe. On se sent évidemment capable d’assumer cette fonction, mais on ne s’auto-désigne pas non plus. On attend que les autres forces de gauche et écologistes choisissent leur tête de liste pour la liste finale, qui sera déposée plus tard. Par ailleurs, je tiens à souligner que nous sommes la seule formation politique à Toulouse à avoir fait un vote de désignation interne, c’est-à-dire d’avoir proposé aux militants de choisir la candidate ou le candidat qui allait les représenter aux élections. Ma nomination me permet donc d’avoir la légitimité pour animer la campagne et représenter notre parti aux élections.
Vous discutez donc avec les partis de gauche pour réunir une candidature commune ?
Oui. On fait ça, mais pas seulement. En effet, on multiplie et on invite à faire des initiatives communes. Donc la gauche et les écologistes se parlent publiquement. On expose nos points de vue pour qu’on puisse y voir les nuances, les convergences, les divergences et les points qui expliqueraient qu’on fasse une liste différenciée. Mais les écologistes font aussi campagne de leur côté auprès des Toulousains pour faire connaître les éléments de notre projet. On a déjà distribué des cartes de vœux pendant tout le mois de janvier et des tracts pour faire connaître notre candidature et nos propositions. Donc on a une double démarche : celle de faire campagne pour les écologistes et celle d’entraîner l’ensemble des forces de gauche et écologistes derrière notre dynamique.
Quand vous dites que vous parlez beaucoup avec la gauche, vous parlez aussi avec LFI et leur candidat François Piquemal ?
Oui, bien sûr. Je pense que la France Insoumise est une force politique qui compte, et surtout à Toulouse. On l’a vu dans les résultats électoraux précédents, notamment aux présidentielles et aux européennes. On pense qu’ils incarnent une radicalité politique à gauche qui est utile et nécessaire. Pour autant, on considère qu’ils ne sont pas forcément au barycentre du Nouveau Front Populaire. Ils ne sont pas propriétaires du Nouveau Front Populaire. On considère donc que nous avons nous aussi légitimité à conduire la liste, peut-être même un peu plus que la France Insoumise.
Vous seriez prêts à vous ranger derrière la candidature de François Piquemal ?
Est-ce que François Piquemal pourrait être notre tête de liste ? Pourquoi pas. Nous on se présente sans préalable. Si l’ensemble des composantes le souhaitaient (Archipel Citoyen, Printemps Toulousain, Génération⸱s, Place Publique, le Parti Socialiste), bien sûr qu’on se rangerait derrière cette proposition. Il n’y a aucune difficulté là-dessus. Mais aujourd’hui, ce n’est pas l’hypothèse qui tient la corde. S’ils veulent la liste avec leur logo, leur candidat et leur résultat, ils feront leur campagne, mais sans nous. Nous on veut vraiment une liste de rassemblement et pour ça il faut savoir laisser ouvertes toutes les possibilités.
Pour l’instant, vous pensez être en pôle position pour être tête de liste ?
Si jamais la France Insoumise, le Parti Socialiste et les composantes citoyennes trouvaient qu’on était la meilleure force politique pour le faire et que je pourrais avoir le profil pour être maire, évidemment qu’on accepterait la mission. Mais pour l’instant, il faut confronter les points de vue. Ce qu’on entend ces dernières semaines, c’est que la France Insoumise ne souhaite pas avoir un candidat du Parti Socialiste en tête de liste. Et de son côté, le Parti Socialiste ne souhaite pas avoir un candidat de la France Insoumise. Donc on pourrait être un point de convergence et de compromis. Les écologistes ont une capacité à créer l’unité.
Vous vous sentez capable et prêt, à titre personnel, de diriger la ville de Toulouse en tant que maire ?
Je pense que oui. J’ai la compétence et le leadership nécessaire pour le faire. De plus, j’ai une expérience d’élu dans un exécutif à la mairie de Toulouse et à la Métropole sur la période de 2008 et 2014. La seule fois où la gauche a été au pouvoir depuis 1971, j’étais dans cette équipe. C’était mon premier mandat politique, en tant qu’adjoint au maire. J’étais aussi président du groupe des écologistes et j’ai ensuite été dans l’opposition de 2014 à 2020. Donc je connais les dossiers locaux et je connais les mécanismes d’une collectivité aussi importante que la ville et la métropole. Je pense clairement avoir l’expérience pour le faire. Pour autant, le principal atout que je mets en avant, c’est la capacité à animer un collectif politique sans avoir un groupe majoritaire. C’est-à-dire que si je suis tête de liste, je serai dans une composante relative, avec une majorité relative et nous aurons à créer des compromis à l’intérieur de la majorité. Je n’arriverai pas en demandant aux autres de se mettre autour de moi et de seulement être une force d’appui.
À l’heure actuelle, où en sont les négociations concernant une alliance de gauche ?
Pour l’instant, ce n’est pas à portée de main, parce qu’on voit que les tensions nationales pèsent beaucoup sur l’écosystème local. Les divisions au sein de la gauche en France sont évidemment une source de tension qui a de la répercussion locale. Moi, je souhaite que chacun mette de côté les enjeux nationaux pour se concentrer sur l’enjeu municipal en 2026 et proposer une alternative à Jean-Luc Moudenc.
Ce serait un échec que cette alliance de gauche échoue ?
Ce serait une déception. L’échec ce serait si on n’arrivait pas à reconquérir le Capitole. La meilleure formule, c’est la liste commune de rassemblement au premier tour, mais ce n’est pas la recette unique. Si ce n’est pas possible, on en tirera les conséquences et il y aura deux ou trois listes qui défendront leurs couleurs. En tout cas je serai toujours pour le rassemblement.
Si l’alliance de gauche échoue pour les élections, est-ce que vous serez candidat pour la liste écologiste ?
C’est une possibilité évidemment. Si on n’arrive pas à avoir la liste commune, la logique c’est que ce soit les électeurs toulousains qui arbitrent entre les différentes forces de gauche. Donc on ne s’interdit pas la possibilité de déposer une liste écologiste.
Lors des dernières élections municipales en 2020, le candidat des écologistes Antoine Maurice avait obtenu 48% des voix au second tour. Est-ce que vous pensez que c’est possible de faire aussi bien en 2026, voire mieux ?
On vise mieux. On vise au moins 51%, parce que c’est ce qui nous permettrait de faire basculer la ville à gauche. C’est possible, parce que Jean-Luc Moudenc est un maire qui siège au conseil municipal depuis 38 ans sans discontinuer. Et donc il porte une responsabilité assez lourde sur le retard qu’a pris cette ville sur un certain nombre de sujets comme l’urbanisme et les mobilités notamment. Il y a plusieurs dossiers sur lesquels les Toulousains sont très mécontents de sa politique, notamment les dossiers culturels. Mais d’une manière générale, son profil de droite conservateur ne ressemble pas au visage de Toulouse. Et on pense qu’une liste alternative pourrait assez facilement l’emporter.
Donc la victoire de la gauche en 2026 à Toulouse vous y croyez complètement ?
Plus que jamais.
Vous avez déjà un programme ?
On travaille actuellement sur le programme. On était hier soir encore avec une cinquantaine de militants en train d’avancer sur l’ensemble des axes que l’on a définis. On a une expérience politique. On connaît les dossiers avec nos élus. Ce sera assez facile d’avoir des points précis à proposer. Mais le temps de dévoiler les éléments de notre programme n’est pas encore arrivé. On le fera quand les électrices et électeurs seront attentifs à l’élection. Dans tous les cas, on aura des propositions pour les Toulousaines et les Toulousains dès ce printemps.
Marine Tondelier était à Toulouse en novembre. Avez-vous parlé avec elle ?
Oui bien sûr, on était ensemble. On a fait une conférence de presse et un meeting commun. Bien sûr, elle soutient tout à fait notre proposition de donner toutes les chances possibles au rassemblement de la gauche et des écologistes. Avec Marine Tondelier, on est constamment en contact. Toulouse est la troisième ville de France, il y a un enjeu national.
Est-ce que, politiquement parlant, c’est l’année la plus importante de votre vie ?
Je ne sais pas. Il y a beaucoup d’enjeux. Mais cette année deviendra très importante si l’ensemble des forces de gauche et écologistes me confient la responsabilité de conduire la liste face à Jean-Luc Moudenc. Ce sera évidemment une responsabilité qui pèsera sur mes épaules et pour laquelle je suis préparé.