Crédits Photo : Louise Kourdane

Dans le centre-ville de Toulouse, les vendeurs de roses à la sauvette, sont présents hiver comme été. Et surtout, pendant la Saint-Valentin. Reportage à la rue Saint-Rome, avec Ahmed un jeune bangladais, arrivé en France depuis 1 an.

Vous avez peut-être l’habitude de leur refuser poliment en étant embarrassé ou de décliner l’offre d’un simple geste de la main. Ahmed fait partie de ces personnes à qui on prête peu d’intérêt. Pourtant, les vendeurs de roses ambulants font partie du quotidien en ville. Le cas d’Ahmed n’est pas isolé. Ils sont des milliers à écumer le parterre des grandes villes françaises.

Il est 11h, la journée commence pour Ahmed, aux abords de la Rue Saint-Rome roses en main. Roses, Blanches, Rouges soigneusement emballées, il y en a de toutes les couleurs. Il prévoit de terminer à 2 h du matin, car aujourd’hui est un jour important pour ses ventes : c’est la Saint-Valentin.

Vendre sans se faire prendre

« C’est le seul travail que je peux faire, je suis sans papier. Vendre des roses, ça m’aide à me nourrir » explique-t-il. Pour lui, le risque majeur c’est d’être expulsé du territoire. Mais, cela ne lui ait jamais arrivé : « quand la police me voit ils prennent tout et jettent ma marchandise. »

Sa journée de travail est rythmée par des changements constants de point de vente. Quelques passants l’arrêtent pour acheter des roses, certains lui donne un peu d’argent pour le soutenir. Il se rend parfois au marché gare de Toulouse, pour acheter avec l’argent qu’il récolte une vingtaine de roses. Ses fleurs, il les vend à 2 euros l’unité. Parfois, il peut finir sa journée avec une trentaine d’euros ou sans rien.

Fuir la misère, pour la retrouver

Arrivé il y a tout juste un an, Ahmed a traversé de longues épreuves en risquant sa vie : « pour venir ici, je suis passé par plusieurs pays, parfois dangereux comme l’Afghanistan et la Syrie. »

La voix tremblotante, il confie que son départ a aussi été motivé par le gouvernement de Sheikh Hasina, accusé de crimes contre l’humanité par les Nations Unies. « Si j’ai quitté mon pays, c’était à cause du manque d’argent. En arrivant ici, ça n’a fait qu’empirer » résume le jeune homme, en regardant le sol. Ce dernier est inquiet pour sa famille qu’il a laissé au pays.

« Les gens ne me respectent pas »

En soirée, lorsqu’Ahmed se rapproche des bars ou des discothèques, les interactions avec les gens sont souvent compliquées. D’un ton hésitant, il explique que parfois il se sent honteux : « Le soir c’est difficile, les gens se moquent ou quelquefois m’insultent. Les gens ne me respectent pas. »  

Les relations entre les vendeurs de roses et les restaurateurs sont plutôt cordiales. « Tant qu’il ne nous gêne pas durant le service, on accepte leur présence » déclare Lucas, un serveur de la place du Capitole. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui auront oublié d’acheter des fleurs, pourront compter sur les vendeurs ambulants, comme Ahmed.

Après le secteur de la rue Saint-Rome, Ahmed va sillonner le reste du centre-ville jusqu’à ce soir, pour vendre ses roses.