Jean-Luc Mélenchon en plein discours lors de la conférence organisée à la fac du Mirail en présence de François Piquemal et Agathe Roby. P.B.

Présent à Toulouse à l’occasion des rencontres nationales des quartiers populaires, Jean-Luc Mélenchon est intervenu à la fac du Mirail pour une grande conférence étudiante avec François Piquemal, ce vendredi 31 janvier 2025. Une occasion pour les deux insoumis de lancer leur campagne électorale respective.  

En sortant de la station de métro du Mirail vers 18h30, l’ambiance rappelle les soirs de match au Stadium. En ce dernier jour du mois de janvier 2025, la France Insoumise organise une conférence avec Jean-Luc Mélenchon et François Piquemal, fraîchement candidat aux élections municipales 2026 de Toulouse. Le député LFI a annoncé sa candidature il y a deux semaines, le 16 janvier. Une heure avant le début de l’événement, la file d’attente pour entrer dans le grand amphithéâtre de la fac du Mirail s’étire sur plus de 100 mètres. La moitié des 1500 étudiants présents* ne pourront pas assister à la conférence de leurs propres yeux. Ils devront se contenter de l’écran géant installé dans le hall du bâtiment. À l’intérieur de la salle pleine et déjà bouillante, du beau monde attend l’arrivée des deux protagonistes de la soirée. En plus des nombreux députés insoumis présents, tel que Éric Coquerel, la célèbre militante antiraciste française Assa Traoré a aussi fait le déplacement. 

Piquemal ovationné, Moudenc sifflé

Dans un lieu largement acquis à sa cause et qu’il a fréquenté lorsqu’il était encore étudiant, François Piquemal tient l’un de ses premiers meetings en tant que candidat officiel à la mairie de Toulouse pour 2026. « Allez Piquemal ! Futur maire de Toulouse ! », lance un étudiant, applaudi par les autres, avant le début de la conférence. Après le bref discours d’Agathe Roby, conseillère municipale d’opposition et binôme du député pour les élections, François Piquemal s’adresse au public sous une pluie d’applaudissements. Dès ses premiers mots, les 700 étudiants présents dans le grand amphithéâtre scandent son nom et lancent des « Piquemal Capitole ». Le discours du député Toulousain s’inscrit clairement dans le cadre de sa campagne pour les Municipales de 2026. 

François Piquemal n’hésite pas à critiquer la politique du maire actuel, Jean-Luc Moudenc. L’insoumis s’attaque notamment aux mauvaises conditions de logements à Toulouse, à la suppression de la participation de la métropole au contrat de plan État-région (CPER), au bilan carbone de la ville et à l’interdiction de l’exposition de Médecins sans frontières consacrée à Gaza. À chaque fois que le nom du maire de Toulouse est prononcé, un concert de huées se fait entendre dans la salle. Les étudiants présents ont déjà choisi leur camp pour 2026.

Une première victoire pour l’insoumis

Dans un discours très porté sur les étudiants, les quartiers populaires et l’écologie, François Piquemal en profite pour annoncer certains de ses projets pour la ville. Par exemple sur l’augmentation des loyers : « En 2026, on va mettre fin à cette injustice. Nous allons encadrer les loyers quand nous arriverons au Capitole ». Une nouvelle fois, la foule exulte. La conférence se présente comme une première victoire dans la campagne de François Piquemal. « On fait carton plein », glisse Agathe Roby à Jean-Luc Mélenchon juste avant la conférence. Les organisateurs de l’événement se montrent très satisfaits. « Il y a vraiment eu beaucoup de monde. C’est au-delà de nos espérances », confie une membre de l’équipe de François Piquemal. « La mobilisation de la jeunesse m’a scotché ce soir. C’est incroyable. L’idée de cette conférence pour Piquemal, c’était de mobiliser son propre camp et surtout la jeunesse, qui vote généralement moins », explique Christophe Bex, député de la France Insoumise dans la 7ème circonscription de Haute-Garonne. Pari réussi pour François Piquemal, qui compte surtout sur le vote des jeunes pour l’emporter en 2026. « La jeunesse, quand elle se mobilise, peut faire la différence et bénéficie d’une capacité d’agir considérable », rappelle Agathe Roby. Dans un dernier élan, François Piquemal appelle directement les étudiants présents à se mobiliser : « Il faut lancer partout où c’est possible notre programme ». 

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Un discours à l’accent très national pour Mélenchon

Après avoir félicité François Piquemal, le fondateur de la France Insoumise se lance dans un discours de plus d’une heure. Debout pendant toute son intervention, Jean-Luc Mélenchon commence par annoncer que sa participation à la conférence « est nullement désintéressée ». Contrairement à François Piquemal, Jean-Luc Mélenchon ne parle pas de Toulouse. Durant tout son discours, pas une référence aux municipales de 2026. L’ancien président du groupe LFI à l’Assemblée nationale n’est pas là pour ça. Alors que la France Insoumise vient de dévoiler la nouvelle version de son programme, Jean-Luc Mélenchon est déjà en campagne. « C’est une étape qui marque le début de la campagne présidentielle pour nous », a-t-il d’ailleurs annoncé à la presse il y a cinq jours. L’ancien député national et européen veut montrer que son parti est prêt à gouverner. « Nous serions capable d’exercer le pouvoir demain matin, s’il le fallait », prévient-il devant les étudiants qui ne cessent de l’applaudir.  

Jean-Luc Mélenchon semble déjà préparer les prochaines élections nationales, peu importe lorsque celles-ci auront lieu. Dans un discours ressemblant davantage à un meeting politique de campagne électorale, il parle surtout de sa vision de la société et commente l’actualité nationale et internationale. Entre rires, applaudissements et chants militants, tout y passe : critique du gouvernement et des partis qui acceptent de négocier avec le Premier Ministre, projet de destitution du Président de la République, rupture avec le capitalisme, crise écologique. Le triple candidat à la présidentielle en profite également pour réaffirmer certaines des mesures présentes dans le programme « L’avenir en commun », comme le non-alignement de la France sur la scène internationale. Jean-Luc Mélenchon confirme qu’il y aura une candidature insoumise lors de la prochaine élection présidentielle, tout en précisant que l’identité du candidat est encore à statuer. Devant un public exalté, le leader de la France Insoumise rassure ses partisans : « Dans toutes les circonscriptions du pays, il y aura une proposition de gauche de rupture ».

Une influence sur la campagne à Toulouse ? 

Bien qu’il n’ait pas abordé le sujet des Municipales de 2026 à Toulouse, la présence de Jean-Luc Mélenchon aux côtés de François Piquemal montre son soutien au député insoumis. Selon la plupart des personnes présentes et interrogées, l’intervention du leader de la France Insoumise risque d’avoir de l’influence dans la campagne électorale. « Ça va donner beaucoup de visibilité à François Piquemal pour l’élection municipale. Les jeunes ne le connaissent pas forcément. Grâce à ce genre d’événements, certains peuvent le découvrir », estime une étudiante à la sortie de la conférence. Même si la majorité du public présent s’est rendue à la conférence surtout pour voir Jean-Luc Mélenchon, celle-ci peut aider le candidat insoumis à faire parler de lui et à créer un certain engouement pour 2026. La vidéo retransmettant la conférence a déjà été visionnée 75.000 fois sur Youtube. « C’est pour Mélenchon que je suis venu. S’il n’y avait pas eu Mélenchon, il y aurait eu moins de monde. Sa venue va avoir une influence sur les élections de 2026 », témoigne Keziah, étudiant au Mirail. Même son de cloche du côté d’Éric Coquerel, député insoumis et président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, interrogé après le discours de Jean-Luc Mélenchon : « Ce genre d’événement a clairement de l’influence sur une élection. Il suffit de voir l’engouement qu’il y a eu. La présence de Jean-Luc Mélenchon est un soutien à François Piquemal ». 

Cette conférence, réunissant un candidat LFI à une élection municipale et Jean-Luc Mélenchon, montre aussi le changement de cap du parti de gauche fondé il y a neuf ans. Pour 2026, pas question pour la France Insoumise de faire l’impasse sur les élections municipales, comme c’était le cas jusqu’à présent. « Tout se lie, de la bataille locale à la bataille nationale, à la bataille mondiale. La révolution citoyenne doit s’amorcer dans les élections municipales », a expliqué Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting avec le député Louis Boyard quelques jours plus tôt. Un choix confirmé par François Piquemal lui-même auprès de BFMTV : « Aller aux municipales, ça s’inscrit dans notre stratégie de croissance. Notre but, c’est d’avoir une grande vague de villes qui deviennent insoumises ». « Cette conférence est parfaite pour lancer les Municipales de François Piquemal. Maintenant, il va devoir réussir à unifier la gauche autour d’une candidature commune », prévient Christophe Bex. Pour François Piquemal, comme pour Jean-Luc Mélenchon, la campagne ne fait que commencer.  

*Chiffre donné par les organisateurs de l’événement.

Pierre Boitel.