En Occitanie, 14% des moins de 25 ans inscrits sur France Travail sont au chômage. Crédits : Coralie Depincey.
Le chômage repart à la hausse. L’Occitanie est l’une des régions les plus touchées, et comptabilise 8,9% de chômage fin 2024 (DREETS*). Les jeunes, principaux concernés, en payent les pots cassés. Conjoncture instable, génération « mal vue », ils déplorent des difficultés à trouver un emploi.
« Bac+5, 200 candidatures, 1 entretien (refusé) » ; « j’ai envoyé 10 CV, 0 réponse, au bout d’un moment si je trouve rien je vais juste changer de pays et tenter ma chance ailleurs » ; « entre le chômage forcé et les contrats précaires ça devient vraiment très tendu ». Les témoignages affluent sur les réseaux sociaux.
Face à la hausse du chômage, les jeunes, contraints de subir un marché du travail sous tension, tirent la sonnette d’alarme. Si tous les publics sont concernés, rapporte France Travail, 14% des moins de 25 ans inscrits sont au chômage en Occitanie. Soit une augmentation de 8,5%, selon la Dares (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques).
Une génération « perdue » et « mal comprise »
« Fausse impression » envers la génération Z, perçue comme « une génération argent facile, qui change régulièrement d’entreprise et de travail ». C’est ce qu’affirme Juliette, 19 ans, pour expliquer la méfiance des recruteurs. À la recherche d’un emploi depuis 2 mois dans le secteur du commerce, la jeune Toulousaine regrette une situation démoralisante : « On nous dit qu’il y a du travail partout, mais c’est pas vrai ! ». Son expérience le démontre. Après avoir envoyé une trentaine de candidatures, elle déclare n’avoir eu aucun retour à ce jour. Mais si Juliette, déterminée, ne trouve pas de travail d’ici mars, elle envisage de renoncer à certains de ses critères de recherche par contrainte.
D’autres relativisent. Anturya, qui s’apprête à finir ses études de management de projet événementiel l’année prochaine, voit une occasion de « tester d’autres choses : voyager, entreprendre, faire d’autres formations ». Pour autant, les qualifications semblent avoir moins de valeur aux yeux des recruteurs.
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Les études supérieures ne suffisent pas
« Les études supérieures n’ont plus autant de valeur qu’il y a certaines années. L’expérience prend énormément le dessus. » déclare Anturya. Un argument confirmé par Nadège Carrel, directrice de la mission locale de Haute-Garonne au micro de RMC : « Les jeunes sont touchés par le chômage quel que soit leur niveau de qualification ». Sortis du système scolaire sans diplômes ou titulaire d’un bac +5, tous les profils sont concernés.
« Il commence à y avoir un fossé qui se produit entre l’aspiration des jeunes dans leur travail et des entreprises qui fonctionnent selon un modèle plus ancien », déclare Anne Isla, professeure de sciences économiques à l’Université Jean Jaurès. Dans cette jeunesse aux désirs « plus éthiques » et « louables », la professeure voit en elle le moyen de faire avancer les choses pour ne pas tomber dans un risque de « non-compréhension et de non-solidarité ». Elle dénonce également la banalité d’un statut précaire de plus en plus long : « On est dans des sociétés où l’on a mis du travail aidé pour les jeunes. Dans les années 70, on considérait qu’ils rentraient directement sur le marché du travail ». L’économiste ajoute : « Ces jeunes peuvent avoir des métiers précaires, ça ne gêne personne ». Une situation qui « va poser problème ». Sans compter sur certains « secteurs bouchés », ajoute Juliette.
Malheureusement, « pour les politiques, le chômage n’est pas complètement la priorité » déplore Anne Isla. Et le contexte économique et politique actuel n’améliore pas les choses. Une jeunesse qui semble perdue face à cette situation, dont les perspectives d’avenir sont relativement floues.
*Direction Régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités.