Station de métro Compans-Caffarelli, Toulouse. (Crédits: Lorelei Lao)

Face à l’augmentation des fraudes à Toulouse, le réseau de transport Tisséo met en place « Stop Fraude ». Officialisé le 8 janvier 2025, ce dispositif permet de vérifier l’exactitude de l’adresse donnée lors des contrôles de fraude. Un projet novateur qui promet plus de sécurité et d’équité entre les voyageurs.

« 700 millions d’euros », c’est le montant de perte économique que représente la fraude chaque année en France, selon l’Union des transports publics et ferroviaires (UTPF). Auparavant, il était possible pour les contrevenants de fausser leur adresse, afin de ne jamais recevoir leur amende chez eux. Pour lutter contre cette infraction, 6 réseaux de transports en commun français, dont Tisséo, expérimentent « Stop Fraude ».

Concrètement, ce système permet d’accéder plus facilement à certaines informations personnelles des interpellés, notamment leur adresse. Les opérateurs de transport pourront directement vérifier cette information auprès de la base de données fiscales du ministère des Finances. Les résultats seront transmis au contrôleur afin de constater leur véracité. Après cette vérification, les amendes seront envoyées à l’adresse des fraudeurs.

« Ce dispositif marque une avancée majeure dans la lutte contre la fraude », partage l’UTPF sur son site internet. Pour Tisséo, il s’agit d’une réelle nécessité puisqu’il comptabilise plus de 200 millions de validations en 2024, selon un communiqué de presse. Un « Record historique de fréquentation », ont déclaré Jean-Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités, et Serge Jop, président de Tisséo Voyageurs. Le montant de la fraude pour l’opérateur toulousain s’élèverait ainsi à 6,7 millions d’euros en 2024, d’après des estimations de l’UTPF. Ainsi, seulement 39 % des sommes tarifées sont réellement payées à Toulouse.

« STOP FRAUDE », UN DISPOSITIF QUI FAIT DÉBAT ENTRE LES VOYAGEURS

À travers ce système, Serge Jop espère changer les mentalités des passagers : « Nous espérons encourager la validation et le bon usage des transports en commun par l’ensemble des voyageurs », exprime-t-il lors de la cérémonie de vœux de l’UTPF ce janvier. Cependant, l’avis des usagers diffère face à l’utilisation de cette nouvelle donnée personnelle : « Ce n’est pas dérangeant et ça va permettre de faire moins de fraudes. J’ai confiance », exprime Aurélie, 29 ans. Son conjoint, Pierre, 27 ans, banalise également cette pratique qu’il considère comme courante : « On donne déjà souvent notre adresse avec Amazon, Uber Eats, donc avoir des agents de Tisséo qui l’ont ne me dérange pas. », assure-t-il.

Si certains sont enthousiastes face à ce changement, d’autres confient leurs inquiétudes : « Je n’ai pas envie qu’ils aient accès à mes données car je ne fraude jamais », explique Heidi, 23 ans. Elle ajoute : « Je me demande s’il n’y a pas d’autres alternatives qu’avoir accès à ces données car c’est privé ». Anne-Marie, 77 ans, partage aussi cette même réflexion : « Les fraudeurs ont plein d’astuces, est-ce que le fait d’avoir leur adresse diminuera la fraude ? », déclare-t-elle. Grâce au décret du 2 décembre 2024 qui autorise l’accès de ces données aux opérateurs, les membres de ce projet assurent dans un communiqué de respecter leur but commun : « Concilier l’objectif poursuivi de lutte contre la fraude et le respect de la vie privée et de la protection des données personnelles ». Au total, un million de contrôles seront réalisables chaque année.