Ils étaient mille mercredi 13 mars dernier pour participer au meeting de « la manif pour tous 31 ». Les intervenants se sont succédés entre deux morceaux de musique pop et au milieu des ballons bleus blancs roses pour mobiliser leurs troupes avant la manifestation du 24 mars à Paris.

Cinq euros. C’était le prix à payer pour assister au meeting organisé salle Jean-Mermoz la semaine dernière par les opposants au mariage pour tous. Les quelques mille participants ne semblaient pas être embêtés par le principe: les recettes serviront à organiser la manifestation du 24 mars prochain, à Paris.

Les enfants chantent et s'agitent sur scène

Il est 20 heures quand tout le monde commence à s’installer sur les chaises, banderoles et ballons à la main. Tout le monde ? Les adultes, dont la moyenne d’âge devait s’approcher des 55 ans. Les ados eux, étaient réquisitionnés à la buvette, au stand librairie ou à l’entrée. Les plus jeunes sautaient et dansaient déjà sur scène sur des airs de pop américaine.

Frigide Barjot, Xavier Bongibault, Hervé Mariton ont fait leur entrée, acclamés par la foule et une dizaine d’intervenants se sont succédés. Tous, venus marteler leur refus de la loi Taubira, qualifiée d’ «  idéologie totalitaire« . Leur propos ? Montrer en quoi le mariage, en droit français, ne peut être dissocié de la filiation. Et à Nathalie Talleu, mère adoptive de sept enfants, d’ajouter le classique : « Les enfants ont besoin d’une famille saine, équilibrée et ordinaire : ils ont besoin d’une maman et d’un papa » avant qu’Hervé Mariton n’expose « la force d’un modèle familial  » que la loi Taubira chercherait à faire éclater.

« Les homophobes ce n’est pas vous, c’est eux ! »

« J’en ai marre d’être traitée d’homophobe !  » criait Frigide Barjot en fin de soirée. Les intervenants n’ont cessé de marteler qu’ils étaient blessés d’être perçus comme tels. « Le peuple de France que nous sommes revendique le droit de penser sans être accusé d’être homophobe,  » commençait Cécile Nougayrede, la vingtaine, présidente de « la manif pour tous 31 ». Elisabeth Pouchelon, élue UMP dénonçait même l’ « intolérance » dont font preuve les partisans de la loi à leur égard en assurant qu’elle n’a « jamais entendu le moindre propos homophobe » lors des débats.

Xavier Bongibault est lui allé plus loin en dénonçant l’homophobie du gouvernement à l’aide d’une rhétorique à la logique perçue comme implacable par l’assemblée, à en croire les applaudissements. « Les homophobes ce n’est pas vous, c’est eux  » répétait-il comme refrain tout au long de son discours. L’argumentation ? En prétendant que la majorité de la communauté gay et lesbienne est favorable au mariage pour tous, le gouvernement réduirait la réflexion politique des homosexuels seulement à leur orientation sexuelle. Implacable. Au sujet de la procréation médicalement assistée : « Il y a assistante médicale là ou il y a trouble de la santé ; ce gouvernement considérait-il que les lesbiennes sont malades? »

Frigide Barjot et Xavier Bongibault, porte-paroles de la

Un mouvement qui se réclame de la diversité

Les personnes qui se sont exprimées (sur la scène ou au micro d’ « Univers-cités »), se sentent investies d’une « mission« . Pour eux, ils représentent la « majorité  » des Français. Mathieu, étudiant, croit en l’intérêt de la manifestation du 24 mars parce que « nous sommes une majorité à être investis « . Il poursuit : « Il n’y a pas eu de référendum pour en parler, le gouvernement n’écoute qu’une partie de la population« .

Alors que la liste des intervenants peut nous faire penser à un meeting de l’UMP, à Frigide Barjot, drapeau français sur le dos, de crier que son mouvement transcende les opinions politiques et religieuses, au risque de multiplier les amalgames et stéréotypes : « Sachez que tous nos amis musulmans de France sont en train de lever les banlieues avec nous« , entre autres. Quelques heures seulement après l’annonce de l’identité du nouveau pape, la « catho branchée »*, en grande communicante, clôturait la messe par « Avec le nouveau François, on va lui montrer le chemin à François« .

Avant d’entamer la Marseillaise, l’événement s’est clôturé par un « À Paris, à Paris, à Paris » général. Rendez-vous donc le 24 mars prochain dans la capitale, où la préfecture a interdit que la manifestation se déroule sur les Champs- Elysées.

À côté du meeting, un cortège contre la « manif pour tous »

contremanif.jpgA dix neuf heures, un cortège d’une trentaine de personnes, venues s’opposer à la « manif pour tous » partait du métro Saint-Michel. À quelques mètres de la salle Mermoz, il a dû faire face à un mur de CRS: impossible d’accéder au meeting. Mireille et Camille justifient leur présence: « Même si la loi est passée à l’Assemblée, il y a toujours des homophobes et il faut combattre l’homophobie tous les jours« . L’occasion aussi de dénoncer, les limites selon eux de la réforme Taubira : « On voit que nous avons bataillé cet hiver pour l’égalité des droits, le mariage va sûrement passer, c’est une chose, mais on voit qu’il y a eu des reculs notamment sur la PMA, c’est pour ça qu’il est important de continuer à se mobiliser« , expliquait Fanny.