Photo : François Bayrou annonce l’utilisation de l’article 49.3 à l’Assemblée nationale (Crédits: Assemblée nationale)

Deux motions de censure ont échoué mercredi 5 février à l’Assemblée nationale suite à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget de l’État et celui de la Sécurité sociale. En Haute-Garonne, les députés de gauche se sont morcelés, entre opposants et défenseurs de la censure.

Seuls 128 députés, contre les 289 requis, ont voté la motion de censure portée par LFI contre le 49.3 déclenché lundi par le Premier ministre François Bayrou pour faire adopter sans vote le budget de l’État pour 2025. La motion de censure insoumise contre la première partie du budget de la Sécurité sociale a, sans surprises, également échoué, avec 122 voix pour. Les députés de La France insoumise, les Écologistes et le Parti communiste ont largement voté pour la censure, alors que le Parti socialiste avait annoncé s’abstenir.

« Un projet pur et simple d’assassinat de la Sécurité sociale »

« Le pays connaît un sentiment de submersion macroniste. Vous perdez les élections et pourtant vous êtes toujours là », s’exclamait Hadrien Clouet devant l’Assemblée nationale mercredi 5 février, moquant la prise de parole polémique de François Bayrou lors d’une interview à LCI le 27 janvier. Premier orateur à s’exprimer lors de l’examen de la seconde motion de censure, le député insoumis (1ère circonscription de Haute-Garonne) a dénoncé un « projet pur et simple d’assassinat de la Sécurité sociale », qui reviendrait à « livrer tout le monde aux aléas et aux malchances de l’existence ».

Lire aussi : Budget 2025 : Les oppositions réagissent aux deux 49.3 du gouvernement

Dénonçant « une procédure qui contraint le débat parlementaire », Christine Arrighi (9ème circonscription de Haute-Garonne) a décrit un budget « mauvais pour les plus précaires », « mauvais pour le climat », et « mauvais pour la recherche » dans un discours à l’Assemblée nationale. Après avoir rappelé l’absence de « prise en compte de nos propositions fondées sur des données et alertes scientifiques répétées » lors des discussions avec le gouvernement pour le budget 2025, la députée écologiste a appelé à voter la censure « sans plaisir, sans aucune satisfaction, mais en responsabilité, convaincu que la France mérite un budget à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux de notre temps ».

Face à un budget dénoncé comme « le plus austéritaire que le pays ait connu depuis 25 ans », Hadrien Clouet a appelé à la censure du gouvernement « au nom de la Sécurité sociale et de son principe : de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Avant de conclure : « Nos besoins, on les connaît. Le moyen, c’est la censure ». Dans une note de blog publiée sur son site internet mercredi 5 février, le député avait déjà mis en avant « la baisse du budget de la Culture [qui] a un goût particulièrement amer à Toulouse, à l’heure où l’emblématique théâtre du Grand Rond menace de fermer, faute de financements ». Dans cette même note, il a rappelé que « ne pas voter la censure, c’est se rendre complice de ces coupes budgétaires et leur permettre d’entrer en vigueur », dénonçant, entre autres, le choix du Parti socialiste de s’abstenir.

Sur X, le duel PS-LFI

Durant les jours qui ont précédé le vote de censure du gouvernement Bayrou, les discussions entre parlementaires se sont déroulées à maintes reprises sur les réseaux sociaux, avec X en tête de file. La députée LFI Anne Stambach-Terrenoir (2ème circonscription de Haute-Garonne) a rappelé dans un post « qu’il n’y a pas de compromission possible avec le macronisme ». Le candidat à la mairie de Toulouse pour 2026, François Piquemal (4ème circonscription de Haute-Garonne) a, quant à lui, appelé à voter contre des budgets « pires que celui de Barnier. »

Mais c’est surtout Christophe Bex (7ème circonscription de Haute-Garonne) qui a utilisé la plateforme d’Elon Musk pour interpeller les députés socialistes de Haute-Garonne. Dans un tweet posté le 3 février, l’insoumis a invité ses collègues « à ne pas céder aux discours mensongers selon lesquels une nouvelle censure ne produirait que chaos. » Les trois députés du parti de la rose en Haute-Garonne, Joël Aviragnet (8ème circonscription), Jacques Oberti (10ème circonscription) et Arnaud Simion (6ème circonscription) lui ont répondu dans une lettre, elle aussi publiée sur X, que même si « ce budget est un mauvais budget », il n’y a pas d’autres solutions. « Quelle alternative, là, ici et maintenant, alors que les collectivités territoriales, les fédérations d’éducation populaire, les universités, les établissements de services sociaux ou médico- sociaux, les associations, les entreprises, les opérateurs de l’État intervenant dans toutes les thématiques du quotidien attendent des budgets ? » ont-ils expliqué.

Après l’échec des deux censures portées par LFI, Christophe Bex a critiqué « une minorité des députés du NFP d’avoir rompu un accord sous les applaudissements de la droite, de renier des engagements, de ne pas tenir les promesses du programme de juin devant les électeurs de ce pays. » Alors que le député socialiste Jérôme Guedj (6ème circonscription de l’Essone) a affirmé « qu’il n’y aura plus jamais d’alliance entre le PS et LFI », en Haute-Garonne aussi, les relations entre les deux partis de gauche semblent plus tendues que jamais.