Un site hacker anonyme nommé « TalibLeaks » a publié, le jeudi 6 février au soir, des documents provenant de 21 ministères du régime taliban en Afghanistan, y compris ceux des Affaires étrangères, des Finances, de la Justice, de la Culture et de l’Information, des Télécommunications, des Mines, de la recommandation du bien et l’interdiction du mal, des Affaires pénitentiaires et de la Cour suprême. Ce site a mis des milliers de documents du régime taliban à la disposition du public.
Dans un rapport, BBC Persian a précisé que l’un des documents publiés concerne le nombre de prisonniers du régime taliban dans diverses provinces d’Afghanistan. L’image accompagnant ce rapport indique qu’il y aurait plus de 18 800 prisonniers au total sous le régime taliban, parmi lesquels 1 376 sont des femmes. Parmi ces prisonnières, 6 sont des étrangères, tout comme 63 prisonniers étrangers figurant dans la liste des hommes détenus.
Selon le rapport de BBC Persian, le ministère des Télécommunications du régime taliban a confirmé l’authenticité des documents divulgués, mais a précisé que « les informations préliminaires suggèrent que ces documents ont peut-être été obtenus de manière dispersée à partir d’ordinateurs individuels qui ne bénéficient pas de mesures de sécurité adéquates. » Ce ministère a qualifié la publication de ces documents de « manipulation de l’opinion publique » et a ajouté que ceux qui les ont publiés « prétendent que les systèmes ont été piratés. Beaucoup d’entre eux concernent des secteurs pour lesquels il n’existait pas encore de système dédié. »
Les talibans, « ennemis » des femmes
Depuis la prise de pouvoir du régime taliban le 15 août 2021, celui-ci a imposé plus de 50 décrets restreignant les droits des femmes. La chaîne Afghanistan International TV, qui suit l’évolution de ces décrets, a rapporté que la majorité d’entre eux concernaient des interdictions telles que l’interdiction d’accès à l’éducation pour les femmes, l’obligation du port du voile, l’interdiction de travailler dans les administrations publiques, dans les institutions judiciaires, dans les médias, ainsi que des restrictions sur les déplacements des femmes.

Source photo/ Taranom Sayedi
Taranom Sayedi, l’une des premières femmes à avoir protesté contre le régime taliban en Afghanistan, déclare que les talibans sont « des ennemis » des femmes et que ce régime torture, emprisonne et même tue les femmes qui osent s’opposer. Elle, qui est l’une des leaders du « Mouvement politique afghan pour la participation des femmes », rapporte qu’en septembre 2021, après avoir organisé plusieurs manifestations contre les ordres du leader taliban, elle a été « insultée » et « frappée au fouet » par les forces talibanes.
Cette militante des droits des femmes, qui a dû fuir l’Afghanistan en octobre 2021 en raison de la « persécution » par les forces talibanes et se réfugier au Pakistan, vit aujourd’hui au Canada en tant que réfugiée. Elle explique que si elle était restée en Afghanistan, elle aurait été emprisonnée comme tant d’autres femmes par les talibans