Policiers et pompiers ont à nouveau manifesté samedi 5 novembre à Toulouse. Une quinzaine de camions de pompiers ont circulé dans le centre-ville, tandis qu’un cortège policier défilait du Capitole à la préfecture. Tous continuent à réclamer davantage de moyens et plus de sécurité.

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« Malmenés mais pas résignés. Police au rabais, citoyens en danger »

Il est 15 h passé de quelques minutes ce samedi après-midi lorsque les premières sirènes commencent à se faire entendre. Une quinzaine de camions de pompiers, gyrophares allumés et sirènes hurlantes, font leur entrée sur la place du Capitole, où quelques centaines de policiers et de citoyens sont déjà rassemblés sous la pluie.

« France = Titanic », « Policiers, pas gibiers », « Police justice démunies = démocratie en danger », indiquent quelques pancartes des manifestants. « Service public en détresse, SOS » et « Profession en danger » peut-on aussi lire sur les véhicules rouges. C’est la deuxième fois que les pompiers se joignent aux policiers depuis le début du mouvement, à la mi-octobre. « Nous demandons des renforts en effectifs et plus de moyens en véhicules et en armement« , explique l’un deux, la trentaine. « Et nous souhaitons que la justice suive« .

Aujourd’hui quand vous appelez le 17, il n’y a personne !

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Un cercueil a été symboliquement porté du Capitole jusqu’à la préfecture.

Le mouvement s’est organisé « en dehors des syndicats, via les réseaux sociaux et dans les commissariats » précise ce même policier. « En tant que fonctionnaire de police, nous n’avons pas le droit de manifester », rappelle-t-il. Les agents peuvent cependant manifester librement leur opinion quand ils ne sont pas en service.

Sifflets et Marseillaise

Ce sont donc des policiers en civil qui se sont rassemblés sur la place du Capitole, entre les stands du marché et les voitures enrubannées pour les mariages. Nombre d’entre eux ont néanmoins pris soin d’apporter leur brassard orange. D’autres policiers, en service, encadrent la manifestation. « Vous êtes beaux, venez nous rejoindre ! », leur lance un des manifestants en rigolant.

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Les pompiers ont été largement applaudis lors de leur passage devant le Capitole.

Le convoi escargot des pompiers parti, le cortège démarre tranquillement par un petit tour de Capitole, avant de prendre le chemin de la préfecture via les boulevards. « Faites du bruit !« , essaie de motiver une policière à l’avant du groupe. « Allez, La Marseillaise les p’tits loups » renchérit un autre.

– Il y a combien de manifestants d’après vous ?

– Environ 300, non ?

– Et selon la police ?

Plusieurs personnes ont apporté des sifflets, d’autres secouent leurs pancartes, d’autres encore s’époumonent : « policiers en colère« , « citoyens avec nous« . On aperçoit pas mal de familles, des drapeaux tricolores aussi. Certains passants applaudissent et encouragent chaleureusement le cortège.

Bertrand tient une grande banderole « Racaille en prison ». Il ne fait pas partie de la police mais est venu « manifester contre l’insécurité en général ». Le jeune homme de 23 ans commence à évoquer « l’immigration » et « les peines pas assez fortes contre les délinquants » avant d’expliquer son soutien aux policiers : « ils sont en premier ligne face aux attentats ! «  Il avoue aussi avoir été très « touché« , lorsqu’une voiture de policiers a été incendiée en marge d’une manifestation à Paris, au printemps dernier. « Les gens qui font ça, on les appelle des racailles » affirme-t-il.

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Recueillement devant le monument aux morts de François-Verdier.

Au monument aux morts de François-Verdier, quatre faux croquemorts déposent au sol un cercueil recouvert d’un drapeau. Devant, une pancarte « Je ne veux pas que papa ou maman soit le prochain à l’intérieur ». Moment de recueillement. La foule chante La Marseillaise avant de faire un clapping, une sorte de grand applaudissement collectif popularisé lors de l’Euro 2016.

Là, au moins on n’insulte pas la police !

La marche se poursuit jusqu’à la préfecture. Un policier, aperçu à de nombreuses reprises dans les dispositifs d’encadrement des manifestations contre la loi travail, est en tête de cortège. On lui demande ce que ça lui fait de passer de l’autre côté de la barrière « Ça ne me fait pas plaisir mais je n’ai pas le choix », répond-t-il. « Je comprends tout à fait les manifestations et à Toulouse elles se passent bien souvent, sauf quelques fois. Aujourd’hui aussi la manifestation se passe bien ». « Là, au moins on n’insulte pas la police », sourit un collègue.

Devant la préfecture, le cercueil et les pancartes sont déposées. Les manifestants sont remerciés au mégaphone. « Rendez-vous mercredi soir à 21 h à St-Cyprien ! » annoncent les organisateurs. Malgré les promesses du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et les demandes de personnels du maire Jean-Luc Moudenc, le mouvement ne semble pas prêt de faiblir. « Il y aura certainement une autre manifestation samedi prochain.. » s’avance déjà un policier.

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Les vestiges d’une manifestation pluvieuse.