Ce mercredi 12 janvier se déroulait le procès de Louise Lourdou, ancienne présidente d’Act Up Sud-Ouest. Poursuivie et condamnée il y a deux ans par la Manif pour tous pour « injures publiques », Louise, soutenue par l’association de lutte contre le sida, a décidé de faire appel.

Tout remonte à une action menée le 30 mai 2017. Ce jour-là, Act Up a décidé de perturber une réunion qui rassemblait les partisans de la Manif pour tous à Toulouse. Louise explique : « On a déroulé des banderoles, et on a collé des affiches où on les désignait d’homophobes, d’assassins et de complices du sida ». Suite à cela, son cas a été examiné pour la première fois au tribunal de grande instance de Toulouse le 10 septembre, où elle a été condamnée.

Outre l’amende et la condamnation en elle-même, Act Up a décidé de faire appel à cette décision, pour des raisons fondamentales. Pour Louise, « le fait d’être condamnée pour avoir utilisé sa liberté d’expression est très grave ». Elle explique que les discours de la Manif pour tous ont des conséquences néfastes sur les populations LGBTQ+. Et pourtant, « la justice bâillonne les détracteurs de groupes politiques et militants comme la Manif pour tous ». La militante ne comprend pas cette justice qui avait pourtant demandé la relaxe à la première audience. D’autant plus que ce mode d’action « fait partie de la façon de communiquer d’Act Up depuis sa création. »

Un combat permanent

Guy Molinier, salarié au sein d’Act Up Sud-Ouest depuis plus de 20 ans, raconte que ce n’est pas la première fois que la Manif pour tous porte plainte. Act Up-Paris a notamment déjà eu affaire à eux, mais avait en l’occurrence gagné le procès.  « Il y a une jurisprudence maintenant, on peut dire que la Manif pour tous est homophobe… Mais pour l’instant on peut pas encore dire qu’ils sont assassins et complices du sida », s’exclame Louise.

Ce terme de « complice du sida », Act Up y tient pour des raisons évidentes. « Avec leurs messages homophobes, les partisans de la Manif pour tous vont pousser les homosexuels à continuer à se cacher dans leur sexualité, à ne pas aller se faire dépister, ce qui amène à plus de contaminations au VIH », détaille-t-elle. « Cela complique leurs chances d’avoir un bon suivi médical, et ces discriminations font le nid de l’épidémie du sida » ajoute Olivia, militante à Act Up depuis plus de deux ans.

Guy Molinier relève la corrélation entre le nombre d’agressions homophobes qui ne cessent d’augmenter, et les propos de haine véhiculés par la Manif pour tous. Selon SOS homophobie, le nombre d’agressions physiques est en hausse de 66 %, passant de 139 en 2017 à 231 en 2018. Les militants d’Act Up se sont réunis pour faire passer un message clair : les droits des personnes LGBTQ+ ne sont pas à débattre. « On ne débat pas de nos existences, on ne débat pas de nos familles, on ne débat pas de nos amours, on ne débat pas de nos vies », soutient Louise Lourdou, avant de faire face au tribunal.