De José Garcia à Gad Elmaleh, en passant par Jean Dujardin et Omar Sy. Toutes ces stars comiques du cinéma ont démarré leur carrière à la télévision. C’est le thème de la soirée Zoom avant organisée à l’Université du Capitole : comment la télévision joue le rôle de passerelle entre ces acteurs et le cinéma à succès.
La fracture du cinéma français
La soirée joue un rôle de bande-annonce avant le festival Zoom arrière de la Cinémathèque, placé sous le signe du cinéma comique. Pour l’occasion, la directrice de la Cinémathèque, Natacha Laurent, est accompagnée de Serge Regourd, enseignant-chercheur spécialiste des médias. Sont aussi présents les réalisateurs Jacques Mitsch et Martin Le Gall, qui présentent chacun une de leur création.
Le constat est assez amer en ce qui concerne l’influence de la télévision sur l’industrie du cinéma français. Pour Serge Regourd, cette évolution aggrave une fracture au sein du système :« Il y a d’une part les grosses productions, avec des acteurs dits « bankables » (comprendre, vendeurs). Et à l’autre bout de la chaîne, les productions indépendantes à très petits budgets, dans une logique de diffusion plus confidentielle. La difficulté vient aujourd’hui de l’entre-deux : ces films supposant un certain budget mais qui n’ont pas recours au « star system » et qui sont de plus en plus difficiles à monter. »
Comment dit-on pompier en oubalsk?
Des réflexions qui font écho aux polémiques actuelles à propos d’un microcosme d’acteurs surpayés qui monopoliserait les salles obscures. Mais ceci ne doit pas faire oublier le thème de la soirée : l’humour. Et c’est pourquoi sont projetés deux films : Le mammouth Pobalski de Jacques Mitsch, et Pompier ! de Martin Le Gall. Petit zoom.
Le mammouth Pobalski raconte l’histoire de Pierre-Victor Bouvier, de Montgiscard dans le Lauraguais. Un scientifique qui, en quête de reconnaissance, se met à la recherche du mammouth laineux perdu dans les montagnes de l’Oubalski. Une province plus ou moins imaginée de la Russie. Au-delà de cette recherche archéologique, le film est surtout l’occasion de découvrir la culture oubalsk, son alcool de poulpitch (un poisson local) et son dialecte si particulier. Par exemple, faire l’amour se dit « Trikitoff » et usine donne « Azedeff »…
Le film suivant, Pompier! se passe dans les coulisses d’un théâtre un peu déjanté où l’ange manque à l’appel. C’est donc un technicien simplement nommé Pompier qui doit prendre sa place. Entre décors baroques totalement délirants et personnages courant à 100 à l’heure, le film passe à une vitesse incroyable et ne nous laisse aucun répit, jusqu’à une conclusion émouvante.
Au final, une pause comique bienvenue au milieu d’un cinéma français dont l’humour se retrouve de plus en plus formaté par la télévision. Mais les producteurs semblent être en permanence à la recherche de nouveaux talents. Mais si la télévision s’avère une source sûre, un autre média pourrait bientôt nourrir le cinéma comique : internet. L’entrée de Norman, le phénomène de Youtube, sur grand écran, n’a pas forcément été concluante, mais elle ne sera certainement pas la dernière. Il reste à savoir si le cinéma comique français saura tirer profit de la manne d’internet dans sa recherche de stars bankables.
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