Jusqu’au 23 mars, le festival de théâtre universitaire Universcènes présente des pièces de théâtre contemporain de cinq auteurs en langues étrangères à La Fabrique culturelle de l’Université du Mirail. L’occasion de découvrir l’histoire de ce festival et l’expérience culturelle qu’il représente.

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Universcènes, c’est un festival de théâtre universitaire qui existe depuis 2007. L’événement est né du regroupement de plusieurs compagnies de l’Université du Mirail autour d’objectifs communs : « Faire découvrir du théâtre contemporain, éditer les pièces en bilingue et organiser un événement scientifique autour de la pièce » explique Fabrice Corrons, chargé de communication pour le festival.

Déjà, en 1995, Les Anachroniques, aujourd’hui compagnie professionnelle et bilingue français-espagnol, avaient initié des rencontres théâtrales selon ce triptyque. Puis, en 2002, la compagnie de théâtre allemand La Vieille Dame a fait la même chose. Depuis, d’autres compagnies universitaires se sont jointes au projet.

Cette année, ce sont cinq associations de théâtre de l’université du Mirail qui participent avec des pièces en allemand, anglais, polonais, italien et espagnol. Ces textes d’auteurs contemporains seront publiés par les Presses universitaires du Mirail.

Le festival demande un travail tout au long de l’année, assumé par des enseignants bénévoles qui gèrent le suivi et l’organisation d’Universcènes. Un point clé de la réussite du festival est que « l’association a su instaurer une complicité, une culture d’équipe, de l’entraide », selon Fabrice Corrons.

Universcènes, à la croisée des cultures

« L’intégration du surtitrage est née en 2004 avec Les Anachroniques » explique le chargé de communication d’Universcènes. Le surtitrage est un travail à part entière dans la création des spectacles. En partenariat avec le Centre de Traduction, d’Interprétation et de Médiation Linguistique (Cetim), des étudiants en traduction participent aux projets théâtraux, dans le cadre de leur formation. Anaïs Bouchon, qui surtitre le spectacle de la compagnie italienne I Chiassosi, a participé à toutes les répétitions : « le travail de surtitrage est en constante évolution, on s’adapte à ce qui se passe sur scène ».

Une particularité de Barracrónicas, la compagnie de théâtre espagnol, est d’intégrer la langue des signes française à ses spectacles. Cette collaboration est importante pour Patrick Gache, interprète-traducteur en langue des signes française et formateur au Cetim : « Le principe de la langue des signes c’est de dire, mais surtout de donner à voir, donc c’est un fonctionnement proche de celui du théâtre, c’est un travail sur l’iconicité de la langue. Ce qu’on acquiert dans cette pratique théâtrale, ça sert pour plus tard pour les interprètes en langue des signes ».

Jouer les textes dans leur langue originale, les traduire en français et les interpréter en langue des signes sont des engagements du festival. Hegoa Garay, metteuse en scène de Barracrónicas, exprime l’intérêt de cette démarche, car « ce sont des contraintes choisies qui servent un propos multiculturel. Ça oblige à travailler en collaboration, respecter les différents codes. C’est aussi revendiquer un espace d’expression publique qui a peu de place ».

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Pour Hegoa Garay, « le théâtre universitaire a un intérêt qui est celui de ne pas être régi par des coûts du spectacle, donc il y a une possibilité d’expérimentation, de mêler les genres et les disciplines. C’est un véritable lieu d’échange expérimental, de formation ».

Pour la compagnie I Chiassosi, le processus de création est passé par une mise en scène prise en charge collectivement et guidée par le metteur en scène Jean-Claude Bastos : « On a travaillé le texte tous ensemble, on en a beaucoup parlé, on s’est posé beaucoup de questions », explique Antonella Capra. Émilie Villain, étudiante d’italien, souligne que « les intentions mettent du temps à venir, car il faut d’abord comprendre le texte ».

Nina, étudiante à l’Institut Pluridisciplinaire pour les Études sur les Amériques, voit dans sa participation au travail théâtral en espagnol comme « quelque chose de très enrichissant, c’est s’ouvrir à des théâtres différents, donc à des cultures différentes ». Pour elle, le festival offre un véritable « dynamisme interculturel et la possibilité d’écouter des langues différentes ».

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À l’instar de Xavier, qui ne savait pas parler italien : « J’ai appris la pièce avec une traduction en français, j’ai travaillé la prononciation autant que le texte ». Pour lui, l’interprétation a pu être difficile mais « on joue déjà un autre rôle quand on parle une autre langue ».

Pour Antonella Capra, ce travail théâtral véhicule aussi « le souci d’apprendre et d’enseigner autrement que sur les tables de classe. Ça enseigne beaucoup plus sur la langue, la culture ». Cet intérêt est relevé par Fabrice Corrons qui voit la création de ces spectacles en langues étrangères comme un moyen de « favoriser l’apprentissage en langues étrangères par le théâtre, apprendre mieux avec la pratique orale », et finalement l’incorporer.

Pour voir le programme du festival : Universcènes.