A trois mois des élections régionales, aucune alliance ne semble envisagée entre Myriam Martin (LFI), Antoine Maurice (EELV) et Carole Delga (PS). Les électeurs de gauche auront vraisemblablement le choix entre ces trois listes au fort potentiel électoral mais avec un risque de dispersion des voix. 

Les mains tendues se sont multipliées ces derniers mois, en vain. C’est autour d’Antoine Maurice (EELV) que toute l’attention s’est concentrée. La France Insoumise, avec Myriam Martin, souhaitait une alliance avec l’écologiste comme lors du premier tour des municipales à Toulouse. Carole Delga (PS), quant à elle, aurait aimé s’associer avec les Verts pour créer une vague insubmersible la menant à sa réélection. Que nenni ! Europe Ecologie Les Verts a décidé d’y aller quasiment seul (avec seulement quelques partis « d’appoints »). Un choix qui agace, notamment dans les rangs Insoumis :

Un choix qui interroge également. A une petite centaine de jours de l’échéance électorale, Antoine Maurice est seulement crédité de 9% d’intention de votes dans le dernier sondage réalisé par l’IFOP. Une situation qu’il connait puisqu’au départ c’est à peu près le pourcentage de votes que les sondages lui promettaient dans sa course à la mairie de Toulouse. Mais la situation est néanmoins différente. La campagne n’est pas encore vraiment lancée mais se lancera-t-elle bientôt ? Pas sûr, avec toutes les restrictions sanitaires en vigueur et qui risquent de perdurer encore plus d’un mois. Par ailleurs, l’électorat n’est pas le même et, on l’a vu lors des municipales, c’est plutôt les métropoles qui sont amenées à voter Verts. On observe une plus grande réticence dans les campagnes.

Une concurrence des légitimités est remarquable entre Delga et Maurice. L’écologiste s’appuie sur les dernières élections municipales où il est passé près de renverser le maire toulousain Jean-Luc Moudenc. Tandis que la socialiste est la présidente sortante de la région. Elle s’appuie fortement sur son bilan pour faire campagne en mettant notamment en avant son Green New Deal. Elle espère ainsi attirer une partie de l’électorat des Verts ou tout du moins retenir son électorat également sensible aux questions climatiques. Il faut également avoir en tête les bisbilles créées par les Municipales. Nadia Pellefigue, candidate PS et vice-présidente de la région, s’était effacée au profit d’Antoine Maurice au second tour mais n’avait pas rejoint sa liste. Carole Delga avait soutenu l’écologiste lors de la dernière semaine d’un entre deux tours pourtant long de trois mois. Un soutien jugé trop tardif pour certains partisans des Verts.

La menace d’une union des droites

Des antagonismes que certains voudraient oublier pour éviter un éparpillement des voix trop larges qui pourrait profiter au Rassemblement National, en tête lors du premier tour en 2015. Carole Delga l’avait ensuite emporté lors d’une triangulaire avec le candidat de droite Dominique Reynié. Mais cette année, le scénario pourrait être différent. L’hypothèse d’une union des droites a longtemps fait la Une, avec notamment Robert Ménard et Brigitte Barèges. La condamnation de cette dernière, désormais inéligible, a coupé court à cette stratégie. L’investiture de Jean-Paul Garraud comme tête de liste du RN peut s’inscrire dans cette volonté de rapprochement avec l’électorat de droite classique. Ancien député UMP, il a été un membre influent de ce parti et de LR. Très apprécié par Marine Le Pen, qui le verrait bien ministre de la Justice, il pourrait plaire à un électorat plus large que simplement celui du RN. LR se cherche d’ailleurs beaucoup et devrait investir dans les prochains jours Aurélien Pradié après avoir longtemps hésité avec Christophe Rivenq, à un moment annoncé candidat mais jugé trop impopulaire à la suite d’un sondage récent.

La droite et son versant le plus extrême représentent donc un danger certain pour la gauche actuellement à la tête de la région. Même si le dernier sondage IFOP donne Carole Delga réélue dans tous les scénarios, la marge n’est pas importante. C’est le sens de son appel au rassemblement avec la liste d’Antoine Maurice : « La désunion des amis est l’espérance des ennemis« , a-t-elle écrit. L’écologiste ne partage pas cette vision et ne pense pas qu’une union dès le premier tour aurait une quelconque influence sur le score de l’extrême droite. Pour lui, il apparait plus judicieux de présenter chacun sa vision pour que le plus grand nombre d’électeurs se retrouve dans une liste présente et vote. Une manière, à ses yeux, de lutter contre l’abstention qui elle aussi sera une des grandes protagonistes de cette élection.