Les 400 000 votants de la Primaire populaire ont désigné dimanche 30 janvier au soir Christiane Taubira comme étant la candidate la plus à même de représenter la gauche à l’élection présidentielle. Yannick Jadot puis Jean Luc Mélenchon la suivent avec de très bons scores eux aussi.
Au QG de l’équipe toulousaine de la Primaire Populaire, l’ambiance n’était pas aussi festive qu’on aurait pu le penser. Le processus de la Primaire se solde par une victoire à la Pyrrhus selon Benoît, responsable du pôle action de rue. « On a eu 400 000 votants, c’est énorme, mais beaucoup de gens, notamment les médias et les partis ne nous ont pas compris. On nous accuse d’être un comité de soutien de Taubira alors qu’on cherche sincèrement le rassemblement ». Même constat pour Nejla, chargée des relations avec les autres organisations politiques. Selon elle, « Taubira a largement gagné parce qu’elle et ses militants ont adhéré à la primaire populaire : si La France insoumise et Europe Écologie les Verts avaient investi le mouvement, ils auraient eu toutes les chances de finir premier ».
Romain, investi dans la campagne de Mélenchon à Gaillac, estime qu’environ un tiers des militants insoumis ont participé à la Primaire. Selon lui « Taubira représente un symbole fort qu’elle l’incarne avec charisme mais ça ne remplace pas un programme ». Il rappelle les incertitudes sur les convictions politiques de la candidate. Parfois classée dans l’aile gauche du parti socialiste, elle est pourtant issue d’un parti plutôt centriste, le Parti radical de gauche. « Tout comme Arnaud Montebourg ou Anne Hidalgo, elle est largement guidée par l’opportunisme ».
Le problème à l’origine de cette mobilisation reste entier. La gauche est divisée, avec maintenant huit candidats. Pour autant, la victoire de Taubira était la meilleure chose qui pouvait arriver pour le mouvement à ce stade selon Jean-Michel, un troisième militant de la Primaire à Toulouse. « Après avoir critiqué pendant des mois le mouvement, jamais Jadot ou Mélenchon ne seraient venus signer le socle commun comme est venu le faire Taubira ».
Un classement qui laisse perplexe
Du côté des surprises, Benoît s’étonne de l’échec des candidatures de Charlotte Marchandise et Anna Agueb-Porterie «c’est sûr qu’elles sont moins visibles mais aussi beaucoup moins clivantes que les gros candidats». Même surprise devant le résultat de Anne Hidalgo qui n’obtient que la cinquième place après Pierre Larrouturou, et celui de Yannick Jadot qui obtient la deuxième place. Selon Jean-Michel, les bons résultats du candidat écologiste seraient le résultat d’une participation massive des électeurs
EELV malgré l’appel au boycott de leur candidat. Les électeurs mélenchonistes auraient davantage adhéré à la stratégie de candidature individuelle.
Romain, propose une analyse différente « Jadot arrive avant à cause du jugement majoritaire. C’est un candidat qui clive moins parmi les électeurs de la primaire. Mélenchon, son caractère, ça insupporte l’électorat éduqué. La sociologie des votants à la Primaire est très compatible avec Europe-Écologie-Les-Verts : une écologie sans lutte des classes ».
C’est quoi la suite pour la Primaire?
L’équipe de la Primaire toulousaine va maintenant rentrer dans un processus de mutation avec une redéfinition des buts du mouvement et de ses participants. « On doit d’abord assimiler la nouvelle situation », temporise Jean Michel. « Voir quelles sont les réactions des candidats, de Mathilde et de Samuel (les deux porte-paroles de la Primaire populaire) ». « Personnellement je suis écartelée», ajoute Nejla. « Le programme de Jadot me semble intéressant, la candidature de Mélenchon paraît être la plus crédible et maintenant j’ai aussi l’option Taubira ! ».
Selon Benoît, « le mouvement devrait maintenant se rapprocher des comités de soutien à Christiane Taubira », mais Nejla attend d’abord de voir comment la gagnante de la Primaire se propose de « réaliser l’Union ». Autres projets : organiser du porte-à-porte pour lutter contre l’abstention et préparer une nouvelle Primaire populaire mais cette fois-ci pour les législatives ,en misant sur « des candidats locaux plus coopératifs que les nationaux », espère Benoît.
Elie et Malo TOQUET
Photo d’entête © primaire populaire