Ce dimanche 7 mars, à 14h30, battent les premiers tambours. C’est le carnaval sauvage qui commence dans le parc Michelet (quartier Bonnefoy) à Toulouse. 

Alors que vendredi 5 mars, la préfecture de Haute-Garonne interdisait « l’organisation de rassemblements et de défilés en lien avec la tradition du carnaval » à cause de la crise sanitaire de la Covid-19, les carnavaliers en ont décidés autrement.

Il est 14h15 quand les premiers groupes arrivent Parc Michelet. Les regards se croisent hasardeusement, les déguisements sont timides ou encore cachés. Il règne comme un sentiment d’attente.
Un quart d’heure plus tard, le parc se remplie. Peu à peu, la pelouse verte s’habille de multiples couleurs. Les masques chirurgicaux tombent et ceux du carnaval les remplacent. Des sons, des instruments, des chansons se font de plus en plus audibles. La place prend vie.
Des danseuses arrivent par l’entrée sud. Au rythme de la fanfare qui les suit, elles s’emparent de la place publique. Environ 300 personnes les encerclent et, au même rythme, battent du pied, chantent, dansent et s’entrelacent.
« On est là pour vivre. Pour nous, vivre, c’est danser, rire, partager. On veux juste faire ça aujourd’hui », explique, euphorique, un jeune homme masqué.

« Ne nous regardez pas, rejoignez nous! »

Les policiers bloquent le passage sous le Pont Raynal. Crédit photo : Marie Hazan

À 15h10, le cortège démarre. Quelques mètres seulement après le départ, la trajectoire change. Des policiers, mobilisés en nombre, font barrage sous le Pont Raynal. Qu’à cela ne tienne ! Le cortège emprunte un nouvel itinéraire et prend la direction du parc de la Maourine.
« Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! », scandent les participants à ceux qui les regardent passer, depuis leur fenêtres, leurs balcons ou le trottoir opposé. Et ils sont nombreux à les rejoindre, puisque la foule atteint rapidement le millier de carnavaliers. Les instruments sont nombreux – tambours, cymbales, trompettes, trombones, clarinettes,… et même des casseroles battues par des cuillères de bois. C’est la musique qui semble rythmer le pas.
« J’avais oublié ce que c’était de danser, de chanter, de rire, le tout en musique et en extérieur ! », s’exclame une quarantenaire, avant de disparaitre dans une foule de déhanchés.
« On est là pour réinvestir l’espace publique », pour « vivre à nouveau », et pour « remettre de la couleur dans tout ce morose », témoignent certains des carnavaliers manifestants.

Quelques costumes plein d’imagination. Crédit photo: Angélina Fourcault

 

« La rue elle est à qui ? Elle est à nous ! »

Le « sapin Carnaval » brûle. Crédit photo : Marie Hazan

Après deux heures de marche dans les rues des quartiers de Bonnefoy et des Minimes, le défilé arrive au parc de la Maourine, sans débordements. Quelques pétards et tags ponctuent l’avancée, mais aucune forme de violence n’est apparue. Les policiers encadrent la manifestation et assurent la sécurité sans ne jamais avoir à intervenir.
Arrivé au parc, le rassemblement s’amincit. Certains rentrent, d’autres abandonnent la manifestation pour se reposer sur la pelouse. Il reste environ 300 personnes qui dansent, chantent et crient autour d’un monsieur carnaval (remplacé par un sapin de Noël séché) en feu.

Des caravaniers sous une pluie de confettis. Crédit photo : Angélina Fourcault

C’est sur ces dernières notes que trinquent les dernières bières, que se font entendre plusieurs « on bouge avant le couvre-feu », et que les personnes s’entrelacent avant de se quitter.
Certains courageux braveront le couvre-feu pour faire perdurer cette ambiance de fête, au-delà de la lumière du jour. « La rue elle est à qui ? Elle est à nous ! », ont-ils scandé. Pour deux heures aujourd’hui, la rue n’était à personne d’autres qu’à la fête, la danse et les pluies de confettis.

 

 

 

                                                                               

Photo de Une : La foule danse, chante et fait la fête pour le Carnaval. Crédit photo : Marie Hazan