Depuis trois ans, les bénévoles de l’association Tous Solidaires 31 organisent toutes les semaines une maraude pour les sans-abris. L’occasion de distribuer repas, produits d’hygiène, vêtements et sourires à ceux qui sont dans le besoin dans les rues de Toulouse. 

Marie, Thomas et Anaïs se sont donnés rendez-vous devant la gare Matabiau à Toulouse, à la sortie du métro. Paniers, sacs et valises à la main, ils sont parés pour offrir à quelques sans-abris de quoi manger pour le diner. Raymond interpelle l’une des bénévoles. « Bonjour, qu’as-tu à proposer aujourd’hui ? » L’homme de 70 ans remplit son sac avec deux bouteilles d’eau et un sandwich. « C’est un habitué. Avant on finissait toutes les maraudes par la gare, où dorment beaucoup de SDF. Mais on n’a plus le droit d’y aller », explique Marie.

Les bénévoles distribuent des denrées aux sans-abris pendant leur maraude. Crédit : Emilie Roussey

Depuis trois ans, l’association Tous Solidaires 31 organise une maraude hebdomadaire. « On a décidé de créer l’association pour avoir un statut et pouvoir démarcher des commerçants », raconte Marie. « Mais aujourd’hui on n’a plus le temps d’aller chercher des repas dans les boulangeries à qui on s’était présenté. Ça demandait trop d’organisation, et on n’est pas assez nombreux ».

Cuisiner, récupérer ou acheter pour donner

Ce soir-là, ils ne sont que trois à parcourir les rues de Toulouse. « On essaie d’être au moins deux bénévoles par maraude, mais c’est difficile avec le travail, la famille », déplore Marie. Après la gare, direction Jean Jaurès puis le Capitole. C’est la première fois qu’Anaïs participe au rendez-vous hebdomadaire. Sandwichs, plats chauds, clémentines, bouteilles d’eau : elle a récupéré certains plats grâce à l’application Too Good To Go qui permet aux commerçants de vendre leurs restes à un prix moindre, mais elle a aussi cuisiné et acheté en supermarché certains produits.

« On essaie d’être au moins deux bénévoles par maraude, mais c’est difficile avec le travail, la famille » Marie

« C’est super bon ! » se réjouit Maxime. A 18 ans, il vient d’obtenir un essai en tant que crêpier. « C’est super il a décroché un travail le petit, il va travailler de 18h à 3h du matin, mais après il dormira dans la rue. Vous vous rendez-compte ? » s’insurge Marco, un sexagénaire proche de lui. Regards compatissants, « c’est peut-être le début de quelque chose », trouve à dire l’un des bénévoles.

Crédit : Emilie Roussey

L’occasion de maintenir des liens sociaux

Plus loin, devant un petit supermarché, un groupe d’hommes fait la manche, bières à la main. « Qui veut du café ? » propose Marie. « Attention c’est chaud ». Sourires aux lèvres, les sans-abris profitent de la présence des participants de la maraude pour discuter un peu. Météo, besoins, attitudes des gens qui passent devant eux, tout y passe. Les maraudes, c’est aussi l’occasion pour eux de maintenir des liens sociaux. « Je suis hongrois, je suis arrivé en France il y a cinq ans, mais c’est très difficile de s’insérer », explique l’un d’entre eux en anglais.

N’être que trois ce soir-là permet au groupe de bénévoles de prendre du temps avec chacun, sans aucune gêne. Mais cela limite aussi le nombre de repas distribués. Initialement prévue de 19h à 22h, la maraude ne durera finalement qu’une heure. Les trois bénévoles se quittent sans oublier d’écrire le bilan de la soirée sur le groupe Messenger des membres de l’association. « Ce mercredi nous étions trois, nous avons tout distribué : plats chauds, sandwichs, clémentines, bouteilles d’eau, gels douche et vêtements pour femmes. Et nous avons croisé beaucoup de monde ».