Le couvre-feu généralisé à 19h annoncé par Jean Castex, le 18 mars, a rendu une heure de liberté aux français. Une heure pour se balader, s’aérer l’esprit après une journée de travail et pourquoi pas, se laisser tenter par une bière. Une situation qui a permis à de nombreux bars toulousains d’augmenter leur très maigre chiffre d’affaire.
« Wahoo on est dans un bar c’est épatant ! », s’exclame Juliette, 25 ans lorsqu’elle passe les portes du bar George & Dragon dans le centre de Toulouse à 18h30. Ici, l’esprit est intact, tout est là : les tireuses à bières, les bouteilles derrière le barman, les télés, les chaises, les tables et même les jeux de société. Mais « un être vous manque et tout est dépeuplé » dit l’adage. L’absence de clients attablés créent une atmosphère pesante dans un lieu où l’ambiance est habituellement si festive. Juliette restera moins de cinq minutes à l’intérieur, masquée, le temps de commander et de récupérer sa bière pression en canette avant de ressortir. Une première pour elle en 2021 : « Je rentre à Toulouse à 18h donc je ne pouvais pas venir avant », explique-t-elle. Juliette fait donc partie des personnes qui profitent fortement de ce nouvel horaire du couvre-feu, contrairement à un de ses amis, Nathan, 25 ans également : « Ça change rien pour moi car à cause du Covid je suis au chômage partiel donc je peux venir à n’importe quelle heure. »
Les bars, eux aussi font le constat d’une plus grande fréquentation depuis bientôt dix jours et cette nouvelle mesure. « On a plus de clients, le chiffre d’affaire s’est un peu amélioré. On a de la chance d’avoir suffisamment de clientèle pour que ce soit profitable même si on est toujours en perte« , confie le manager du George et Dragon. Même constat à La Fabrique, quelques mètres plus loin : « Il y a une amplitude horaire plus importante et le 18-19 pour ceux qui veulent se poser c’est agréable« , explique la propriétaire des lieux. La situation est similaire, rue Pargaminières, pour le Bar des Zés selon son patron « On voit des gens qui n’avaient pas le temps de sortir avant 18h, notamment en semaine. » Mais tout le monde s’accorde également sur une autre cause de la hausse des fréquentations : le retour des beaux jours. L’influence de l’horaire est donc certaine mais ce n’est pas le seul facteur.
Des ventes à emporter très encadrées
« Interdiction de consommer devant le BDZ », voilà ce qu’on peut lire sur la devanture du Bar des Zés, rue Pargaminières. « Ce sont les règles gouvernementales depuis le début, avec le service à emporter, on n’a pas le droit de stagner », développe la patronne de La Fabrique. Tout est fait pour éviter que de nombreux regroupements de consommateurs non masqués se forment juste devant les bars. Et ce sont les établissements qui sont garants de ces règles. « Il fallait faire un petit peu la police au début mais dans la grande majorité des cas les gens jouent le jeu« , explique-t-on au George & Dragon.
Une règle qui s’ajoute à de nombreuses autres créant tout un enchevêtrement, » On a également comme obligation de ne pas servir dans des verres en plastique, il faut des contenants fermés car il y a la loi qui interdit l’alcool sur la voie publique normalement », éclaire la propriétaire de la Fabrique. Des règles qui visent donc à ce qu’il n’y ait aucun regroupement devant les bars. Mais dans la plupart des cas, les groupes d’amis s’en vont consommer dans les lieux publics. Parcs, places et berges sont prisés pour passer une bon moment, surtout avec le retour des beaux jours. C’est le cas de Camille, 25 ans, sur les berges avec quatre amis : « Ça permet de prendre l’air après le travail et de se changer les idées parce que sinon on passe nos journées entre la maison et le travail, c’est lourd !« . Des comportements qui ont entrainé la fermeture des berges, samedi soir. Dans son communiqué, le préfet indique se baser sur la forte consommation d’alcool et le non-respect des gestes barrières pour justifier cette fermeture.
Crédit photo couverture : Maël Russeau