A Toulouse, la mobilisation continue. Jeudi 23 janvier, c’est flambeau au poing que les Toulousains ont pris la rue. Le mode d’action est différent, mais les revendications restent les mêmes, notamment le retrait de la réforme des retraites par points.
Aux alentours de 17h30 ils étaient 1500 à être réunis sur le parvis de la gare Matabiau pour une première manifestation “intersyndicale interprofessionnelle”. Cette marche préalablement déclarée en préfecture s’est élancée sur les « ramblas ». A Jean Jaurès, un second cortège, non déclaré, mis en place par d’autres mouvements en lutte dont les Gilets Jaunes, ont repris le flambeau.
Torche en main, drapeau de la CGT sur le dos, Simon parle de l’aspect symbolique de cette marche qui “rappelle la révolution”. Pour cet ingénieur en informatique, comme pour d’autres, c’est “l’aspect spectaculaire qui joue ici”. Le réel but d’une telle manifestation est “d’occuper le terrain médiatique”.
Ce mode d’action quelque peu singulier n’en reste donc pas moins efficace grâce au message symbolique qu’il délivre. Mais pour d’autres, comme Philippe, ce n’est “pas assez fort”. Ce postier manifeste sans relâche depuis le 17 novembre 2018, au sein du mouvement des Gilets jaunes. “Je ne suis pas que pour la symbolique. Je pense que les actions comme les blocages ont plus d’impact”, confie-t-il. Ce qui a une réelle incidence, “c’est la grève, parce que ça attaque directement le portefeuille des entreprises”.
Un deuxième acte au Capitole
La place du Capitole a été investie peu après 19h, alors qu’un arrêté du préfet de la Haute-Garonne interdisait toute manifestation sur ce lieu. Pourtant, les accès n’ont pas été bloqués. Selon Les observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme présents, il s’agirait peut-être d’un “manque d’effectif policier” au vu des manifestations qui arrivent dans les prochains jours.
Le retentissement d’un feu d’artifice est venu se mêler aux notes de la chorégraphie “A cause de Macron”, lancée par une dizaine de féministes. Cathy, vêtue d’une blouse bleue, a participé à cette démonstration, qui émane au départ de l’association “Attac Paris”. Elle explique que cette action interprofessionnelle intersyndicale a pour but de “montrer à quel point la réforme de ce gouvernement sur les retraites porte atteinte aux plus précaires, mais en particulier aux femmes”.
Les militantes du collectif autogéré et féministe “Toutes en grève”, présentes ce soir, ont soutenu ces propos, mettant en avant que cette réforme “est un mensonge du gouvernement qui parle des femmes comme des grandes gagnantes, alors qu’elles seront les grandes perdantes”.
De nouvelles formes de mobilisations
A Toulouse ces temps-ci, on observe rapidement qu’un mode d’action n’en empêche pas un autre, puisque, comme l’explique Laura, étudiante, “d’autres formes de revendications et d’auto-organisations se mettent en place, pour contester”. Cela prend part à “une autre forme d’ajustement, qui sort du contexte de mobilisation d’une manifestation”.
Malgré un nombre de manifestants en baisse, on ne peut pas utiliser le terme d’“essoufflement” à proprement parler selon les Toulousains puisque “les Français sont encore mobilisés, mais sous d’autres formes.” Des modes actions qui se rapprochent dans le message véhiculé à la marche aux flambeaux de ce jeudi soir prennent donc place. Laura explique: “on le voit avec les avocats, tous les métiers qui jettent leurs robes, c’est aussi un acte symbolique”. Pour elle, toutes les méthodes sont efficaces, de la manifestation classique des gilets jaunes et des syndicats, aux actions plus violentes. Puisque “c’est une manière de contester la violence sociale et symbolique de l’État”.
Ce vendredi 24, le projet de réforme des retraites sera présenté en conseil des ministres, et le principal but des Toulousains est de montrer au gouvernement que le mouvement “n’est pas mort”, et “qu’il y a encore beaucoup de gens mécontents”. Pour Cathy, “il faut continuer à mettre la pression pour montrer que ce n’est pas ce modèle de société que l’on veut”.
Sous la lumière des bougies et la fumée des fumigènes, la “manifestation sauvage” a continué ensuite son chemin en direction de François Verdier, rassemblant encore plusieurs centaines de personnes.