Elles sont régulièrement organisées par des chercheurs à la Toulouse school of economics (TSE) dirigée par Jean Tirole. Ces différentes expériences scientifiques analysent le comportement de volontaires lors de sessions qui ont tout l’air d’un jeu.

En s’inscrivant sur la liste des volontaires à une expérience scientifique, on s’imagine en cobaye, testeur de médicament ou autre. Pourtant les chercheurs de la TSE, comme ceux du groupe de recherche Behavioral and experimental economics (BEE) ne portent pas de blouse blanche.

L’expérience du jour se déroule à la Manufacture des tabacs et elle est organisée par Olivier Armantier, professeur invité par la TSE et travaillant pour la Federal Reserve, la Banque centrale des États-Unis. C’est lui qui accueille les douze participants avec le sourire, signalant qu’avec le surbooking, il sera obligé de refuser les retardataires. En entrant dans la salle, chaque participant tire au sort un numéro et va s’asseoir devant l’ordinateur correspondant.

Une simulation très ludique

Puis le chercheur explique en détail le déroulement des prochaines 90 minutes. Pour cette expérience, le groupe sera divisé entre banques et investisseurs. Les banques auront à leur disposition plusieurs moyens de se financer, et les investisseurs vont devoir choisir d’investir ou non dans la banque qui leur est proposée.

Les gains des uns et des autres se cumulent au fur et à mesure des manches, et à la fin de chaque manche les participants reçoivent des informations sur le comportement des autres, ce qui peut influencer leurs prochains choix.

Pour peu que l’on soit un peu joueur, on se prend très rapidement à l’expérience. Griffonnant des calculs sur la feuille de brouillon, pariant sur les décisions des autres, et grimaçant parfois lorsqu’on se trompe. C’est que, pour que l’expérience soit concluante, il faut que l’enjeu soit tangible. Les participants sont rémunérés en liquide, et leurs gains réels dépendent de leur réussite dans la simulation. À la suite d’une bonne série, on peut repartir avec entre 15 et 20€ en poche.

Des publications scientifiques sur le long terme

Ces expériences de micro-économie sont réalisées en plusieurs vagues. La multiplication des sessions, chaque fois avec de nouveau volontaires, permet aussi d’élargir l’échantillon. Mais la publication des résultats prend beaucoup de temps, nous confie Olivier Armantier.

« Il faut en général compter plusieurs années pour publier un article scientifique. Les revues ont un comité de lecture, qui doit tout analyser. L’économie appliquée intéresse aussi des organismes comme la Fed [la banque centrale des États-Unis] qui travaille avec des universitaires et des groupes de chercheurs : le but est de remplir son rôle le mieux possible. »

Il est possible de participer même sans avoir suivi de formation en économie. Mais connaître un peu de théorie permet d’éclairer sur les concepts qui sont testés en laboratoire, grandeur nature.