Étudiants français, américains, ou d’autres nationalités se sont donné rendez-vous pour cette soirée très américaine et tout en anglais à partir de 21 heures et durant les six heures suivantes. Quelques déguisements et clins d’œil aux clichés américains s’affichent dans la salle. Ainsi l’on peut croiser la Statue de la liberté ou des pompoms pro-McCain, ainsi que de nombreux tee-shirts siglés Obama. Pour tenir le coup, étudiants, professeurs et invités peuvent acheter gâteaux, boissons ou crêpes, également préparés par le staff IEPien de la soirée.
Les étudiants chargés des relations publiques ont obtenu la présence du consul des États-Unis et des responsables du Dickinson College.
L’ambiance bon enfant doit beaucoup à la prestation des animateurs et présentateurs de la soirée. Un corps animé par des étudiants motivés pour créer une atmosphère humoristique. Ainsi, entre les passages « live » de CNN sont diffusés des reportages, souvent réalisés par les étudiants de 4ème année en master de journalisme. D’autres étudiants (comme l’association Amphithéâtre) proposent des moments beaucoup plus légers.
Au gré des couloirs, les étudiants sont globalement ravis avec une « très bonne ambiance comme toujours à Sciences-Po » confie l’un des présentateurs. D’autres relèvent quelques petits soucis comme Alexia « Bonne soirée, même s’il y a quelques problèmes techniques, c’est dommage », ou une étudiante en journalisme très déçue par ces mêmes défaillances techniques : « On s’est donné du mal pendant le montage et finalement le son est mauvais ici ».
Autre bémol, également souligné par la directrice de l’IEP, Laure Ortiz : un service de sécurité IEPien trop zélé. Ainsi, plusieurs étudiants, qu’ils soient inscrits dans l’établissement ou non, se sont vus refuser l’accès faute d’invitation à présenter à l’entrée et se rabattaient sur la soirée de l’ESC (Ecole supérieure de commerce) ; certains IEPiens déploraient ne pas avoir été informés.
Cela n’empêchait pas Laure Ortiz d’affirmer que: « La soirée est très réussie, elle est, à mon avis, meilleure qu’il y a quatre ans ». Un bilan somme toute encourageant pour organiser une 3ème édition de l’événement dans quatre ans.
Entretien avec David Brown, consul des États-Unis d’Amérique à Toulouse, quelques heures avant le résultat des élections
« En période d’élections, la vision européenne est bien différente de la vision américaine. Pour les Européens, le programme est très important : chaque mot utilisé est mesuré, chaque point du programme est analysé, débattu, attaqué ou défendu. Les critiques faites entre les candidats, se font sur les projets d’actions, sur les idées.
Aux Etats-Unis, ce n’est pas la même chose. Les Américains ne regardent pas le programme en priorité ; c’est la personnalité et le charisme qui jouent avant tout. Ce détail est très important car c’est au travers de la vie des candidats, et donc au travers des valeurs qu’ils représentent, que les gens vont déterminer pour qui ils vont voter. Les Américains veulent savoir si le prétendant à la Maison-Blanche a fait la guerre du Vietnam ou non, dans quelle université il a fait ses études, qui sont ses amis proches, quels sont ses loisirs, etc. Il est vrai que les médias ne sont pas innocents dans ce jeu-là, mais il ne s’agit pas de voyeurisme, il s’agit simplement de découvrir « la vérité » sur chaque prétendant.
Au fond, le programme importe peu. Pour cette élection, qui peut dire quelles sont les idées de McCain ou d’Obama en ce qui concerne la politique extérieure ? Il est vrai qu’au début de la campagne, on a un peu parlé de l’Afghanistan, mais aujourd’hui la crise financière a tout balayé. Pourtant, les problèmes existent toujours, et les Etats-Unis sont impliqués dans des sujets très sensibles : guerre en Irak et en Afghanistan, nucléarisation de l’Iran, affrontement en République démocratique du Congo.
Lors d’une élection présidentielle, l’homme est en lui-même un argument électoral. Certes, parfois on en fait un peu trop ; on a beaucoup vu les deux colistiers Sarah Palin et Joe Biden, mais selon moi ils n’ont eu aucune influence sur l’élection… Personnellement, je n’ai pas voté pour un vice-président.
Néanmoins, le charisme des candidats reste primordial. Par exemple Barak Obama, c’est d’abord un symbole ; il représente à lui seul une révolution. Mais tout cela reste de la perception car au fond, s’il est élu, sa politique va t-elle être à l’image du personnage ? Personne n’est capable de le dire. »