putaindimge.jpg Le retour aux partiels du 9 au 12 janvier a été difficile pour certains étudiants. La mobilité serait la principale responsable de ce malaise. Confrontation de points de vue, tant du côté des étudiants que du côté enseignant.

Plus légère qu’en 1ère et en 2ème année, mais pas moins angoissante, la session de partiels des « 4A » a été celle de tous les tourments : un QCM d’économie, une dissertation de sociologie de l’action publique, des questions de cours en histoire, ainsi qu’une épreuve en cours de spécialité… autant d’examens, que certains avaient oublié… Evidement, il a fallu réviser mais la plupart d’entre eux ne l’avaient plus fait depuis un an, la faute à la mobilité professionnelle. «Ça a été un peu rude de se remettre à produire ce qu’on faisait en 1ère et en 2ème année… ça fait plus d’un an et demi qu’on n’avait pas fait ça ! », nous confie Sarah, étudiante en 4ème année.

Le premier cycle de Sciences Po est, en effet, largement consacré à l’enseignement de la méthode : les étudiants apprennent à maîtriser le fameux plan en deux parties-deux sous-parties, même si les professeurs n’ont de cesse de répéter que ce qui importe, c’est une organisation logique et un agencement pertinent des idées dans l’exercice de la dissertation. La 3ème année apparaîtrait donc comme une rupture dans cet apprentissage. En stage pendant 16 semaines minimum, les 3ème année sont évalués sur un rapport traitant de leurs activités au sein de l’entreprise choisie. « Les étudiants choisissent plutôt la mobilité professionnelle, car ils ne sont jamais allés en entreprise. Ils gagnent en maturité et quand ils reviennent, ils ne sont plus les mêmes ! », explique Marion Faitot, chargée de stages pour le premier cycle.

« Ça reste ! »

Si la plupart des étudiants partent en mobilité professionnelle, ceux qui ont opté pour un séjour académique ont aussi leur mot à dire : « A Montréal, les partiels étaient différents, explique Charles, qui a fait sa mobilité à l’UQAM, il y avait plus de contrôle continu, plus de travaux à la maison… ». Des méthodes d’enseignement différentes qui déboussoleraient les étudiants à leur retour en France…

Ce n’est pourtant pas l’avis de tous, comme le dit Marion : « Au contraire, on a appris d’autres méthodes, c’est l’occasion pour nous d’être moins scolaires ! » Et son amie Nolwenn d’ajouter : « En plus, la méthode, ça reste ! ».

Du côté des enseignants, Gildas Tanguy, maître de conférences en sociologie de l’action publique, le confirme  : « Le « malaise méthodologique » se traduit dans un certain nombre de copies : plan en quatre parties, voire cinq !, introductions faméliques, ce qui me surprend d’une certain manière… ». Mais, pour lui, pas question d’attribuer les difficultés des étudiants à l’année de mobilité. « On n’oublie pas les méthodes de la dissertation en un an ! A priori, vous êtes tous en mesure de construire une réflexion argumentée sur un sujet en trois heures ». Le niveau d’exigence reste donc le même pour les 4A, la mobilité ne pouvant effacer le fruit du labeur des deux premières années de Sciences Po. Il convient toutefois de ne pas trop noircir le tableau : « Je tiens à vous rassurer pleinement, il y aussi d’excellentes copies.  » Reste donc à attendre le 18 février, date de publication des résultats.

Les langues se délient

Si certains étudiants mettent en avant leurs difficultés sur le plan méthodologique, ils devraient revenir de mobilité avec un meilleur niveau de langue. Qu’ils soient partis dans un pays anglophone ou hispanophone, beaucoup parlent de façon plus fluide, ce qui n’est pas sans importance à deux ans de l’entrée sur le marché du travail. Mais les inégalités restent nombreuses, selon Elizabeth Besgrove, professeur d’anglais du second cycle. « Il y a une grande hétérogénéité entre les étudiants de 4ème année, sûrement entre ceux qui ont pratiqué l’anglais pendant la mobilité, et les autres. La facilité, l’aisance nouvellement acquises ne profitent pas à tout le groupe car trop nombreux sont les étudiants qui reprennent une attitude trop scolaire, « à la française ». » Difficultés à participer, à prendre part aux débats dans une langue qui n’est pas la leur, le bilan de la mobilité n’est pas que positif pour les enseignants qui aimeraient pouvoir plus s’effacer dans le déroulé du cours.