Il y a près d’un an, Toulouse Métropole était récompensée pour l’appel à projets Territoires à énergie positive pour la croissance verte. Tout comme les 211 autres lauréats, la collectivité avait alors multiplié les promesses : baisse de la consommation d’énergie, hausse de la production d’énergies renouvelables, préservation de la qualité de l’air et mobilisations citoyennes.

La révolution verte des transports

Cet engagement n’était cependant pas nouveau pour la ville rose. Depuis une dizaine d’années déjà, les municipalités successives ont multiplié les projets écologiques. C’est d’abord autour de la question des transports en commun qu’elles ont axé leur combat, avec la création d’une seconde ligne de métro en 2007, puis la révélation du tracé de la future troisième ligne en décembre dernier. Annoncée pour 2024, celle-ci devrait desservir dix-sept stations, et accueillir chaque jour 200 000 voyageurs. Tramways et bus n’ont pas non plus été épargnés par cette vague verte. En 2014, on comptait à Toulouse pas moins de 595 bus, dont 248 fonctionnaient au gaz naturel.

La municipalité a aussi voulu privilégier les modes de déplacement doux. Après la création de Vélo Toulouse, c’est le centre-ville qui s’est vu offrir un petit lifting, au travers de sa piétonnisation progressive. Une bonne nouvelle selon Pascal Barbier, élu EELV, qui estime qu’une telle mesure « bien pensée » pourrait « avoir un impact très positif sur la qualité de l’air« .

Des logements écologiques

D’autres projets plus novateurs ont été menés de front. Parmi eux, la transformation de l’usine d’incinération du Mirail. Bâti en 1969, ce monstre haut de soixante-cinq mètres brûle chaque année 330 000 tonnes de déchets urbains en moyenne. Un processus réputé polluant, mais aussi une source d’énergie considérable. En décembre dernier, Toulouse Métropole a annoncé vouloir faire profiter de cet atout pas moins de 15 000 logements répartis dans les quartiers d’Empalot, Saint-Exupéry, Montaudran, Saouzelong, ainsi que les hôpitaux de Rangueil et Larrey. Dès fin 2017, ces bâtiments pourront se chauffer directement grâce à l’énergie résultant de la combustion des déchets.

Côté logements, on peut aussi citer les exemples verts de l’éco-quartier de la Cartoucherie, ou encore la construction d’une résidence universitaire écologique, baptisée « Dhomino ». Cette « Cité U » aurait été la première fonctionnant à l’énergie solaire passive de l’Hexagone.

« Remobiliser les investissements »

En dépit de ces belles réalisations, le bilan n’est pas encore tout rose pour la collectivité. Selon Pascal Barbier, il reste en effet beaucoup à faire, notamment du côté des transports en commun. Si l’élu salue les efforts réalisés, il admet parfois regretter que les investissements dans le métro ne se fassent « au détriment d’autres modes de déplacement, pourtant indispensables« . Pour lui, le deux-roues mériterait par exemple d’être davantage valorisé. « Dans Toulouse, 85% des déplacements en voiture font moins de trois kilomètres, et pourraient donc facilement se faire à vélo, explique-t’il. La précédente municipalité avait choisi de subventionner l’achat de vélos électriques en agglomération, c’était une mesure extrêmement importante« . Sur le sujet de la piétonnisation de l’hyper-centre, l’élu est également mitigé. S’il affirme que les effets sur l’environnement sont indéniables, il avoue que « pour pouvoir faire les choses bien, il aurait fallu ne pas déléguer une concession de plusieurs dizaines d’années à Vinci sur le parking du Capitole« . « Ce parking étant définitivement dédié à la voiture, on ne pourra pas piétonniser davantage« , ajoute Pascal Barbier.

D’autres voix se sont élevées face à la politique des transports menée par la mairie. Jusqu’à bloquer le projet de prolongation de la ligne B. En effet, le tracé original jouxtait des zones humides ainsi qu’un lac, où des espèces menacées comme le triton marbré coulaient des jours heureux. Des études ont du être commandées, afin d’éviter un « nouveau Sivens ».

Déchets et énergies vertes : le retard

Autre matière à débats, la gestion des ordures par la ville. Trois ans après la mise en place d’un Programme local de réduction des déchets, Toulouse Métropole semble encore loin d’avoir atteint les objectifs qu’elle s’était fixée.

Enfin, il est un dernier pôle sur lequel la ville rose serait en retard : celui des énergies vertes. Pascal Barbier déplore ainsi « l’absence de politique incitatoire » en matière d’énergie solaire. « Aujourd’hui, c’est plus intéressant de continuer à se chauffer à l’électricité que de payer des panneaux solaires, confesse l’élu EELV. Pourtant, on a un très fort potentiel dans la région : avec le soleil on pourrait alimenter quatre à cinq fois notre consommation d’électricité et d’énergie« . Sur les mêmes toits plats sur lesquels Pascal Barbier imagine installer des panneaux photovoltaïques, l’écologiste se prend aussi parfois à imaginer de grandes citernes dédiées à la récupération des eaux de pluie. « On pourrait les réutiliser pour différents usages qui ne nécessitent pas une eau qui soit potable à cent pourcents, comme l’arrosage public, ou le nettoyage des rues« , explique-t-il plein d’ambition. Avec de tels projets, on ferait des économies vraiment significatives« .

Perrine Signoret