Sorti mercredi 22 janvier, »Le Vent se lève » sera le dernier anime des studios Ghibli réalisé par Sensei (maître) Hiyao Miyazaki. Il surprend en évoquant non plus un monde imaginaire mais le Japon des années 1930 et qui plus est, la Seconde Guerre Mondiale en filigrane.
« Le vent se lève, il faut tenter de vivre» . Cette phrase, prononcée dans un français quasi-incompréhensible par le personnage principal dans la version originale, résume à elle seule l’essence du film. Jiro Horikoshi, jeune ingénieur aéronautique japonais, n’a qu’un seul but dans la vie : construire l’avion le plus beau et le plus performant de l’Histoire du Japon en s’inspirant de la courbe d’arêtes de maquereaux. Dès son plus jeune âge, il rêve d’un monde parallèle où le comte Caproni, ingénieur italien de son temps, est son mentor. Ainsi, le film suit le chemin parcouru par ce doux rêveur aux ambitions démesurées pour son époque, cet avant-gardiste perfectionniste et anxieux qui n’est pas sans rappeler le célèbre créateur à la barbe blanche des studios Ghibli, M. Miyazaki en personne.
Du grand incendie de Tokyo en 1923 à la fin de la Seconde Guerre Mondiale en 1945, cette histoire se déroule à hauteur d’homme. « Le Vent se lève ». Jiro et son ami Honjo, tous deux ingénieurs chez Mitsubishi, sentent les prémices d’une guerre dans l’attitude agressive des militaires, les commandes de l’armée et le partenariat de l’aéronautique japonaise avec Junkers, fleuron de la technologie allemande. D’où le besoin de profiter de chaque instant, comme avec sa fiancée Naoko, souffrant d’une grave maladie, ou encore avec M. Castorp, un Allemand séjournant au Japon et inquiété par la police politique du fait de sa nationalité étrangère. «Il faut tenter de vivre.»
Un manifeste pour la paix et la création
Miyazaki sait qu’en réalisant un film d’animation sur un avionneur des années 1930, il soulève une polémique. C’est pourquoi il prend soin tout au long du film de dissocier le créateur de l’usage qui a été fait de son œuvre. A plusieurs reprises, Jiro, Honjo et le comte Caproni déplorent que leurs rêves soient transformés en engins de destruction par les armées. Un aspect sombre des machines volantes que le réalisateur instille dès les premières minutes du film avec les vrombissements sourds, inquiétants des moteurs et les mitrailleurs italiens qui impressionnent le jeune Jiro dans son rêve.
De fait, c’est l’histoire d’un jeune idéaliste qui n’a pas les pieds sur terre, qui ne peut piloter d’avion à cause de sa myopie et choisit donc de les construire. C’est l’histoire d’un génie auquel sa création échappe pour servir d’autres desseins qui le dépassent. D’un jeune Japonais désabusé par les envies belliqueuses de son pays sans toutefois perdre de son innocence et de sa naïveté. Mais c’est également l’histoire d’un amoureux timide et pudique, maladroit dans ses déclarations et qui incarne à merveille le gendre idéal nippon.
Miyazaki partage avec nous toute l’admiration et la tendresse qu’il ressent à l’égard de son personnage, qui a réellement vécu. Un véritable bijou onirique pour conclure une belle carrière, oscillant entre le drame et l’épopée historique, et parsemé de pépites poétiques et humoristiques.
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Un film à voir à l’UGC Toulouse, à l’ABC et au cinéma Gaumont Wilson.