Le collectif NousToustes31 accompagné d’une vingtaine de personnes ont brainstormé pour préparer la grève féministe du 8 mars à Toulouse. Crédits : Coralie Depincey.
À quelques semaines de la grève féministe, hommes et femmes se préparent à militer collectivement contre l’extrême droite. Des préoccupations pour l’avenir des femmes qu’ils comptent bien faire entendre le 8 mars dans les rues de Toulouse.
Lors de l’assemblée générale organisée samedi 22 février par le collectif féministe NousToustes31, une vingtaine de témoins et de victimes, de curieux et d’habitués, se sont réunis pour préparer la prochaine grève féministe. Une journée durant laquelle les partisans souhaitent faire entendre leur voix en marche de progrès sociaux pour les femmes et les minorités en général. Et pour cause, « il y a encore beaucoup de travail » pour combattre « la régression sur tout ce qui a été acté », revendique Galicie, membre de l’association d’Oxfam (engagée contre les inégalités et la pauvreté). Elle ajoute : « À ce rythme, on a encore 300 ans de retard ! ».
« Éviter que nos enfants et petits enfants vivent ce que l’on a vécu »
Dans cette lutte intergénérationnelle, Irène (61 ans) exprime son « sentiment de malaise » au regard de « ce qui se passe dans la société. Quand ma petite-fille est née, ça m’a fait quelque chose » avoue-t-elle avec émotion. « Je veux vraiment éviter que nos enfants et petits enfants vivent ce que l’on a vécu ». Des mots partagés par Séverine (52 ans), victime d’un viol, tout comme sa fille. « Son affaire a été classée sans suite », précise-t-elle avec agacement. Déterminée, la mère de famille souhaite donner de la voix pour faire « cesser l’omerta » et que « la justice fasse son boulot parce qu’on n’en peut plus ! ». Mais elle est loin d’être la seule victime des classements sans suite. Et les chiffres sont alarmants. Selon l’étude de l’Institution de Politiques Publiques, la part des viols classés sans suite est passée de 82 % en 2012 à 94 % en 2020, au détriment des victimes.
Les militantes perçoivent donc cette journée de grève comme une opportunité pour manifester collectivement leur mécontentement face à un système défaillant impactant les femmes, mais pas seulement.
Un « projet solidaire » pour « lutter contre l’extrême-droite »
Bien que le 8 mars soit dédié aux droits des femmes, à Toulouse, les mobilisées désirent rallier leur engagement à « la lutte antiraciste et décoloniale », mais également « contre les violences policières, la dissolution du collectif Palestine Vaincra, l’interdiction du port du voile dans le sport, la discrimination des travailleuses du sexe et pour la libération de Georges Abdallah », affirme ouvertement Laura, membre de NousToustes31.
Dans le cadre d’un « projet féministe et solidaire », le combat contre l’extrême-droite est, cette année, l’un des points importants de ce mouvement. Un sentiment de colère et d’inquiétude s’est notamment déclenché en raison des prises de position du Rassemblement National depuis de nombreuses années, telles que son opposition à la PMA ou encore la division du parti politique sur la question de l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Elles accusent également la municipalité toulousaine de “soutenir des projets mortifères, de l’islamophobie à l’attaque des droits humains ». L’optique étant de « créer un cortège commun sur des valeurs communes » pour« lutter contre l’extrême droite », indique Laëtitia, membre du collectif. Une mobilisation qui s’inscrit dans la continuité des actions portées par l’organisation à travers des conférences, des manifestations et des collages féministes dans les rues de la ville rose.
Ensemble, ils espèrent sensibiliser et attirer un maximum de citoyens, car « c’est en se mobilisant, qu’on peut faire bouger et avancer les choses ».