Lundi 23 mars, nouveau durcissement des règles du confinement. Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé la fermeture des marchés ouverts. Un coup dur pour le monde agricole.

Le confinement est en place depuis le 17 mars. Interdit donc, pour tous les Français, de sortir sauf sous certaines dérogations, comme aller faire des courses de première nécessité. Un motif qui a été invoqué dans plusieurs villes de France, et notamment à Paris pour se rendre dans les marchés. Oubliées alors les règles de sécurité et l’épidémie de coronavirus.

En réponse aux images des foules devant les étals, qui ont largement circulé sur les chaines de télévision, le Premier ministre a imposé la fermeture des marchés dans l’ensemble de l’hexagone. Il a précisé « qu’il sera permis aux préfets, sur avis des maires, de déroger cette interdiction » lorsque le marché est « le seul moyen d’avoir accès à des produits frais ».

« Pousser les consommateurs vers la grande distribution »

Cette décision a suscité inquiétude et incompréhension dans le monde agricole. « Au marché du Capitole par exemple, des agriculteurs avaient déjà mis en place un sens de circulation, des distances de sécurité entre chaque producteur et dans les files d’attente. » Pour Jonathan Izard, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs 31, fermer les marchés revient à « pousser les consommateurs vers la grande distribution ». Il déplore par ailleurs l’ambiguïté de cette situation : « Au supermarché, tout le monde touche les fruits et légumes, sans aucun contrôle. » Et d’ajouter qu’au marché, il n’y a pas d’intermédiaire entre le producteur et le consommateur. « Seulement deux personnes touchent les produits, contre parfois des centaines dans les grandes surfaces. »

« On ne capitule pas », a de son côté déclaré Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA à La Dépêche. Le syndicat a d’ores et déjà envoyé à tous ses départements un guide des bonnes pratiques pour les maraîchers afin de tenter de rouvrir les marchés.

Mais pour des raisons sanitaires, Etienne Guyot, préfet de région Occitanie, a partiellement refusé la dérogation demandée par Jean-Luc Moudenc. Les marchés de plein vent restent donc interdits. Seuls les marchés couverts des quartiers Victor-Hugo, Saint-Cyprien et Carmes sont autorisés sous certaines conditions. Le préfet a précisé que les lieux ne devraient pas abriter plus de 100 personnes, vendeurs compris.

Un système d’entraide entre les maraîchers

Pour Jonathan Izard, « c’est une période compliquée qui s’ouvre pour les agriculteurs ». Mais il précise que des systèmes d’entraide ont été mis en place. Mathieu Seran possède 38 hectares d’exploitation et vendait toute sa marchandise sur les marchés de Villefranche et Castelnau. A l’annonce du Premier ministre, sa première réaction a été de tenter de s’organiser pour « ne pas gaspiller ses produits ». « J’ai baissé mes prix d’un tiers environ. Je les vends à un primeur qui les revend ensuite aux clients. » Il a également mis en place des paniers de légumes, que les particuliers peuvent venir chercher directement sur l’exploitation.

« Je ne m’en sors pas trop mal », déclare-t-il. Malgré des prix plus bas que la normale, le jeune agriculteur a réussi à écouler presque toute sa production. « L’entraide existait déjà dans le milieu, mais elle est encore renforcée. Les agriculteurs se tiennent au courant, se recommandent entre eux aux clients… » La Ferme de Bordé Bio à Toulouse par exemple, n’est pas impactée par la fermeture des marchés mais a décidé de « donner un coup de main ». « Nous achetons beaucoup de fruits et légumes à d’autres producteurs pour en faire des paniers. C’est normal de se serrer les coudes dans cette période difficile. »

Les syndicats ont également apporté leur aide aux producteurs en difficulté. Ils ont notamment démarché les grandes surfaces pour qu’elles achètent directement aux producteurs, indique Mathieu Seran, adhérent des Jeunes Agriculteurs 31. Malgré l’inquiétude du monde agricole, le maraîcher reste confiant. « Certains clients préfèrent se passer de légumes plutôt que d’aller en grande surface. Les gens ont le temps pour essayer de revenir à des produits plus locaux ! »

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