Alors que les demandes de logements sociaux dignes continuent d’augmenter, leur niveau de production baisse. Dans la région, seuls 8 456 logements ont été agréés en 2023, soit 69 % de l’objectif fixé.

Alors que le rapport annuel de la fondation pour le Logement des défavorisés dénonce la crise du logement dans laquelle s’enfonce la France, le département de la Haute-Garonne et la région Occitanie cherchent à diminuer les situations de mal-logement sur le territoire. Des efforts qui peinent à se faire ressentir.

Des chiffres plus édifiants d’année en année. 735 personnes, âgées de 49 ans en moyenne, sont mortes à la rue en 2024. C’est le chiffre le plus élevé jamais dénombré par le collectif Les morts de la rue. Et pour ceux qui ont un logement, il ne protège pas toujours : le froid cause une surmortalité de 10 000 personnes chaque hiver, et la chaleur de 5 000 chaque été lors des canicules, aggravées par la mauvaise isolation des logements, d’après France Stratégie et Santé publique France. Ces données sont présentées dans le rapport 2025 de la fondation pour le Logement des défavorisés – anciennement fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés – paru le 4 février.

Une situation dramatique qui n’échappe pas à la région Occitanie, ni au département de la Haute-Garonne, où le phénomène du mal-logement ne recule pas. Ce terme désigne deux catégories de locaux : ceux qui sont mis à disposition alors qu’ils sont impropres à l’habitation, et ceux qui présentent des risques manifestes pour la sécurité physique ou la santé de leurs occupants.

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1 500 plaintes en 2023

Carole Delga, présidente de la région Occitanie, affirme la volonté de sa collectivité de s’investir sur « la question du logement », qui intervient « en dehors de ses compétences ». Lors de la dernière assemblée plénière de la région, le 19 décembre 2024, elle évoquait ainsi les résultats d’une politique entamée depuis 2016 : « Plus de 220 millions d’euros ont été mobilisés pour rénover 30 000 logements, et en construire 46 000 à vocation sociale ». Dans « une région qui connait la plus forte croissance démographique de l’hexagone », 350 bâtiments publics devraient être réhabilités d’ici trois ans, et 30 000 logements supplémentaires construits ou rénovés d’ici 2028.

Au niveau du département de la Haute-Garonne, ce sont 1 500 plaintes ou signalements pour des situations de mal-logement qui ont été adressés aux services de l’Etat et à la Ville de Toulouse en 2023. D’après les données transmises par la direction départementale des territoires (DDT 31), pour une étude sur la lutte contre l’habitat indigne en Haute-Garonne, on constate une hausse de 34 % des plaintes et signalements, par rapport à 2022. Les trois quarts de ces requêtes concernent la ville de Toulouse seule.

Précarité

Les occupants de ces logements dégradés sont en majorité des personnes vivant seules. Des ménages souvent en situation précaire, contraints de vivre dans des logements plus petits, avec des loyers moins chers, face à un marché locatif sélectif et sous tension.

Les données collectées en 2024 dans le département montrent que le phénomène touche toutes les tranches d’âge, traduisant des situations de ménages précaires face à l’emploi : des travailleurs peu qualifiés et aux revenus modestes, des personnes sans activité professionnelle, des retraités, des auto-entrepreneurs et des étudiants.

Alors que les demandes de logements sociaux dignes continuent d’augmenter, leur niveau de production baisse. Dans la région, seuls 8 456 logements ont été agréés en 2023, soit 69 % de l’objectif fixé.

Un budget national revu à la baisse

Face à une situation qui se détériore à l’échelle nationale, la fondation pour le Logement des défavorisés alerte les politiques publiques dans son rapport annuel : « Il n’y aura pas de solution au mal-logement tant que les bailleurs sociaux seront empêchés de construire, de réhabiliter, ou même d’entretenir de nouveaux logements, en raison du prélèvement sur leurs ressources de 1,3 milliard d’euros par an instauré en 2017. Et il n’y aura pas davantage de réponse au mal-logement tant que les ressources prévues pour la rénovation énergétique des logements seront rognées pour des impératifs budgétaires. »

Avec la récente adoption de la loi de finances pour 2025, la subvention versée par l’Etat pour financer la principale aide publique à la rénovation énergétique des logements est actée à 2,1 milliards d’euros, contre 3,1 milliards d’euros en 2024. Un nouveau coup de rabot d’un milliard d’euros dans le vaste chantier de l’habitat digne.