Mardi 7 février, c’est à Toulouse que la NUPES a tenu un meeting, au Centre des Congrès Pierre Baudis, contre la réforme des retraites. Au soir d’une troisième journée de manifestation, l’heure était à l’union de la gauche, syndicale et politique.
« Amis, camarades, quelle que soit notre orientation politique à gauche », s’écrit Olivier Besancenot, porte-parole du NPA. Cet appel vient sceller une tendance qui s’affirme depuis l’annonce du projet de loi sur la réforme des retraites. Toute la gauche doit dire non. Ce qu’il désigne comme « une séquence fondatrice de la gauche » est peut-être l’occasion de voir naître une union incontestable. Il n’est pas le seul à scander cette ode à l’unité. Cécile Cukierman, sénatrice PCF, n’a pas manqué de commencer son intervention par une déclaration à la Nupes. « Notre diversité est notre force […] nous sommes divers, nous sommes rassemblés », clame-t-elle, avant de continuer sur les enjeux de société que cristallise cette réforme tant rejetée.
Parce que ce projet de loi est tant décrié, ceux qui s’en font les porte-paroles le sont également. Et là encore, la gauche tombe d’accord. Comme le veut le jeu politique, tous y sont passés. Boris Vallaud, député et président du groupe PS à l’Assemblée, a eu une « petite pensée pour [ses] anciens camarades » (ndlr. Elisabeth Borne et Olivier Dussopt sont des anciens proches du PS). Christine Arrighi, député EELV de Haute-Garonne, a quant à elle ironisé sur les propos de la Première ministre concernant le déficit budgétaire, principal argument mis en avant par le gouvernement pour justifier une action impérative.
Une gauche qui avance à l’unisson
« Plus ils expliquent, plus nous comprenons, plus nous rejetons », martèle Benjamin Lucas, député Génération.s. Ce qui sonne comme un élément de langage propre aux opposants à la réforme fait mouche. D’une seule voix, cette gauche résonne. C’est un « combat » qui est mené ; convaincre est déjà fait, maintenant c’est le gouvernement qu’il faut « faire battre en retraite ». C’est une métaphore de la guerre très significative que Benjamin Lucas n’hésite pas à employer. Il ne laisse aucun doute sur les intentions belliqueuses de ceux qui, comme l’ensemble de la Nupes, refusent de voir des acquis sociaux s’effacer.
Et les syndicats ne sont pas en reste. Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de la Gauche Républicaine et Socialiste, qui est intervenue dans un message vidéo, souligne cette « unité syndicale accompagnée par le rassemblement des forces de gauche », n’oubliant pas de rappeler que la bataille dans la rue, ce sont eux qui l’organisent. Cette alliance syndicale et politique revêt un caractère particulier. « La gauche syndicale et la gauche politique décident de faire estrade ensemble », insiste Olivier Besancenot. Et elles sont trois à avoir pu s’exprimer aux côtés de ces représentants de la nation ; Marina Lergenmuller, pour le Syndicat Solidaire, Emilie Moreau, pour la FSU, et Céline Verzeletti, pour la CGT.
« La gauche syndicale et la gauche politique décident de faire estrade ensemble »
Olivier Besancenot
La seule qui n’a finalement pas relevé la teneur extraordinaire de cette symbiose, c’est Mathilde Panot, députée et présidente du groupe LFI à l’Assemblée. C’est comme s’il n’y avait jamais eu de doutes. Sitôt que la Nupes a vu le jour, en mai dernier, pour les élections législatives, il y a eu entente parfaite. Interrogée à la fin de ce meeting sur la possible aubaine qu’a finalement été cette réforme des retraites, sonnant un rassemblement indiscutable de la gauche, elle ne laisse aucun doute sur sa confiance en ce mouvement. Une façon de faire comprendre que les plus dubitatifs, ce n’était pas eux.
Crédit photo : Margaux Bégards