Maati El Hachimi, président de l’association Musique Pi Sourd (à gauche sur l’image), sensibilise sur la surdité à travers un jeu de mimes. Crédits : Oriane Babik
A l’occasion du 20ème anniversaire de l’adoption de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, dite « loi handicap », la municipalité de Toulouse aménage la place du Capitole en y installant un village dédié au handicap.
« L’inclusion, c’est un peu comme un accompagnement pour rassurer les autres. Moi, je suis déjà autonome, j’ai eu l’habitude d’être avec des entendants toute ma vie. J’ai seulement besoin d’accessibilité et d’égalité », revendique Maati El Hachimi, président de l’association Musique Pi Sourd et professeur de musique. Sourd de naissance, il a été élevé par des personnes entendantes qui l’ont fait baigner dans la culture musicale. Aujourd’hui, il tient un stand sur la place du Capitole à Toulouse pour sensibiliser le public valide à la surdité. Après un échange facilité par une interprète en langue des signes, il propose à ses interlocuteurs un jeu de mimes, sur son thème de prédilection : la musique.
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En face du stand où se trouve Maati, un salarié du comité régional handisport propose un atelier de sensibilisation au handicap moteur. Plusieurs fauteuils pour le sport adapté sont mis à la disposition des Toulousains. Ceux-ci peuvent ainsi tenter de se familiariser avec le quotidien des personnes en fauteuil, en se déplaçant avec.
« On fête l’inclusion mais les conditions ne sont pas remplies ».
« Notre objectif principal aujourd’hui, c’est de communiquer sur tout ce qui a été fait par la ville de Toulouse en matière d’inclusion », affirme Nicolas Aun, responsable du pôle handicap, accessibilité et vie sociale à la mairie de Toulouse. « Sans communication, les personnes en situation de handicap n’ont pas conscience de ce qui est mis en place pour elles et ne peuvent pas en profiter ». A un an seulement des prochaines élections municipales, cet anniversaire est aussi l’occasion de faire le bilan du mandat de Jean-Luc Moudenc en terme d’accessibilité et d’inclusion. D’après Nicolas Aun, 100% des établissements recevant du public devraient être accessible aux PMR (personnes à mobilité réduite) avant la fin de l’année 2025. Il explique également que la mairie est en lien étroit avec une quarantaine d’associations, afin de recueillir leurs avis et de « faire pour eux avec eux ».
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Un bilan qui semble sans faute. Mais qu’en est-il de l’éducation ? A quelques pas seulement du village associatif, sur le square Charles de Gaulle, plusieurs enseignants en grève se mobilisent pour rendre leur lutte plus visible. « Il y a un manque flagrant d’AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap, NDLR). On fête l’inclusion mais les conditions ne sont pas remplies dans les écoles publiques » déplore Cécile, enseignante dans une école élémentaire à Montberon, dans le nord de la Haute-Garonne. Sur les flyers distribués par les manifestants, les revendications sont claires. Entre autres, les enseignants réclament l’allégement des effectifs par classe, la création d’un statut de fonctionnaire dans la fonction publique d’Etat pour les AESH ainsi qu’un recrutement d’AESH.
Le pôle handicap, accessibilité et vie sociale de la mairie de Toulouse a pour projet de créer un lieu de ressources pour les personnes en situation de handicap, projet qui pourrait être repris par le vainqueur des prochaines élections.
Oriane Babik