Les formations courtes, Jean-Luc connaît. Cet ancien prof en lycée agricole a enseigné de la troisième au BTS pendant plus de vingt ans et revient pour « Univers-Cités » sur les avantages de ces formations.

Jean-Luc a 50 ans et une conception humaniste de l’éducation. Pour lui, les formations en agriculture peuvent aider les élèves en leur donnant une occasion d’apprécier leur cursus, hors du cadre strictement scolaire : “Il existe plusieurs types de formations non-universitaires dans le domaine agricole. Pour la structure des filières et des diplômes, ça fonctionne comme l’Éducation nationale, mais ça dépend du ministère de l’Agriculture. Il y a des CAPA (Certificat d’Aptitude Professionnelle Agricole), les bacs professionnels et les bacs technologiques ; ces diplômes n’englobent pas que la production, mais aussi les services, l’environnement, la transformation…”

« L’école sert surtout à « apprendre à apprendre » »…

Les formations peuvent être dispensées “à temps plein” ou en alternance. La première solution correspond à un cursus scolaire traditionnel sur trente semaines suivi d’un stage de six à huit semaines et s’effectue dans des établissements agricoles publics ou privés. La formation en alternance se fait dans des Maisons Familiales Rurales qui hébergent les élèves pendant deux semaines de cours, les deux suivantes étant consacrées au stage en entreprise.

“La formation donne des connaissances et une première expérience des réalités du monde professionnel, de la vie active; en ce qui concerne les compétences professionnelles, je crois que l’école sert essentiellement à « apprendre à apprendre », les gestes professionnels et l’efficacité ne peuvent s’apprendre que sur le terrain.”, poursuit Jean-Luc. Pour lui, les stages sont une opportunité fantastique pour les élèves. Ils auront ainsi l’occasion d’être valorisés dans un contexte autre que celui de l’école, avec un cadre qui favorise l’utilisation de compétences et de valeurs différentes. C’est particulièrement positif pour ceux qui ne se sentent pas bien dans le système scolaire traditionnel.

Sortir de l’échec

Selon Jean-Luc, un des principaux problèmes que rencontre l’enseignement professionnel en France est qu’on s’y retrouve souvent par défaut, par incapacité à réussir dans le système général. Les personnes qui sont stigmatisées par un échec scolaire permanent ont du mal à trouver la motivation pour réussir. Pour lui, il est donc essentiel que les élèves puissent être valorisés. Au travers de voyages, de stages, de découvertes, ils pourront poser un regard différent sur eux-même et sur leur propre capacité à réussir.
« Ce qui fait « grandir » un enfant, c’est aussi l’attente des adultes sur lui, leur foi en sa capacité à progresser, réussir, s’épanouir… C’est aussi vrai dans le cadre des relations parents-enfants que dans celui des relations profs-élèves. »

La taille relativement limitée des établissements agricoles, en général de moins de 400 élèves, permet de former des classes plus petites que dans l’enseignement général. Les classes ont donc un effectif maximum de 20 élèves, ce qui permet aux professeurs de se concentrer sur les élèves et leurs motivations pour réussir.

Selon Jean-Luc, il est difficile de trouver du travail dans le secteur de l’agriculture avec un bac pro ou techno, ou même après un BTS, car la concurrence est rude. “La différence se fait surtout sur la personnalité et la motivation du candidat. Mais on peut tout faire quand on a renoué avec le goût de l’effort et de la réussite.” Il conclut sur une note optimiste : “La carrière professionnelle des gens n’est plus linéaire comme dans le passé: on change de métier et d’employeur plusieurs fois dans sa vie. Si l’enseignement professionnel permet de mettre le pied à l’étrier et de rentrer dans la vie active, tout devient possible par la suite…”

Si tout n’est pas parfait dans l’enseignement agricole, on voit cependant que les formations courtes, proposées dans un cadre adapté, peuvent aider les apprenants en rupture avec le système scolaire à retrouver une perspective d’avenir, soutenus par des professeurs passionnés.