Francois Delarozière lors de la conférence. Crédits: Lucas Arlet
À l’occasion d’une conférence donnée mardi 4 février au Quai des savoirs, François Delarozière, directeur artistique de la Compagnie La Machine, revient sur sa vision et son rapport au public. Il nous invite à penser avec lui, l’importance de celui-ci dans ses spectacles.
Du 25 au 27 octobre dernier, les rues de Toulouse s’animaient aux bruits mécaniques des machines géantes de François Delarozière. Plus d’un million de personnes avaient fait le déplacement.
Ce mardi, dans le cadre de l’exposition « Comme des moutons », le directeur artistique de La Machine a évoqué pendant près de quarante minutes les moments qui ont marqué la vie de la compagnie fondée en 1999 ; de l’installation furtive de l’araignée à Liverpool, en passant par l’expédition végétale traversant le globe jusqu’à la rencontre entre le Minotaure et Lilith dans nos rues toulousaines. Dans une ambiance imagée et musicale pour une immersion totale, François Delarozière met l’accent sur la prise en compte du public dans ces moments-là. Les vidéos projetées et les effets sonores viennent appuyer ses propos.
La foule, matière première du spectacle
La véritable philosophie de travail du directeur artistique ? « Le mouvement est l’expression de la vie », introduit François Delarozière. Pour lui, la foule est l’essence même de tout spectacle et son mouvement encore plus. « Mes créations sont de véritables invitations à la foule, à occuper l’espace public » revendique-t-il comme un cri du coeur. C’est le public qui fait le spectacle. « Il y a une espèce de douceur dans la foule » ajoute-t-il .
Avec des événements réunissant entre 500 000 et 1,5 million de spectateurs en moyenne, la compagnie cherche à jouer sur l’échelle monumentale. Elle veut créer une symbiose entre la masse et les machines. Pour l’artiste, cette foule ne se limite pas à la rue. « Elle est aussi derrière les murs et les fenêtres ». Cette expertise sur la gestion des flux humains lui a d’ailleurs permis d’être sollicité à plusieurs reprises, notamment lors de la préparation de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris.
« Il faut accompagner la foule, pas la restreindre »
Ne pas mettre de barrière lors de ses spectacles, au sens propre comme figuré, voilà l’un des principes fondamentaux des spectacles de François Delarozière. Pour lui, la liberté de circulation est une composante essentielle et nécessaire. Il doit y avoir le moins de limitations possibles.
Mais cette approche et cette volonté peuvent se heurter aux contraintes du monde réel. Lors du dernier spectacle de La Machine à Toulouse, l’affluence record a causé des blocages imprévus, notamment pour le final au niveau du Pont-Neuf. « On avait parfois le sentiment d’être pris en tenaille, cela pouvait parfois être angoissant » confie Mathias, qui a assisté au spectacle. Cela pose des enjeux au niveau sécuritaire. La compagnie, consciente de ces questions, étudie les risques minutieusement avant chaque spectacle. Cet enjeu crée parfois des tensions avec les autorités locales dans certains pays. Selon Delarozière, lorsque la police contraint les foules, cela se répercute sur les réactions et les sentiments du public.
Un pari artistique et technique qui semble être tout de même gagnant et conquérir le cœur du public. « C’est fantastique de pouvoir circuler, d’être si près des machines. Cette liberté, ça nous donne une autre dimension, ça fait vivre l’expérience à fond » partage Camille, une jeune toulousaine venue participer à la conférence.
« La foule, c’est comme des molécules d’eau. Quand tout est ouvert, elle se répartit comme il lui semble ». Pour François Delarozière, l’artiste qui est aussi ingénieur, la foule a une intelligence de déplacement qu’il faut laisser opérer et qui permet le bon déroulement du spectacle. Une approche qui défie les conventions et qui continue de captiver des milliers de spectateurs.