Janvier 2025 a été le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré dans le monde, a annoncé l’observatoire européen Copernicus ce 6 février. Une augmentation des températures loin d’être nouvelle, qui s’inscrit dans le contexte plus global du dérèglement climatique. Pierre Camberlin, climatologue, nous éclaire sur ce que ce bouleversement signifie.

Univers-cités: Comment expliquez-vous l’évolution des températures observées par Copernicus ?

Pierre Camberlin: L’élément principal, c’est la tendance générale à l’élévation de la température de la planète.  Cela est en partie dû aux activités humaines qui contribuent à augmenter le phénomène de l’effet de serre. Il y a également un élément plus conjoncturel : la fin d’un événement El Niño [NDLR : cycle de réchauffement le long de l’Équateur, qui se produit tous les deux à sept ans] dans le Pacifique qui a provoqué une hausse supplémentaire de la température.

Quelles sont les conséquences concrètes déjà observables de cette augmentation récente ?  

PC: Les écosystèmes sont déjà fortement perturbés par une hausse des températures d’en moyenne 1,5 degrés depuis le début de la période pré-industrielle. Dans certaines régions sud polaire, cette hausse correspond à 2 ou 3 degrés de plus voire même davantage. Le cycle végétatif est également perturbé et on note les migrations de certains animaux. Il y a aussi des conséquences socio-économiques et sanitaires, avec par exemple des phénomènes pluvieux intenses, des innondations ou des phénomènes de canicule, qui peuvent faire de nombreuses victimes. Tout cela est assez inquiétant, dans la mesure où on connait déjà les impacts du réchauffement climatique et que les projections indiquent une poursuite de ce phénomène. Cette évolution laisse penser que la situation va s’aggraver.

Avez-vous observé des phénomènes nouveaux ?

PC: Ce qui est préoccupant, c’est que ces dernières années, on remarque des variations qui sont un peu plus fortes encore qu’elles ne l’étaient au cours des décennies précédentes. Les modèles prévoient l’augmentation liée à la concentration des gaz à effet de serre. Mais parmi les trajectoires prévues, on ne se dirige pas vers la plus basse puisque l’on a d’ores et déjà atteint la barre des 1,5 degrés supplémentaires au cours de l’année passée.

Ne craignez-vous pas que l’on s’habitue à cette hausse des températures ?

PC: Il y a clairement un réchauffement en cours qui va se poursuivre et auquel on va devoir s’adapter. Mais entre +2 et +5 degrés, il y a un intervalle majeur. Les atteintes pourront être modérées et acceptables ou au contraire dangereuses pour le fonctionnement de nos sociétés et les équilibres des éco-systèmes. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que son amplitude ne tient qu’à nous. Les changements dépendent de la façon dont ils seront modulés par les politiques mises en œuvre. Il n’y a rien d’inéluctable. Je pense qu’il y a encore de la place pour un état d’esprit positif non catastrophique.

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