Jusqu’où ira le président Donald Trump dans sa guerre commerciale ? Jusqu’en Europe ? Le secteur aéronautique français, lui, retient son souffle. Pourtant, bien que certains acteurs risquent d’être impactés par les mesures de surtaxes, d’autres pourraient au contraire en tirer profit.
Un vent de menace plane au-dessus de l’Europe et plus particulièrement sur l’industrie aéronautique. Le président Donald Trump compte-t-il mettre ses menaces de hausse des taxes douanières à exécution ? Sur le Vieux Continent, on s’inquiète de subir le même sort que le Canada et le Mexique dont les droits de douane devraient atteindre 25 % après le sursis d’un mois accordé par Donald Trump.
« Une surtaxe sur les exportations du secteur aéronautique et notamment Airbus, ne devrait pas, en théorie, entraîner de répercussions majeures », analyse Xavier Tytelman, consultant en aéronautique et défense. « Il est même probable que cette situation soit bénéfique pour Airbus”. Bien que cette surtaxe entraîne une hausse des prix des produits échangés, elle pourrait paradoxalement profiter au fleuron de l’industrie européenne. Une situation qui, à première vue, paraît aussi invraisemblable que l’idée de voler dans le ciel. Et pourtant…
« N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur”
« Comme le disait Napoléon (lui aussi féru de protectionnisme), il ne faut jamais interrompre un ennemi qui est en train de faire une erreur, lance Xavier Tytelman, si les Etats-Unis se mettent à taxer le secteur aéronautique, cela sera très favorable pour les Européens puisque Airbus gagnera des parts de marché sur Boeing ». En effet, parmi les principaux fournisseurs du constructeur américain Boeing, on trouve de nombreux leaders de l’industrie française tels que Thalès ou Safran. Ce dernier, par exemple, produit les moteurs du Boeing 737 Max. « Finalement, ceux qui risquent de souffrir le plus d’une hausse des droits de douane, ce sont les sous-traitants français qui fournissent énormément à Boeing. Mais celui-ci va voir ses coûts drastiquement augmenter et perdra en compétitivité par rapport à Airbus », précise Xavier Tytelman.
Déjà fragilisé financièrement des suites d’une grève massive ayant duré sept semaines, l’entreprise américaine a enregistré une perte de 11,8 milliards de dollars en 2024 (11,4 milliards d’euros). Souhaitant relancer massivement sa production en 2025, une hausse des coûts de fabrication risque de fragiliser encore plus le constructeur. Une situation que le président Donald Trump n’a visiblement pas pris en compte.
Des compagnies aériennes américaines mécontentes
Mais Donald Trump a-t-il réellement les moyens de taxer le secteur aéronautique ? Nombreuses sont les compagnies aériennes américaines qui se fournissent auprès d’Airbus pour leurs avions commerciaux. « Beaucoup de compagnies sont clientes d’Airbus et devraient hausser le ton si les prix venaient à augmenter trop fortement », prévient Xavier Tytelman.

Parmi les commandes passées par les compagnies aériennes américaines, une grande partie provient des usines d’Airbus implantées aux Etats-Unis. Lors de la précédente guerre commerciale entre 2019 et 2020, le président Trump avait pris soin d’exempter de taxes les avions Airbus fabriqués aux Etats-Unis. Les avions importés étaient quant à eux taxés à hauteur de 10 % puis de 15 % en 2020.
Tout va bien sur le tarmac
À l’instar de la précédente guerre commerciale où Airbus était sorti renforcé en décrochant de nouveaux contrats et en augmentant sa production, l’entreprise française ne devrait pas subir d’importantes turbulences économiques.
En octobre 2020, l’Union Européenne avait répliqué à la taxation américaine en taxant elle aussi les avions Boeing à 15 %. L’entreprise américaine, n’ayant aucun site de production sur le Vieux Continent, a perdu de nombreux clients. De quoi faire réfléchir un président américain en pleine croisade protectionniste. « Qui sème le vent, récolte la tempête »…
Crédit photo : BriYYZ