Concluant une semaine marquée par la discorde sur l’élection de son nouveau dirigeant, la réunion des délégués socialistes a accouché d’un consensus autour d’un pacte de gouvernance intégrant Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, rivaux au second tour. Malgré les doutes apparus au grand jour, le parti cherche à aller à nouveau de l’avant.

C’est la fin d’une bataille qui semblait ne pas vouloir prendre fin. Samedi 28 janvier, au palais du Pharo, en plein cœur de Marseille, le 80e congrès du Parti Socialiste a tranché en faveur d’Olivier Faure. Le premier secrétaire sortant, qui a obtenu 51,09% des suffrages au second tour, conservera son poste pour les trois prochaines années. Son adversaire lors de l’élection, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, devient premier secrétaire délégué, en compagnie de son homologue de Nantes, Johanna Rolland, proche soutien du vainqueur. Une semaine après les premières annonces des résultats très serrés du second tour, cette décision vient régler le différend qui opposait les deux candidats. Le maire de Rouen contestait la victoire présumée du sortant, pourtant validée quelques jours plus tôt par une commission de récolement. Composée de membres de toutes les listes engagées dans l’élection, elle sert à certifier les résultats, qui se jouaient ici à quelques centaines de votes près.

Les 186 délégués nationaux du PS se réunissaient, donc, à partir de ce 27 janvier, dans une ambiance délétère. A l’issue des débats, un « pacte de gouvernance collective et de rassemblement des socialistes » a tout de même été approuvé à la quasi-unanimité. Fruit d’un travail conjoint des candidats Faure et Mayer-Rossignol, ainsi que d’Hélène Geoffroy, candidate battue au premier tour, il entérine la structure du parti pour les années à venir. Ses statuts prévoient une réunion hebdomadaire au minimum, entre le premier secrétaire et ses deux délégués, dans laquelle les décisions seront adoptées par consensus. « La majorité est certes assez peu marquée mais il y a bien un gagnant, qui a eu la volonté de tendre la main à son adversaire, expose Aude Lumeau-Préceptis, élue PS de Castanet-Tolosan au Conseil départemental de Haute-Garonne et soutien d’Olivier Faure pendant cette élection. Pour cela, il a fallu redessiner des équilibres. »

DES DISTINCTIONS PEU ÉVIDENTES

La tension entre les candidats provenait principalement des divergences présentes dans les textes d’orientation qui définissent leur programme politique, bien que ces différences restent minimes. « Les idées des candidats sont comparables à un jeu des sept erreurs, car il y a un fort socle commun, et la distinction n’est pas toujours facile à faire. » détaille Matthieu Sauce, secrétaire fédéral à l’organisation et à la mobilisation du Parti socialiste en Haute-Garonne. La question de la relation à la NUPES en est un exemple parlant : le texte sorti vainqueur, intitulé Gagner !, se veut confiant sur la question de l’alliance conclue avec les trois partis de gauche La France Insoumise, Europe Écologie les Verts et le Parti communiste français. Il propose de « confirmer le choix de l’union, la stratégie de rassemblement de la gauche et de l’écologie », tout en maintenant l’indépendance du PS et en cherchant à recentrer l’alliance autour d’un leadership socialiste. Le texte Refondations, son adversaire au deuxième tour, n’est pas hostile à la coalition, mais il se montre plus sceptique à son égard : on y lit que la NUPES « ne peut pas être le cadre politique durable de l’Union de toute la Gauche et des écologistes pour gagner », même si le texte annonce aussi être en faveur d’un « rassemblement de toute la gauche ».

GARANTIR L’UNITÉ POUR RETROUVER LE POUVOIR

Malgré ces désaccords, les membres du parti cherchent à rassurer, et considèrent que le congrès devrait avoir mis les divergences d’opinion au second plan. « Le texte d’orientation d’Olivier Faure est arrivé en tête, il sera important de respecter le vote en dépassant les distorsions » prévoit Aude Lumeau-Préceptis, pour qui la cohésion passera par la collaboration. Une unité qui devra s’étendre à l’ensemble de la gauche pour espérer reprendre le pouvoir à terme, et que les membres du parti soutiennent explicitement. « La concurrence au sein de la NUPES n’est pas problématique, elle permet une certaine émulation, ajoute Matthieu Sauce. Il faut dépasser les clivages individuels et les egos, au service des valeurs de la gauche et de l’intérêt général. » Il faut, pour l’instant, maintenir la cohésion du Parti socialiste, alors même que le pacte de gouvernance explicite le besoin d’une refonte du processus d’élection interne, afin « d’établir des modalités de votes sécurisées » et ainsi éviter d’autres controverses.

Crédits photo : Erwan Floc’h