« À compter du 1er février 2025, et jusqu’à l’adoption de la loi de finances pour 2025, aucun nouveau contrat ne peut être signé.» La nouvelle est tombée vendredi. Un coup dur supplémentaire pour les associations qui subissent déjà l’arrêt des soutiens des collectivités territoriales et redoute encore de nouvelles baisses, suite à l’adoption du budget 2025.

Déjà confrontées à une baisse des financements des collectivités, la suspension des services publics est une nouvelle épreuve pour les associations. Marie*, bénévole dans l’association ADEN-S, qui a pour objet de mener des actions d’éducation spécialisées, socio-éducatives, culturelles et environnementales, estime que les budgets ne sont pas prêts d’augmenter : « On espère juste que ça ne va pas trop baisser. Il y a des secteurs où ils ont été capables de tout couper ! »

Le Service civique est un engagement volontaire au sein d’organismes du secteur public et associatif, accessible aux moins de 25 ans pour une durée de 6 à 12 mois. Les missions qui ont déjà commencé ne seront pas suspendues (environ 70 % des services civiques de l’année). Les 30 % restantes sont brutalement annulées. Elles représentent tout de même plus de 26 000 jeunes, qui se retrouvent sans rien. Avec l’annonce de cette décision, ce sont donc des milliers d’associations et collectivités qui se retrouvent suspendues au sort des services civiques.

Plus de 200 000 associations qui se déclarent en situation financière critique

Huseyn est en service civique depuis 6 mois dans l’association La maison des citoyens 31. Ça fait deux ans qu’il y est bénévole, et son contrat de service civique fait de lui le seul permanent dans l’association. Le seul autre contrat est le CDD de 3h/semaine d’un professeur de français langue étrangère. Aujourd’hui, ce sont plus de 200 000 associations qui se déclarent en situation financière critique, et ont déjà commencé à licencier une partie de leurs salariés. Une situation alarmante, qui inquiète grand nombre d’acteurs sur le terrain. « On continue de recevoir chaque jour des appels d’étudiants pour recevoir des distributions alimentaires. » affirme Huseyn, « malheureusement on a dû arrêter ces distributions il y a plus d’un an car on n’a plus les moyens de le faire. » Avec l’inflation, le nombre de demandes d’aide alimentaire a considérablement augmenté mais l’association est dans l’incapacité d’y répondre, faute de budget.

Pour Jacques*, bénévole à l’association Main Tendue 31, la solution passe par l’autonomie. « Il vaut mieux ne pas avoir tous ces œufs dans le même panier. » Depuis plusieurs années, cette association qui a pour objet d’apporter une aide morale, matérielle et éducative aux personnes se trouvant en situation de précarité et/ou d’exclusion sociale, fonctionne principalement avec des fonds propres. L’association Main tendue 31 rassemble plus de 160 bénévoles pour deux salariés. Elle subsiste grâce à une stratégie « fonctionnelle, mais subie ». Ses ressources proviennent de quelques subventions mais aussi de leur épicerie sociale, de dons alimentaires et financiers, et de financements via du mécénat d’entreprises. Pour Jacques, le secteur associatif va « malheureusement » être contraint d’adopter ce genre de modèle économique: « On se doit de dépendre le moins possible des subventions, parce qu’on le voit bien, aujourd’hui on en a encore un peu, et demain il est probable qu’on en ait plus du tout. »

« Si ça coupe pour une, les autres aussi sont touchées »

À Toulouse, la municipalité a annoncé, en novembre dernier, une réduction de 40 % des subventions aux associations. Christine* est bénévole dans l’association Gamelle pleine, qui lutte contre l’exclusion sociale des personnes en situation de précarité. Même si son association n’est pas drastiquement affaiblie par les dernières coupures budgétaires, la situation reste très préoccupante. « La plupart des associations avec lesquelles on est en lien sont déjà très affectées et risquent de l’être encore plus. » Et le problème, c’est que le tissu associatif fonctionne souvent en réseau, « si ça coupe pour une, les autres aussi sont touchées », parce qu’elles vont recevoir plus de demandes pour pallier ce manque, ou parce que leur travail est complémentaire.

*les prénoms ont été modifiés