La Zone à faibles émissions (ZFE) entre en vigueur le 1er mars 2022 à Toulouse. Ce dispositif progressif qui vise à bannir les véhicules les plus polluants dans certaines zones de circulation divise les usagers et les politiques.

Sur le modèle de plusieurs grandes villes françaises comme Paris ou Montpellier, c’est maintenant au tour de Toulouse de mettre en place une ZFE. Dans les faits, sa mise en place « permettra de réserver aux véhicules les moins polluants l’accès à Toulouse ainsi qu’à une partie de Colomiers et Tournefeuille » d’après un communiqué de Toulouse Métropole paru en février 2022. Le but est clair, limiter la pollution et améliorer la qualité de l’air pour « 430.000 toulousains » selon les chiffres de la Métropole. Si des restrictions commencent début mars, ce sont d’abord les plus anciens modèles de poids lourds, camionnettes et fourgonnettes qui seront bannis d’une partie des routes de la Ville rose. Des restrictions qui s’imposent en fonction de la pollution produite par le véhicule, et qui est définie par la présence d’une vignette Crit’Air. Cette vignette prévoit une échelle de qualité de l’air en six niveaux. Quant aux véhicules légers, les premières restrictions sont à prévoir pour le 1er janvier 2023. En cas de non-respect de la ZFE (avec une vignette bannie ou sans vignette), les usagers s’exposent à une amende de 68 euros pour les véhicules légers et 135 euros pour les poids-lourds.    

Les délimitations de la ZFE à Toulouse. Crédits photo : Toulouse Métropole

 

Le calendrier progressif des restrictions prévues pour les véhicules particuliers. Crédits photos : Toulouse Métropole

Des usagers mitigés 

« Je n’ai été au courant que très récemment, j’ai eu très peu d’informations par la ville de Toulouse, regrette Sophie, conductrice toulousaine d’une Peugeot de 2006. C’est vraiment dommageable car à terme ça peut être très contraignant pour moi…  je n’ai pas les moyens d’acheter une voiture récente ». Cette crainte de ne plus pouvoir se déplacer à cause d’un budget restreint, ils sont nombreux à la partager. C’est également le cas de Laura, qui conduit une Renault de 2006 : « Je ne compte pas racheter une voiture plus récente et moins polluante juste pour la ZFE.  J’ai récemment mis 2000 euros dans les réparations de ma voiture, explique la jeune femme. Pour moi c’est impossible de changer de véhicule. » Face à tant d’incertitudes, Toulouse Métropole propose des aides pour l’achat d’un véhicule plus propre (électrique, hybride, hydrogène, GPL, Critair O ou 1…). Ces aides varient entre 500 euros et 5000 euros en fonction du véhicule et du revenu fiscal de référence. Une aide qui peut paraître dérisoire au vu des prix des véhicules électriques, qui dépassent généralement la barre des 20.000 €. Pour Sophie, qui reconnaît pourtant l’urgence de mesures écologiques comme la ZFE, cette compensation économique reste insuffisante : « Il faut que socialement la mairie suive pour aider les habitants qui vont être mis en difficultés par la ZFE, car il y en aura beaucoup ».

Une zone à faibles émissions très politique 

En plus de diviser beaucoup d’usagers toulousain, la mise en application de la ZFE en Occitanie fait aussi largement réagir les politiques. Localement, mais aussi à l’échelle nationale. C’est notamment le cas de Nicolas Dupont-Aignan, candidat à l’élection présidentielle qui, dans un tweet, critique vivement l’implantation d’une telle mesure.

À l’échelle régionale, la mise en vigueur de cette ZFE crée aussi une discorde parmi les personnalités politiques d’Occitanie. D’un côté, Jean-Luc Moudenc, maire de la ville de Toulouse défend corps et âme la ZFE, de l’autre, les élus écologistes mais également le député LREM de la première circonscription de Toulouse, Pierre Cabaré. Si les premiers regrettent la méthode et le calendrier de sortie du diesel, pour Pierre Cabaré, le point noir de cette ZFE reste sa délimitation, sujet longtemps débattu. Globalement, il  va sans dire que la mise en place de ces restrictions ne fait pas l’unanimité et crée un débat, parfois houleux. Toutefois, ce dernier ne semble pas prêt de s’arrêter avec la publication contestée, de la longue liste des véhicules qui bénéficient d’une dérogation pour cette ZFE.