Le tribunal administratif de Toulouse semble avoir été sensible aux protestations des associations mobilisées contre le chantier Terra 2 à Saint-Sulpice. Il a déclaré jeudi dernier la suspension temporaire des travaux de construction du gigantesque entrepôt commencés en janvier.
Après quatre ans de lutte, le collectif Stop Terra 2 et ses alliés gagnent une première bataille contre la Société publique locale d’aménagement (SPLA) des Portes du Tarn. Les nombreux recours déposés par France Nature Environnement (FNE) et Saint-Sulpice Active et Citoyenne ont abouti à la suspension des travaux, décision prononcée par le tribunal administratif de Toulouse ce jeudi 17 février. Le juge a décrété que «les raisons impératives d’intérêt public majeur» invoquées par le constructeur ne sont pas suffisamment caractérisées pour justifier «la destruction d’individus de 46 espèces et un groupe de faune protégés ainsi que, à tout le moins, l’altération de parties de leur habitat».
Un dossier en béton
La Zone à Construire (ZAC) de Saint-Sulpice est l’un des sites « clef-en-main » défendus par Emmanuel Macron au début de son mandat. Le projet consiste en une plateforme logistique géante de 70 000 m². Les travaux, en cours depuis 2017, ne concernent pour l’instant que « l’aménagement général de la ZAC », affirme la SPLA, mais les nombreux collectifs dénoncent un impact déjà terrible sur la biodiversité. L’aménageur avait pourtant bétonné son projet. Tout d’abord, il s’inscrit dans une politique de « dynamisation des Portes du Tarn » et se targue de permettre la création de 2 200 emplois. Par ailleurs, l’aménageur se veut le promoteur d’une «écologie industrielle et territoriale» et affirme appliquer les principes de « l’économie circulaire, de la sobriété énergétique, du recyclage, etc. »
Un projet destructeur
L’argumentaire n’a pas séduit les habitants. Ils lancent le collectif Stop Terra 2 dès 2018 suite à l’enquête publique qui a fait connaître le projet. Selon eux, Terra 2 est « un projet écocide et destructeur du climat ». Le site prévu pour l’aménagement est en effet riche en biodiversité avec notamment une centaine d’espèces protégées nichant sur les lieux. Les habitants se sont d’autant plus mobilisés qu’avec ses 530 mètres de long, sur 123 de large et 14 de haut, l’entrepôt constituerait une véritable nuisance visuelle et sonore si on prend en compte les nombreux allers et retours des camions. On peut ajouter à cela que l’opportunité de création d’emploi est décriée par les opposants au projet. L’entrepôt est en effet adaptée à l’installation de « grands groupes comme Amazon et Ali Baba », selon Erable, militante du collectif Stop Terra 2. « Les emplois créés seront des emplois d’entrepôts : précaires, pénibles, stressants, etc. », déplore-t-elle. Pour ces raisons, la suspension des travaux est vécue comme une grande victoire.
De son côté, la SPLA préfère ne pas accorder trop d’importance au verdict du tribunal. Dans son communiqué de presse, elle affirme qu’il s’agit d’une « jurisprudence quasi-constante qui consiste à geler les travaux dans l’attente d’une décision sur le fond de l’affaire. » Sa directrice générale, Valérie Laumond, rappelle que les normes environnementales ont été « scrupuleusement respectées et même dépassées. » La société annonce déjà se pourvoir en cassation afin de faire annuler la décision du tribunal administratif. De leur côté, les associations restent méfiantes et affirment que si les travaux venaient à reprendre, elle riposteraient par des manifestations voire des actions désobéissance civile.