A partir du lundi 8 février, le Ministère de l’Éducation nationale demande un renforcement des gestes barrières, afin de lutter contre la circulation des variants. Parmi ces nouvelles règles de conduite, l’organisation des repas en cantine fait réagir et inquiète les parents d’élèves. 

Le 28 janvier dernier, le Ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports a publié un guide « relatif au fonctionnement des écoles et établissements scolaires dans le contexte Covid-19 ». On y lit les diverses règles et renforcements de gestes barrières à mettre en place dès le mois de février dans les établissements scolaires. 

Parmi ces huit pages, un paragraphe d’une dizaine de lignes concerne la restauration scolaire.
La distance entre groupes d’élèves à la cantine devra désormais être portée à deux mètres. Si elle était jusqu’alors encouragée par le Ministère, cette distance devient désormais obligatoire. 

La restauration scolaire doit être privilégiée. Elle peut être organisée dans les lieux habituels. Dans le premier degré, le non brassage entre élèves de classes différentes doit impérativement être respecté. Les élèves d’une même classe déjeunent ensemble en maintenant une distanciation d’au moins deux mètres avec ceux des autres classes. La stabilité des groupes d’élèves déjeunant à une même table est privilégiée.
S’agissant des élèves des collèges et des lycées, lorsque le respect de la distance de deux mètres entre élèves est matériellement impossible, il convient de faire déjeuner les élèves d’un même groupe (classe, groupes de classe ou niveau) ensemble et, dans la mesure du possible, toujours à la même table. Une distance d’au moins deux mètres est respectée entre les groupes. 

La mise en œuvre de la distanciation de deux mètres entre classes dans le premier degré et entre groupes dans le second degré devra être mise en place au plus tard le 8 février 2021. – extrait du guide relatif au fonctionnement des écoles et établissements scolaires dans le contexte Covid-19.

Si en théorie l’idée fonctionne, en pratique, sa mise en place est plus compliquée ! 

Rémi*, un surveillant de collège à Toulouse, témoigne « On avait déjà instauré une distance d’un mètre entre les groupes, tout en faisant entrer les élèves par classe. Ça avait déjà réduit le nombre d’élèves à pouvoir manger en même temps. Pour que ce soit possible, on a allongé les horaires d’ouverture du self de 11h30 à 13h30. Si on double la distance, on va devoir rallonger encore pour que tout le monde ait le temps de manger. » 

Le risque, c’est donc d’empiéter sur les horaires des cours en autorisant le service jusqu’à 14h pour que tous les élèves passent. 

Plus de cantine pour les enfants de demandeurs d’emploi ?  

Dans certains établissements, on demande aux parents de retirer leurs enfants de la cantine s’ils peuvent s’organiser autrement. Dans d’autres écoles de la banlieue toulousaine, on exige aux parents de fournir une attestation de leur employeur pour prouver que les enfants ne peuvent pas être récupérés entre midi et deux. 

Rémi explique « Dans notre établissements, beaucoup de parents travaillent le midi, et beaucoup d’enfants ont la gratuité de la cantine. Si on essaye de réduire le nombre d’élève, alors un grand nombre d’entre eux ne mangera plus du tout. Ce n’est pas envisageable. »

Sur les réseaux sociaux, les parents d’élèves s’indignent, et déplorent un manquement dans l’organisation de l’Éducation nationale. 

Le Ministère réclame également une désinfection régulière des tables, « a minima, après chaque service et, si possible, après chaque repas. »

Ici encore, Rémi appuie les propos nombreux parents d’élèves : « C’est impossible. On désinfecte déjà à chaque service mais il n’y a pas assez d’agents pour nettoyer à chaque fois que quelqu’un se lève. Si le self doit tourner plus vite, c’est encore moins possible. » 

 

* Prénom modifié car le surveillant est soumis au droit de réserve.