Ils n’ont pas pu, ou pas voulu, rejoindre leur famille : à Toulouse, comme ailleurs, de rares étudiants demeurent dans leurs chambres de cité universitaire, où le confinement total commence à peser.

Un lit, un bureau, une plaque de cuisson et parfois une petite salle de bain. Bien que la plupart des résidences CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) et des petits studios aient été désertés à proximité des campus universitaires, certains étudiants n’ont pas le choix : le confinement se fera seul, dans leur chambre étudiante de 9m².

« J’ai pesé le pour et le contre, ça me paraissait mieux de rester là »

Prix du trajet, peur de ne plus pouvoir revenir en cours, famille à l’étranger… Toutes ces raisons ont obligé quelques étudiants à se confiner dans leur appartement universitaire, loin de leur famille. Pour Adrien, étudiant en deuxième année de master de droit à la faculté d’Aix-en-Provence, la question ne s’est pas posée. Gabonais, il n’a pas pu retourner dans son pays. « J’ai une sœur à Lille, j’aurai pu aller chez elle. Mais le trajet coûte cher jusque là-bas. Au moins, dans ma chambre, j’ai tous mes cours, mes livres pour préparer mes examens », explique l’étudiant, qui voudrait passer le concours d’entrée à la préparation au barreau.

À l’inverse, certains ont fait le choix de rester confinés dans leur chambre universitaire pour protéger la santé de leurs parents. « J’avais la possibilité de rentrer chez mon père, mais il a des soucis de santé. J’ai pesé les « pour » et les « contre » et ça me paraissait mieux de rester là », détaille Vanina, étudiante en première année à Sciences Po Bordeaux. Mais la solitude s’avère parfois pesante. « Plus que la taille du logement, c’est d’être seule qui est compliqué. D’habitude on organise de grands repas avec mes voisins de palier. Maintenant, la cuisine collective est déserte, je n’y croise plus personne… »

Pour d’autres, être confiné seul permet aussi de conserver une certaine liberté. Nathan, étudiant en ingénierie à l’université Paul Sabatier a choisi de rester dans sa chambre au Tripode B. « Ça ne me dérange pas d’être seul, j’aime avoir mon autonomie. Quand je vis en collocation, je me sens obligé de vivre en fonction de l’emploi du temps des autres. Ce besoin de liberté était difficilement compatible avec retourner chez mes parents. » Un choix qu’il ne regrette pas.

Mettre à profit le confinement

Alors comment s’occuper dans 9m², quand on ne peut ni sortir, ni voir du monde ? « On fait ce qu’on aime faire de notre temps libre, mais tout le temps », s’exclame en riant Nathan, qui estime avoir « tout ce qu’il me faut » pour passer le temps. Sport, piano, jeux vidéo et préparation à l’après-confinement rythment ses journées. « J’ai décidé d’arrêter les études. Le confinement me permet d’avoir du temps pour chercher du travail et postuler à des offres d’emploi. »

Pour Tanguy, également confiné au Tripode B de la cité universitaire Paul Sabatier, le temps est consacré au travail. En stage, son employeur a décidé de le mettre en télétravail dès le début du confinement. « Je travaille beaucoup, toute la journée », détaille-t-il. Pour cet étudiant en dernière année de Maths et Physique à l’université de Toulouse, ce n’est pas tant le manque d’occupation que la taille du logement qui est difficile à vivre. « Je fais tout dans la même pièce. Dormir là où je travaille, je mange, je me détends… je trouve que c’est très dur. » « L’amende ne me fait pas peur », continue l’étudiant, qui préfère « risquer l’amende que rester là. »

Mettre à profit ce confinement, c’est l’objectif que s’est fixé Vanina. « C’est déjà compliqué de ne pas pouvoir sortir, alors autant faire ce qu’on aime ! » La jeune étudiante a décidé d’approfondir ses connaissances sur des sujets qui l’intéressent et faire ce qu’elle n’avait « jamais eu le temps de faire avant ». Passionnée et engagée pour la cause climatique, elle dévore livres scientifiques, rapports du GIEC et documentaires. « Finalement, ce qui est positif, c’est que sans le confinement, je n’aurais jamais pu faire tout ça », s’enthousiasme-t-elle.

De son côté, Clémence, confinée dans sa chambre de Cité U à Toulouse, profite de ce temps seule pour dépenser son énergie dans le tri et le ménage dans son studio, et se concentrer sur ses activités bénévoles auprès d’une association qui organise des maraudes pour les sans-abris.

Pour tous, le sport et des sorties quotidiennes permettent de supporter la vie dans une si petite surface. Car pas question de compter sur la vie en communauté : dans la résidence universitaire Paul Sabatier, plus des trois-quarts des chambres sont vides.

Pour sa part, le CROUS de Toulouse a lancé lundi 20 avril des ateliers de coaching gratuits sur les thèmes « Rebondir en période de confinement » ou « Confiance en soi en période d’examen ». Une manière de soutenir les étudiants confinés en attendant le 11 mai.