Traitement aléatoire des dossiers, racisme latent, manque d’accessibilité ou encore rendez-vous impossibles à prendre : la Ligue des Droits de l’Homme 31 et diverses associations soulignent le traitement inégalitaire des étrangers à la Préfecture.
Plus d’une cinquantaine de personnes se sont rassemblées sur la Place Saint-Étienne ce mardi 21 mars, pour dénoncer le traitement abusif des dossiers de personnes étrangères par la Préfecture de Toulouse. Durant six mois, des membres de la Ligue des Droits de l’Homme, d’Amnesty International ainsi que des sociologues de l’Université Jean-Jaurès et du CNRS ont recueillis des témoignages à l’entrée et à la sortie de la Préfecture.
Les 444 questionnaires et témoignages ont été regroupés dans un rapport, entièrement accessible au public. Pour Daniel Welzer-Lang, sociologue ayant participé à l’enquête, « il y a un réel mépris de la part des agents de guichets. » Pour les bénévoles des diverses associations présentes, comme Amnesty ou Réseau Education Sans Frontières, la Préfecture ne respecte pas le label Qualipref 2.0, pourtant attribué au service public toulousain :
« Il n’y a pas d’accès aux personnes à mobilité réduite, les gens attendent parfois plus de trois heures sans endroit où s’asseoir ou s’abriter ! Des rendez-vous sont donnés pour l’année suivante , on demande de briser le secret médical ou de fournir des pièces justificatives qui n’ont pas lieu d’être… De plus, l’utilisation d’internet marginalise les plus défavorisés, au-delà d’un manque de traduction.»
Selon le rapport de la LDH 31, 67% des personnes interrogées ont peur de devoir revenir pour une pièce manquante et 38,5% ont peur de la façon dont on va leur parler.
À la Préfecture, on fait la sourde oreille
Malgré l’interpellation des services administratifs par les associations, la réponse de la Préfecture ne s’est faite que par communiqués de presse. « Ils ont critiqué notre méthode, la qualifiant de non-scientifique » explique Daniel Welzer-Lang.
Associations et sociologues ont néanmoins réussi à obtenir un rendez-vous avec la préfecture. Cependant, selon les bénévoles et les accompagnants, le changement semble complexe : « Nous demandons une amélioration de la formation des agents, mais nous savons que cette décision ne peut venir que d’en haut. »
>> Le rapport accessible ici