Danseur étoile, chorégraphe et directeur de la danse au Théâtre du Capitole depuis 2012, Kader Belarbi propose bientôt son nouveau ballet, Don Quichotte. Rencontre avec un artiste à l’appétit toujours renouvelé pour les aventures dansées.
Univers-Cités : Parlez-nous du Ballet du Capitole, de son répertoire et sa programmation.
Kader Belarbi : Le Ballet du Capitole est ce que j’appelle un « baby ballet » par rapport à des compagnies qui ont jusqu’à 150 danseurs. À Toulouse, nous avons 35 danseurs, de 14 nationalités différentes. Je mélange les écoles russe, française, italienne, américaine, pour les faire converger. Et je laisse une grande place aux danseurs. Je fais des propositions, mais ce sont eux qui décident du répertoire et de la programmation.
U.-C. : Quel est selon vous le rôle d’une telle institution ?
K.B. : Je pense qu’il faut souvent proposer des choses accessibles au public, mais aussi parfois plus surprenantes. C’est l’enjeu de la culture. Ce que je souhaite, c’est un ballet vivant d’aujourd’hui. J’ai déjà rajeuni le public, changé les abonnements, et je vais continuer ce travail de reconnaissance et de fidélisation pour le ballet. Avec l’envie d’intégrer progressivement des chorégraphes plus inattendus.
U.-C. : Comment se porte le ballet, aujourd’hui en France ?
K.B. : Je pense que le ballet est en péril depuis une dizaine d’années. Il souffre d’une mauvaise image et de polémiques, beaucoup de gens disent que la danse est un art bourgeois. Il faut en finir avec ces préjugés de velours et de dorures, changer cette image. On n’est plus au XIXème siècle, le ballet a beaucoup évolué. Et puis il y a un problème de formation, notamment dans notre pays. Il est difficile de trouver de très bons danseurs français.
U.-C. : Et le Ballet de Toulouse ?
K.B. : Le côté positif du Ballet du Capitole est qu’il est très soutenu par la ville. La direction approuve l’agitation que je suis en train de développer. Mais le problème, c’est que la plupart des Toulousains n’ont jamais mis les pieds à l’intérieur du Théâtre du Capitole. Beaucoup ne savent même pas qu’il existe, alors qu’il fait partie de l’identité de la ville. Si je devais comparer avec l’Opéra de Paris, le Ballet du Capitole c’est cinq fois moins de tout ! Cinq fois moins de danseurs, de moyens, de communication … Alors que c’est essentiel d’avoir un grand ballet, cela fait partie de notre patrimoine.
PORTRAIT : Kader Belarbi
Kader Belarbi entre à l’Opéra de Paris en 1980. Neuf ans plus tard, il est nommé étoile dans La Belle au bois dormant de Rudolf Noureev. En 2008, il fait ses adieux à l’Opéra et devient, quatre ans plus tard, directeur de la danse au Ballet du Capitole. « Comme danseur, je suis un artiste contemporain dans un corps académique. Comme chorégraphe, je me vois comme un peintre qui entre dans la peinture 3D qu’est le ballet pour composer mon tableau ».
Propos recueillis par Laurie Correia et June Raclet